La mission lunaire de l’Inde, Chandrayaan-3, a écrit l’histoire en réussissant à se poser avec succès à la surface de la Lune à 18h04 le 23 août. Avec le Lander accomplissant un “atterrissage en douceur” sur le pôle sud de la Lune, l’Inde devient le seul pays à réaliser cette prouesse. Un rover, qui est un petit véhicule conçu pour se déplacer à la surface de la Lune, est ensuite sorti du Lander.
Chandrayaan-3 a décollé pour la Lune le 14 juillet
Selon l’ISRO, la mission doit permettre un atterrissage sûr et en douceur à la surface de la Lune avec un rover se déplaçant à la surface de la Lune et y menant des expériences scientifiques.
Un atterrissage en douceur signifie simplement atterrir à une vitesse contrôlée et douce pour ne pas endommager l’engin spatial. Réalisé avec succès, cela met en valeur les capacités techniques de l’engin spatial. Le site d’atterrissage se trouve près du pôle Sud de la Lune, à une latitude de 70 degrés.
Jusqu’à présent, tous les engins spatiaux précédents ayant atterri sur la Lune l’ont fait dans la région près de l’équateur lunaire pour des raisons de facilité et de sureté. Le terrain et la température y sont plus favorables pour une opération prolongée des instruments avec une lumière du soleil beaucoup plus présente et un apport d’énergie régulier.
Les régions polaires de la Lune, en revanche, sont différentes. De nombreuses parties se trouvent dans une zone complètement sombre sans lumière solaire, et les températures peuvent descendre en dessous de -230 degrés Celsius. Cela crée des difficultés dans le fonctionnement des instruments. De plus, il y a de grands cratères partout dans cette région.
En conséquence, les régions polaires de la Lune sont restées inexplorées. Les températures extrêmement froides pourraient signifier que tout ce qui serait piégé dans cette région resterait figé dans le temps, sans subir de grands changements. Les roches et le sol des pôles nord et sud de la Lune pourraient donc fournir des indices sur les débuts du système solaire.
Une mission basée sur un échec
Chandrayaan-2, la précédente tentative, avait également prévu d’atterrir dans cette région en 2019, mais il n’a pas réussi à effectuer un atterrissage en douceur et a perdu le contact après avoir touché la surface.
Des analyses ultérieures ont révélé qu’il y avait à la fois des problèmes logiciels et matériels lors de la mission Chandrayaan-2 en 2019.
Les changements apportés à la mission actuelle étaient basés sur les échecs passés. La mission Chandrayaan-3 se nourrit grandement de l’échec subit par Chandrayaan-2. L’ISRO a minutieusement examiné tout ce qui peut mal se passer et comment y faire face. La mission Chandrayaan-2 lancée en 2019 a en effet perdu le contrôle de sa descente à environ 7,2 km de la surface de la Lune.
La zone d’atterrissage a été élargie pour cette mission. Au lieu de tenter d’atteindre une zone spécifique de 500 mètres sur 500 mètres pour l’atterrissage, comme le visait Chandrayaan-2, la mission actuelle a reçu pour instruction d’atterrir en toute sécurité n’importe où dans une zone de 4 km sur 2,4 km.
Les enseignements ont été tirés pour Chandrayaan-3 dont les pieds du Lander, qui n’a pas de roues mais des pieds, ont été renforcés pour garantir qu’il puisse atterrir et se stabiliser même à une vitesse de 3 m/s.
Les six charges utiles sur le module d’atterrissage Vikram et le rover Pragyan restent les mêmes que lors de la mission précédente. Quatre des charges utiles du module d’atterrissage permettront d’étudier les propriétés thermiques de la surface lunaire, les séismes lunaires, les changements dans le plasma près de la surface.
Il y a deux charges utiles sur le rover, conçues pour étudier la composition chimique et minérale de la surface lunaire et pour déterminer la composition des éléments tels que le magnésium, l’aluminium et le fer dans le sol et les roches lunaires.
Le détail de la manœuvre
Il comprend quatre phases :
La première phase de freinage brut comprend la réduction de la vitesse horizontale du module d’atterrissage dans une plage de 1,68 km/sec (plus de 6 000 km/h) à une altitude de 30 km de la surface lunaire, jusqu’à presque zéro pour un atterrissage en douceur sur le site désigné.
La seconde phase se fait une altitude de 7,42 km de la surface, le module d’atterrissage doit entrer dans une “phase de maintien de l’attitude” d’environ 10 secondes, pendant laquelle il doit basculer d’une position horizontale à une position verticale tout en parcourant une distance de 3,48 km.
La troisième “phase de freinage fine” dure environ 175 secondes, pendant laquelle le module d’atterrissage doit passer complètement en position verticale. Il doit parcourir les derniers 28,52 km jusqu’au site d’atterrissage, descendra à une altitude de 800-1 000 m, et atteindra une vitesse nominale de 0 m/sec.
La “descente terminale” est la dernière étape, lorsque le vaisseau spatial est censé descendre verticalement sur la surface.
L’ISRO, ou Indian Space Research Organisation, l’agence spatiale nationale de l’Inde
Elle est chargée de la planification et de la mise en œuvre des programmes spatiaux de l’Inde, notamment le développement de satellites, de lanceurs spatiaux et de missions spatiales. L’ISRO est reconnue pour ses réalisations dans le domaine spatial, notamment la réussite de missions lunaires et martiennes, ainsi que pour son engagement en faveur de la recherche scientifique et de l’exploration spatiale.
Voici quelques accomplissements importants du programme spatial indien:
– Succès des missions lunaires : la mission Chandrayaan-1 lancée en 2008 a permis de découvrir la présence d’eau sur la Lune, ce qui a eu un impact significatif sur notre compréhension de notre satellite naturel.
– Mission Mars Orbiter (Mangalyaan) : En 2013, l’Inde a réussi à envoyer la mission Mars Orbiter (Mangalyaan) vers Mars. Cette mission a été un succès majeur, faisant de l’Inde la quatrième nation au monde à atteindre Mars, après les États-Unis, la Russie et l’Europe. De plus, elle a été réalisée à un coût relativement bas, ce qui a renforcé la réputation de l’Inde en tant que nation capable d’effectuer des missions spatiales de manière rentable.
– Système de navigation régionale : L’Inde a développé son propre système de navigation régionale appelé le Regional Navigation Satellite System (IRNSS), qui est devenu opérationnel sous le nom de NavIC (Navigation with Indian Constellation). NavIC est conçu pour fournir une précision de positionnement améliorée sur le sous-continent indien et dans la région environnante.
– Partenariats internationaux : L’ISRO a établi des partenariats avec diverses agences spatiales internationales, notamment la NASA, l’ESA (Agence spatiale européenne) et d’autres. Ces collaborations ont permis à l’Inde de bénéficier de l’expertise mondiale et de participer à des missions spatiales conjointes.
– Satellites de communication et d’observation de la Terre : L’Inde a développé une série de satellites de communication et d’observation de la Terre qui sont utilisés à la fois pour des applications civiles et militaires. Ces satellites jouent un rôle crucial dans la communication, la surveillance et la gestion des ressources naturelles.
Par Navidh Mansoor