jeu. Oct 9th, 2025

Par Nomura,

« La folie, c’est de faire toujours la même chose et d’attendre des résultats différents. »

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a démissionné moins de quatre semaines après sa prise de fonction. Cependant, le président Macron lui a demandé de mener des discussions de la dernière chance afin de tenter de trouver une issue à la crise politique du pays.

  • Nous estimons qu’un nouveau Premier ministre qui viserait une consolidation budgétaire sensiblement moins stricte offrirait l’issue la plus stable.

  • Toutefois, 62 % des répondants à une enquête de Nomura s’attendent à ce que Macron annonce plutôt de nouvelles élections législatives. Nous ne pensons pas que de nouvelles élections modifieraient de manière significative la composition de l’Assemblée nationale.

Un de plus qui tombe
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a démissionné moins de quatre semaines après sa nomination. Il avait été nommé le 9 septembre, à la suite de la démission de Bayrou après avoir perdu un vote de confiance. Lecornu est le troisième Premier ministre à échouer depuis les élections anticipées de juin et juillet 2024.

Fig. 1 : Bayrou et Lecornu ont recherché un resserrement budgétaire significatif

Fig. 2 : L’Assemblée nationale est fortement fragmentée

Cependant, comme nous l’avions écrit précédemment, nous pensions que Lecornu n’aurait pas été en mesure de faire adopter un budget permettant une réduction du déficit équivalente à 0,9 % du PIB, objectif qu’il avait déclaré vouloir atteindre le 26 septembre (voir Figure 1). En ce sens, la chute de Lecornu était inévitable.

Les indicateurs budgétaires alarmants de la France (déficits compris entre 5 et 6 % du PIB et un ratio dette/PIB en forte hausse) signifient qu’un resserrement budgétaire est nécessaire, chose que les gouvernements successifs de courte durée n’ont pas réussi à mettre en œuvre dans un environnement politique fragmenté (voir Figure 2).

Fitch a abaissé la note de crédit de la France le 12 septembre, et d’autres agences risquent de dégrader les perspectives si le gouvernement peine à faire adopter le budget 2026. La combinaison, en France, de déficits primaires et de rendements supérieurs à la croissance économique constitue un problème sérieux pour la soutenabilité budgétaire.

Après avoir accepté la démission de Lecornu, le président Macron lui a demandé de mener des discussions de la dernière chance afin de vérifier s’il existait une possibilité de bâtir un consensus pour adopter le budget 2026. Macron a déclaré qu’il « prendrait ses responsabilités » si ces discussions échouaient (source : Le Monde).

La quatrième sera-t-elle la bonne ?


Le président Macron pourrait chercher à remplacer Lecornu par un nouveau Premier ministre. Ce serait le quatrième depuis les élections anticipées de l’an dernier.

Nous estimons qu’un nouveau Premier ministre qui viserait une consolidation budgétaire sensiblement moins stricte offrirait l’issue politiquement la plus stable. En outre, réduire le déficit 2026, par exemple de moitié par rapport à ce qu’avaient tenté Bayrou et Lecornu (c’est-à-dire viser un déficit autour de 5,2 %), aboutirait malgré tout à une meilleure position budgétaire que de n’opérer aucune consolidation et de reconduire le budget 2025.

Déjà vu, deuxième prise : de nouvelles élections pourraient aggraver l’impasse

Nous avons lancé une enquête auprès des investisseurs : seulement 39 % des répondants estiment que Macron annoncera un nouveau Premier ministre

En revanche, 62 % des répondants à notre enquête s’attendent à ce que Macron annonce plutôt de nouvelles élections législatives. Parmi ceux qui anticipent ces élections anticipées, 58 % pensent que l’écart OAT-Bund à 10 ans s’élargira de 0 à 10 points de base en réaction, et 24 % estiment qu’il pourrait s’élargir de plus de 10 points de base. Le reste pense que l’écart OAT-Bund à 10 ans se resserrera en réaction.

Nous restons sceptiques quant à l’idée que de nouvelles élections législatives modifieraient de manière significative la composition de l’Assemblée nationale, compte tenu des intentions de vote actuelles . Nous pensons au contraire que de nouvelles élections seraient plus négatives pour les OAT qu’une nomination d’un Premier ministre visant une consolidation budgétaire sensiblement moins stricte. À la marge, des élections anticipées renforceraient probablement la représentation des partis populistes – La France Insoumise et le Rassemblement national – au détriment des partis traditionnels de gouvernement.

Rappelons que le système électoral français est complexe et se déroule en deux tours. Au premier tour, si un candidat obtient plus de 50 % des suffrages exprimés et au moins 25 % des inscrits, il est élu. Si aucun candidat n’est élu au premier tour, un second tour est organisé une à deux semaines plus tard. Pour les élections à l’Assemblée nationale, les deux premiers candidats du premier tour ainsi que tous ceux qui ont obtenu plus de 12,5 % des voix (en proportion des inscrits) accèdent au second tour. Le candidat qui obtient le plus de voix au second tour est élu. Ce système, plus complexe qu’un scrutin à un seul tour, rend plus difficile la prévision des résultats.

Si Macron dissout l’Assemblée nationale pour organiser de nouvelles élections, celles-ci devraient se tenir entre 20 et 40 jours après la dissolution. Le scrutin a lieu un dimanche, et le second tour se tient sept jours après le premier.

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