jeu. Avr 25th, 2024

A l’heure où beaucoup d’économistes s’interrogent encore sur la possibilité d’une récession mondiale nous constatons que la croissance américaine ne rompt pas et pourrait même repartir à la hausse. La Chine post covid est également en expansion et devrait conserver une tendance favorable malgré ses fragilités. La croissance mondiale des prochains trimestres bénéficiera ainsi de ces deux moteurs alors que l’Europe est actuellement dans une situation moins favorable.

En dépit des hausses de taux massives décidées par la Réserve Fédérale depuis un an, la croissance américaine demeure résiliente et pourrait même retrouver du tonus dans les prochains mois. Le PIB du premier trimestre 2023 a été revu à la hausse à + 1,3%. Il est certes en décélération par rapport aux 2,6% du quatrième trimestre 2022 mais il demeure en territoire positif. Hors effet stocks il s’établit même à + 3,4% ! 

La politique monétaire restrictive menée par la Banque Centrale américaine n’a pas eu l’effet escompté sur l’économie. La consommation des ménages reste à des hauts niveaux et bénéficie toujours de la réserve d’épargne accumulée pendant la crise sanitaire du covid. La production manufacturière est également solide avec une progression de 1% en avril et des révisions à la hausse pour les mois précédents. L’emploi est toujours aussi vigoureux à la grande surprise de la Réserve Fédérale qui espérait le freiner pour entraîner une modération des salaires. Seul le secteur de la construction est encore à la peine, mais au moins a-t-il cessé de se dégrader

Face à ces nouvelles plus favorables que prévu la Réserve Fédérale hésite. L’inflation, bien que clairement en décélération, n’est pas encore vaincue. Elle demeure nettement supérieure aux objectifs affichés. Faut-il alors profiter de la croissance pour remonter une nouvelle fois les taux alors que le principe d’une pause semblait avoir été entériné ? Ou faut-il attendre désormais que le choc de taux des douze derniers mois produise ses effets ? Les débats promettent d’être soutenus au sein de la Banque Centrale entre les colombes et les faucons, avec en mémoire la récente crise des banques régionales américaines qui a illustré les effets collatéraux possibles d’une politique trop dure.

En Chine la problématique est différente. Loin de vouloir freiner la croissance pour contrôler l’inflation, les autorités monétaires et budgétaires souhaitent au contraire doper davantage l’activité. La Chine post covid connait une reprise économique incontestable, mais elle est très concentrée sur les services, beaucoup moins sur l’industrie qui est pénalisée par une faible demande domestique et étrangère. La Banque Centrale Chinoise pourrait donc baisser à nouveau son taux directeur et le gouvernement procéder à une relance budgétaire. Les autorités chinoises resteront vigilantes pour assurer une croissance solide dans les mois qui viennent.

Face à ces deux moteurs plus puissants que prévu l’Europe semble marquer le pas. L’activité économique est atone et l’Allemagne vient de connaitre deux trimestres consécutifs de croissance négative. L’inflation pèse sur le moral des ménages et des industriels. Toutefois, on constate une décélération sensible de la hausse des prix, en particulier en mai. Cela devrait inciter la Banque Centrale Européenne à stopper son action restrictive, même si une hausse de taux supplémentaire parait très probable. L’Europe devrait éviter une chute brutale d’activité et pourrait repartir progressivement après cette période de stagnation.

Nous restons donc partisans du scénario d’une croissance mondiale résiliente à un niveau modéré et d’une inflation en progressive décélération dans les mois qui viennent, même si l’objectif des 2% nous parait difficile à atteindre.

Ce scénario nous incite à ne pas bouger nos allocations à ce stade. Nous restons légèrement sous pondérés en actions dans nos gestions prudentes et équilibrées et sommes dans une pondération plus neutre dans nos gestions dynamiques.

Par AMPLEGEST

 

Les États-Unis dans l’attente d’une récession

Une fois de plus, les États-Unis ne devront probablement pas faire face à un défaut de paiement de la dette grâce à un accord conclu en dernière minute. Mais au-delà de cette saga récurrente, quelle est la situation économique actuelle du pays ? Chez iBanFirst, nous sommes convaincus qu’une récession se profile, bien que son timing reste incertain. 

Nous pensons que les États-Unis entreront en récession au cours de la seconde moitié de l’année, voire du troisième trimestre. Si deux nombreux indicateurs sont déjà présents, qu’est-ce qui en retarde l’arrivée ? 

Nous identifions quatre principaux facteurs : 

  1. Les ménages disposent encore d’un excédent d’épargne lié à la crise sanitaire. 
  2. La transition démographique associée à une immigration plus restreinte et à une pénurie de main d’œuvre causée par le Covid a entrainé une augmentation des salaires et incité les entreprises à retenir leur main d’œuvre. 
  3. L’effacement de la dette étudiante n’est toujours pas entré en vigueur. 
  4. Les ménages et entreprises ont pu se rétablir financièrement après la crise économique de 2008. 

Si une profonde récession semble inévitable, elle ne se produira pas immédiatement. Nous prévoyons un scénario en trois étapes. 

  • Première étape : une légère récession avec un faible impact sur les marchés. 
  • Deuxième étape : une reprise assez rapide en raison des projections suivantes :
    • Les échanges internationaux ralentiront mais la Chine et les États-Unis se lanceront dans une frénésie de dépenses stratégiques. 
    • Nous observerons la même frénésie de dépenses publiques dans de nombreuses industries comme les semi-conducteurs, l’IA, les secteurs verts et énergétiques. 
    • La reconstruction de l’Ukraine favorisera également une reprise économique. 
    • Enfin, de nombreuses entreprises réduiront leurs prix en raison de la demande en baisse, ce qui entraînera une diminution des marges élevées et une reprise de la croissance. 
  • Troisième étape : une profonde récession causée par l’inflation générale et les prix élevés de l’énergie. Quand surviendra-t-elle ? Le timing reste incertain. 

Point sur la Fed 

Nous pensons que la Fed devrait faire une pause en juin, comme l’a indiqué Jerome Powell. Si les données économiques intérimaires sont plutôt solides, la Fed augmentera les taux, ce que d’autres institutions ont également déclaré vouloir faire. Le rythme à court terme est plus incertain que d’habitude, ce qui devrait induire une plus grande volatilité des taux de change. Il faut garder à l’esprit que la Fed sait parfaitement qu’il n’est pas facile de relever les taux pendant une année d’élection présidentielle et de hausse du chômage (2024). 

Par William Gerlach, Directeur régional France et Royaume-Uni. 

 

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