jeu. Juin 19th, 2025

Alors que le gouvernement prépare une réforme majeure du dispositif des titres-restaurant que la Ministre Véronique Louwagie devrait annoncer d’ici la fin du mois, cinq nouveaux acteurs du secteur lancent le Collectif pour le Rééquilibrage des Commissions Titre-restaurant (CoReCT). Leur objectif : mettre fin aux pratiques opaques et aux déséquilibres d’un marché de 10 milliards d’euros dominé à plus de 95 % par quatre acteurs historiques – une situation qualifiée d’oligopole par l’Autorité de la concurrence[1].

Un système à bout de souffle, aux dépens des commerçants et de l’économie locale

En cause : trois dérives structurelles entretenues par les opérateurs historiques qui empêchent l’apparition d’une saine concurrence :

 

● Des commissions devenues insupportables :

En moyenne, les restaurateurs reversent aux émetteurs 4,5 % du montant des titres-restaurant qu’ils encaissent. 86 % d’entre eux jugent ce niveau inacceptable, selon une étude Lucca / Augmented Talent et 31 % ont déjà refusé certains titres[2], mettant en péril un dispositif pourtant plébiscité par les Français.

 

« Sur un chiffre d’affaires annuel de 50 000 € en titres-restaurant, un restaurant peut perdre jusqu’à 2 250 € par an en commissions – une somme considérable pour un commerce de proximité où les marges sont très contraintes », explique Gilles Satgé, porte-parole du collectif et dirigeant de Lucca.

 

● Des rétro-commissions qui faussent le jeu de la concurrence :

Les entreprises clientes sont souvent incitées à choisir les opérateurs historiques via des

rétro-commissions, financées indirectement… par les restaurateurs et les salariés. Ce système détourne l’objet social du titre-restaurant et bloque l’arrivée d’acteurs plus vertueux.

 

● Une opacité tarifaire assumée :

Complexité des grilles, frais annexes, conditions cachées… Le manque de transparence empêche les commerçants de comparer les offres de manière éclairée, d’autant que certains acteurs pratiquent un double commissionnement caché (frais de carte de paiement + commission d’apport d’affaires). L’Autorité de la concurrence elle-même recommande une clarification obligatoire des tarifs[3].

Le modèle bancaire ouvert : une solution moderne, équitable et prête à l’emploi

Le collectif CoReCT milite pour une réforme ambitieuse, qui ne se limite pas à la dématérialisation des titres-restaurant (prévue fin 2026), mais qui permet l’essor d’un modèle ouvert, assis sur les standards bancaires Visa, Mastercard et CB. Ce système, déjà en place chez les nouveaux émetteurs, supprime les commissions injustifiées : les restaurateurs ne paient que la commission bancaire, sans surcoût caché.

 

« Ce modèle respecte les règles de la concurrence et permettrait de réinjecter près de 300 millions d’euros dans l’économie locale », ajoute Gilles Satgé.

Trois propositions concrètes pour un marché plus juste et concurrentiel

Pour permettre l’émergence d’une libre concurrence, CoReCT appelle le gouvernement à intégrer dans la réforme trois évolutions indispensables :

 

1. Interdire les doubles commissions (bilatérales + frais de carte de paiement)

Aujourd’hui, certains opérateurs cumulent commissions directes et frais bancaires de carte de paiement. Cette double peine doit cesser.

 

2. Interdire les rétro-commissions versées aux employeurs

Pratique opaque, anti-concurrentielle et préjudiciable aux restaurateurs, les rétro-commissions doivent être bannies du marché.

 

3. Rendre obligatoire la transparence tarifaire auprès des commerçants

Tous les frais (commission d’acceptation, de carte de paiement, frais annexes) doivent être affichés clairement et en amont, avec un taux effectif global présenté par chaque émetteur lors de la demande d’agrément du commerçant auprès de la CNTR (Commission Nationale des Titres-Restaurant).

Un appel à l’action pour préserver l’intérêt général

« Le titre-restaurant est un outil social précieux. Il est temps d’en finir avec un système qui enrichit,quelques-uns au détriment de tous les autres. Le modèle bancaire ouvert est prêt. Il ne tient qu’au gouvernement de le rendre accessible à tous », conclut Gilles Satgé.

 

À propos de CoReCT – Collectif pour le Rééquilibrage des Commissions Titre-restaurant

Créé en 2025, le collectif réunit cinq acteurs alternatifs du secteur (Worklife, Lucca, Contakt, Coup de pousse, Ekip) engagés pour un modèle plus juste, transparent et concurrentiel des

titres-restaurant. Ensemble, ils défendent une réforme ambitieuse au service des restaurateurs, commerçants, et des salariés.

 

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