ven. Avr 19th, 2024

La Fed semble toujours prête à continuer à relever ses taux, d’après ce que nous avons vu dans les minutes. Toutefois, les marchés pourraient ne pas être influencés par ces propos. Au contraire, les investisseurs pourraient voir dans la dissonance entre les responsables de la Fed un signe que la fin des hausses de taux est proche. Tout dépendra de l’évolution de l’inflation dans les mois à venir.

N’oublions pas que l’inflation est encore loin d’être maîtrisée, ce qui pourrait obliger la Fed à maintenir des taux élevés jusqu’à ce que des signes de récession commencent à apparaître. La baisse des taux pourrait être plus éloignée de l’horizon que certains ne le pensent.

La Fed est aussi clairement préoccupée par le drame du plafond de la dette, même si cette question n’est pas de son ressort. Cela signifie que la Fed surveille l’impact économique de la situation, au cas où elle devrait modifier sa politique en conséquence. À ce stade, les dépenses publiques qui pourraient résulter d’un accord pourraient jouer en faveur de la Fed en pesant sur la croissance et en étouffant l’inflation. Il est réconfortant de savoir que les responsables de la Fed ont cette question à l’esprit.

Les minutes de la réunion montrent la même chose. L’économie ralentit, mais l’inflation n’est pas maîtrisée. Restez investis dans des risques de qualité, mais préparez-vous aussi à affronter les tempêtes qui s’annoncent.

 

Un accord pour relever le plafond de la dette de 31 400 milliards de dollars

 

Le “compte courant” du gouvernement américain approche des niveaux critiques. Un accord pour relever le plafond de la dette de 31 400 milliards de dollars doit être trouvé rapidement. Cet accord sera finalement conclu, mais pas sans quatre coûts pour l’économie et les marchés américains. À court terme, l’inquiétude des marchés de la dette, une éventuelle priorisation des paiements qui affecterait les dépenses de consommation. À plus long terme, les réductions de dépenses deviennent un frein significatif au PIB, et l’émission d’obligations de rattrapage resserre les liquidités. Tout cela est négatif et auto-infligé. Les investisseurs en actions se complaisent dans cette situation et nous voyons le risque d’une volatilité accrue. Mais en fin de compte, les moteurs positifs que sont la baisse de l’inflation et l’accélération des baisses de taux d’intérêt stimulent le marché des actions lourdes de longue durée par rapport aux valeurs cycliques de l’économie réelle.

Les rendements des bons du Trésor à un mois ont atteint le niveau record de 5,7 %. Les swaps de défaut de crédit (CDS) à un an ont été multipliés par 10 depuis le début de l’année. Tout cela contribue à répandre l’incertitude et à resserrer les conditions sur le socle des plus grands marchés obligataires du monde. Si les négociations se prolongent au-delà de la “date X”, il semble que les autorités donneront la priorité aux remboursements de la dette plutôt qu’aux salaires des fonctionnaires et aux paiements de la sécurité sociale. Cela pèsera sur la croissance de la consommation.

Un accord prévoira des réductions de dépenses, axées sur les dépenses discrétionnaires qui représentent environ 23 % du budget. Les dépenses militaires en représentent la moitié, le reste étant constitué par les dépenses de santé, d’éducation et les prestations aux anciens combattants. La loi sur le contrôle budgétaire de 2011, qui a mis fin à l’impasse précédente sur la dette, prévoyait des réductions de 900 milliards de dollars sur une décennie, faisant du gouvernement un frein au PIB pour les quatre années suivantes. Une mesure équivalente aujourd’hui pourrait réduire d’environ 0,50 % la croissance du PIB de seulement 0,8 % prévue pour l’année prochaine. En outre, un relèvement du plafond de la dette pourrait déclencher l’émission d’obligations à hauteur de 1 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’exercice budgétaire du gouvernement, en septembre. Cela aurait pour effet d’aspirer les liquidités et d’évincer les autres investissements, inversant ainsi les tendances qui ont contribué à soutenir les marchés ces derniers mois.

Ben Laidler, Global Market Strategist chez eToro

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