ven. Mar 29th, 2024

Alors que la normalisation monétaire se poursuivait normalement de part et d’autre de l’Atlantique, le choc bancaire qui a fortement impacté les marchés financiers pourrait changer la donne.

 

Et cela commence avec quelques petites phrases, notamment du côté de la BCE par la voix de Christine Lagarde. Elle a déclaré lundi que « les tensions financières pourraient atténuer la demande et faire une partie du travail qui, autrement, aurait été réalisé par la politique monétaire ». Ajoutant que « sans ces tensions, nous aurions indiqué que d’autres hausses de taux étaient nécessaires ».

 

La présidente de la BCE fait donc implicitement référence au durcissement des conditions financières induites par le stress bancaire, un durcissement qui vient donc s’ajouter à celui généré par les hausses de taux successives et les ajustements à la baisse du bilan. 

 

Christine Lagarde qui a également ajouté ce matin que « des conditions de crédit plus restrictives font partie du mécanisme par lequel nous ramènerons l’inflation vers la cible mais nous devons nous assurer que ce processus soit ordonné ». Là encore, faisant implicitement référence au stress bancaire intense de ces 10 derniers jours.

 

Ce constat prévaut également pour la situation américaine, l’indice national des conditions financières aux Etats-Unis, s’est fortement dégradé ces derniers jours pour revenir sur les niveaux de 2022 (lorsque la Fed relevait encore ses taux de 75 points de base d’un coup), alors qu’il s’était détendu en janvier et février.

 

La situation semble assez claire à ce stade : le choc de confiance induit par le stress bancaire devrait « accomplir » lui-même une partie du travail jusqu’ici réalisé par les banques centrales, en durcissant notamment les conditions d’accès au crédit. Ce qui devrait impacter la demande et donc faire baisser mécaniquement la pression sur les prix.

 

Sous oublier que des effets de base vont favoriser le repli de l’inflation au T2, notamment des effets liés aux matières premières et à l’énergie car c’est au cours de cette même période l’année dernière que les prix moyens des «commodities » ont culminé.

 

Le risque de récession aux Etats-Unis au deuxième semestre s’est accru après le stress bancaire et la Réserve Fédérale va forcément en tenir compte dans son pilotage de politique monétaire.

 

Même si cela ne sera pas forcément dit explicitement par le président de la Reserve Fédérale, nous pourrions dès ce soir arriver au taux terminal de la Fed. Les marchés anticipent une hausse de taux de 25 points de base et, après la lourde rechute des taux américains ces derniers jours (notamment le taux 2 ans qui est excellent marqueur d’anticipation par rapport aux taux de la Fed), l’hypothèse d’une position plus agressive semble complètement exclue.

 

Le match se jouera ce soir entre un statu quo et une hausse de 25 points, et l’hypothèse statu quo n’est pas à exclure totalement. L’inertie des effets des hausses de taux déjà « embarquées », le durcissement des conditions financières post choc bancaire, le repli de l’inflation globale à 6% en février (alors que la fourchette de taux principal de la Fed se rapproche de 5%) pourraient très bien pousser la Fed à ne rien faire ce soir. Sachant également que si le taux terminal était déjà atteint (fourchette actuelle 4.50%-4.75%), il resterait toujours le pilotage du bilan comme instrument de normalisation de la politique monétaire.

 

 

 

 

Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France

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