lun. Mar 10th, 2025

Commentaire d’Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse de marchés chez eToro

Ce début d’année 2025 déjoue tous les pronostics, avec des indices européens qui surperforment les indices de Wall Street. Ce mois de février qui s’achève a confirmé la tendance entrevue en janvier avec un Stoxx 600 Europe en progression de +4.81% contre un S&P 500 en recul de -1.87%. Le Cac 40 n’est pas en reste avec une hausse de 2.03% en février, venant s’ajouter aux performances positives de janvier (+7,72 %).

La défense : moteur de la performance en Europe

En Europe, les marchés sont dynamisés par le plan européen de soutien à l’Ukraine, entraînant une forte hausse des actions de défense. L’inquiétude face à un possible retrait américain s’intensifie, poussant l’Europe à prendre davantage de responsabilités. Lors d’un sommet spécial de l’UE à Bruxelles, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré qu’il était “urgent de réarmer l’Europe” et qu’elle présenterait un plan global dans cet objectif bien précis.

Le secteur de l’armement européen devient ainsi un secteur très porteur pour les investisseurs. Les trois valeurs françaises les plus exposées à cette thématique, Dassault AviationThalès et Exosens s’envolent respectivement de +44 %, +63 % et +60 % depuis le début de l’année.

Le secteur bancaire renoue avec le succès

Autre secteur qui surperforme en Bourse depuis le début de l’année en Europe et plus particulièrement en France; le secteur bancaire grâce à plusieurs facteurs clé. Tout d’abord la reprise des activités de banque d’investissement et de détail a permis aux banques françaises de réhausser leur résultats. Par ailleurs, l’amélioration des ratios financiers ainsi que les stratégies de réductions de coûts ont contribué à la très bonne performance boursière des banques françaises.

Le luxe semble sortir de l’ornière

Après trois années difficiles, le secteur du luxe se redresse grâce à la reprise en Chine et à la capacité d’augmenter les prix sans affecter la demande (Pricing Power). Hermès continue d’impressionner avec, encore et toujours, une croissance à deux chiffres de ses ventes, l’action progressant de +17.8 %. Kering progresse de +12.8 % en Bourse depuis le début de l’année et ce malgré une chute de 62 % de son bénéfice net en 2024. Cette hausse de l’action accrédite la thèse d’une reprise dans l’ensemble du secteur et d’une conviction du marché au redressement de l’entreprise dirigée par François-Henri Pinault.

Il y a toutefois quelques déceptions…

Du côté des déceptions, aucun secteur ne se démarque réellement. Carrefour ferme la marche en repli de -8.6 % dans le sillage de la grande distribution aux Etats-Unis qui souffre en raison de perspectives de 2025 très prudentes. Le leader français des services numériques CapGemini se replie de -6.3 % depuis le début d’année dans un environnement de plus en plus incertain. Stellantis perd -2 %, la publication d’une perte nette au second semestre n’ayant pas aidé un titre qui avait chuté de -40 % en 2024.

Tout comme il y a quatre ans, les marchés font face aux récentes annonces de Donald Trump. Ses annonces, souvent clivantes, provoquent encore plus de volatilité. Dans ces conditions, l’attractivité des actions européennes croît par rapport à celle des actions américaines en ce début d’année.

Les actions européennes peuvent-elles maintenir leur rallye ?

Commentaire de Lale Akoner, analyste de marchés chez eToro


Le marché boursier européen a connu une forte progression, même si les récentes discussions sur les tarifs douaniers ont entraîné une baisse dans certains marchés mondiaux. À mesure que l’incertitude politique augmente, les segments les plus spéculatifs du marché (actifs à forte croissance mais coûteux) sont souvent les premiers à corriger, ce qui souligne l’importance de diversifier géographiquement au-delà des États-Unis. Avec des valorisations encore attractives et un paysage macroéconomique en mutation, les actions européennes constituent un argument solide en faveur de la diversification.

Qu’est-ce qui alimente ce rallye ?

Les résultats des entreprises européennes ont joué un rôle clé dans le maintien de la dynamique du marché. La saison des résultats du quatrième trimestre a dépassé les attentes, relançant la croissance des bénéfices par action (EPS) après une période de stagnation. Les banques ont mené la charge, avec des acteurs comme Santander, Intesa et BBVA représentant une grande partie des surprises positives. Le secteur technologique (ASML, Infineon) s’est également bien comporté, bien que des géants comme LVMH dans le luxe et Sanofi dans la pharmacie aient enregistré des performances décevantes.

Les récents résultats des élections en Allemagne ont également été un catalyseur. La formation d’une coalition centriste a permis d’éviter une austérité budgétaire excessive, ouvrant la voie à des politiques plus favorables au marché. En outre, le futur chancelier Friedrich Merz a proposé un fonds de 500 milliards d’euros pour renforcer les infrastructures et la défense du pays. Cette annonce a immédiatement provoqué une forte hausse de l’indice DAX40 (+3,54 %) le jour même.

Comment cela se compare-t-il aux rallyes précédents ?

Malgré de nouveaux sommets, le rallye actuel semble plus mesuré que les pics passés. Actuellement, 74 % des actions de l’indice se négocient au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours, bien en deçà des 96 % observés lors des précédents sommets du marché, ce qui suggère que la dynamique, bien que positive, n’est pas extrême.

La récente hausse des actions s’est produite parallèlement à des marges bénéficiaires stagnantes, rappelant les schémas observés pour la dernière fois en 2015. Si les entreprises ne parviennent pas à élargir leurs marges en 2025, le rallye pourrait perdre de son élan.

Risques à surveiller

Certains secteurs restent particulièrement vulnérables aux risques externes. Les constructeurs automobiles et les entreprises de biens de luxe sont les plus exposés aux menaces de tarifs douaniers américains, tandis que des industries comme les mines et les boissons pourraient également subir des vents contraires si les relations commerciales se détériorent.

Bien que les actions européennes aient déjà enregistré de solides gains, le maintien de cette dynamique nécessitera une croissance continue des bénéfices, des marges stables et un contexte macroéconomique favorable.

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