jeu. Nov 21st, 2024

Parmi les technologies exposées et les thématiques abordées sur le salon, l’Intelligence Artificielle (IA) sera au cœur de l’actualité de l’édition 2024. En effet, elle constitue un catalyseur majeur de l’innovation dans les domaines de la défense et de la sécurité.

Aussi, Eurosatory 2024 offrira une plateforme unique pour explorer ces technologies devenues incontournables, en tant qu’enjeu de sécurité et de souveraineté pour les armées et les États.

Zoom sur l’omniprésence de l’IA dans le secteur, son utilisation opérationnelle et de ses enjeux sur l’échiquier international.

 

UNE « COURSE A L’IA » INTERNATIONALE EN FAVEUR DE L’INNOVATION

Miroir des dynamiques industrielles et de la D&S, une « course à l’IA » est lancée au niveau mondial, dans lesquelles les États investissent pour conserver ou façonner leur avance.
Les États-Unis ont développé un écosystème important, intégrant le Cloud ainsi que sa doctrine de développement et d’utilisation des IA, lui permettant d’être en tête de cette course. La Chine, quant à elle, développe son propre système normatif en investissant massivement dans la technologie notamment dans le domaine de la biométrie. Elle détient également le record de publications scientifiques sur le sujet. Au sujet de la standardisation, l’Union Européenne n’est pas en reste avec l’adoption le 9 décembre dernier de la première législation en la matière : le « EU AI Act », par le Parlement et le Conseil Européen.

 

LA FRANCE DANS LA COURSE À L’IA

Dans cette « course mondiale à l’IA », la France se positionne de fait plutôt bien notamment « au niveau de ses grands groupes et des start-ups », comme le souligne Quentin Montardy, neuroscientifique et président de InMind-VR, présent à Eurosatory, ajoutant cependant un bémol à ce constat, à savoir que « les chercheurs français tendent à partir à l’étranger ».

La question d’une IA souveraine est bien sûr essentielle, mais doit être relativisée en raison de la dépendance d’un écosystème initié par les Etats-Unis, en particulier le Cloud. Pour Arnault Ioualalen, mathématicien et CEO de Numalis, présent sur Eurosatory, une façon pour la France de se positionner serait de se battre sur un autre terrain en développant ce qu’il appelle l’« IA frugale », à savoir une IA fonctionnant à partir de « moins de données et donc une plus grande souveraineté », une plus grande souveraineté dans ce domaine passant également de son point de vue par la relance parallèle et en cours d’une filière européenne de semi-conducteurs.

Pour Arnault Ioualalen, si les Etats-Unis s’avèrent en avance de quelques années (« trois ans environ ») notamment en matière doctrinale par rapport à la France, la Chine est en train d’émerger comme le compétiteur stratégique majeur de ces derniers en investissant et en publiant massivement : «Ce que l’on voit, ce sont des investissements colossaux. Là où nous investissons 500 millions d’Euros, les Chinois investissent 50 milliards …».

Ce que l’on voit aussi c’est la volonté chinoise de « structurer l’écosystème de l’IA pour leur industrie » au travers d’une stratégie de standardisation qui existe déjà depuis cinq ans. En Europe, un texte devant conduire à la première législation en la matière – dit « EU AI Act » – a été adopté le 9 décembre dernier par le Parlement et le Conseil européens.

 

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (IA) EST UNE TECHNOLOGIE DUALE APPLIQUÉE À LA D&S

En juin prochain, EUROSATORY réunira le monde de la D&S autour des grands enjeux de la filière, grâce à plus d’une centaine de conférences et près de 2 000 exposants internationaux de plus 60 pays (start-ups, PME, ETI et grands groupes leaders mondiaux), ainsi que 40 pavillons internationaux. EUROSATORY sera une nouvelle fois le reflet des dynamiques mondiales en matière de D&S et mettra notamment en lumière l’importance croissante et la diversité de l’IA dans la recherche et l’innovation.

L’utilisation de l’IA dans les domaines de la D&S a été conditionnée par l’essor rapide du cloud computing et des cartes graphiques. Le Cloud a offert une capacité de stockage et de traitement des données à une échelle sans précédent, permettant aux acteurs du secteur de la défense et de la sécurité d’exploiter des quantités massives d’informations. En parallèle, les évolutions des cartes graphiques ont été un moteur essentiel de cette dynamique, en permettant un calcul exponentiel des données.

Aujourd’hui, les applications industrielles appliquées aux activités de la D&S se regroupent à travers trois secteurs majeurs :

• Le traitement de l’image, lequel va nettement améliorer la détection et la classification, va être particulièrement utile dans les domaines de la vidéosurveillance et du tracking de cibles, applicable dans toutes les opérations militaires, notamment aux opérations de renseignement ;
• Le traitement de séries temporelles (c’est-à-dire l’évolution d’une variable dans le temps, telle que la température, la vibration, la consommation de carburant), va concourir par exemple à l’anticipation des éventuelles défaillances d’un véhicule ou d’un aéronef.
• Le traitement de langage, permettant un travail important de synthèse de documents et d’informations, est particulièrement utile dans le domaine du renseignement.

Cependant, l’intégration de l’IA dans des opérations de D&S dépend notamment de leur fiabilité et de leur standardisation. La fiabilité des IA s’avère encore empirique et nécessite un réel travail de fiabilisation et de normalisation pour agir sur la confiance portée envers ces outils et pour garantir un traitement de données sans faille.

Le salon Eurosatory 2024, sera l’occasion de dresser un état des lieux exhaustif des avancées majeures en matière d’Intelligence Artificielle (IA) appliquée à la défense et à la sécurité. Les technologies liées à l’IA transforment considérablement ces domaines, offrant des solutions novatrices pour renforcer la sûreté nationale et les capacités des forces militaires et de sécurité et, ainsi, faire face à des défis de plus en plus complexes.

 

L’IA : DES APPLICATIONS MILITAIRES CIBLÉES DÉJÀ OPÉRATIONNELLES

L’IA trouve bon nombre d’applications dans les systèmes de D&S, telles que la navigation autonome, les systèmes autonomes et la robotique, la planification, l’analyse de données et l’intelligence prédictives pour anticiper les menaces potentielles, l’aide à la décision, la logistique, la maintenance prédictive, la cybersécurité et la guerre électronique, la reconnaissance faciale et la biométrie, la simulation et l’entrainement, la santé des femmes et des hommes sur le terrain (soldat, policier…), etc.

Voici quelques exemples qui seront au cœur des innovations de Eurosatory 2024…

• AIDE À LA PRISE DE DÉCISION
L’IA vient enrichir en informations qualifiées les forces armées, de défense, de sécurité civile et de
gestion de crise à différents niveaux de la chaîne de commandement. Pour autant, elle ne se substitue
pas à l’Homme, à son expertise et à sa prise de décision finale. L’IA agit avant tout comme une aide à
la décision en venant l’améliorer et l’accélérer, notamment dans le domaine terrestre.
Pour le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’Armée de terre française (CEMAT), « l’intégration de
cette technologie aux systèmes d’armes et à nos process d’état-major est impérative pour conserver
l’initiative : fiabilisation et accélération des boucles décisionnelles, valorisation de la donnée,
optimisation du potentiel individuel du soldat, aide à la conception de la manœuvre… ». Cela entend
également une adaptation des Hommes par le biais de formations visant à une bonne compréhension
et utilisation des données pour une exploitation optimale.

• SYNERGIE INTELLIGENTE : L’IA AU CŒUR DE LA MAINTENANCE ET DE LA LOGISTIQUE DE LA DÉFENSE
L’IA est également essentielle pour renforcer les capacités opérationnelles et la résilience des forces
armées, en raison de sa convergence avec la maintenance, et la supply chain.
Elle agit avec précision sur les opérations de maintenance grâce au traitement de séries temporelles,
afin de réduire les coûts liés aux réparations. Des algorithmes intelligents améliorent la planification des
itinéraires, la gestion des stocks et la distribution des ressources, contribuant ainsi à une chaîne
logistique plus efficace et réactive. L’interopérabilité des systèmes est favorisée avec le partage des
données en temps réel. L’ensemble de ces facteurs agissent positivement sur la résilience des forces
armées face à des situations imprévues.

• L’IA AU SERVICE DE LA SANTÉ DES HOMMES
Les situations de conflits, d’urgence et de crise rencontrées par les forces et les populations peuvent
générer des traumatismes importants, notamment neuronaux et psychologiques. Plusieurs sociétés
présentes à EUROSATORY, dont des start-ups, proposent des solutions intelligentes pour soulager ces
effets sur des patients atteints de troubles comme, par exemple, la société française InMind-VR. Cette
dernière propose des solutions logicielles pour la recherche, la santé et la D&S, afin d’évaluer plusieurs
facteurs (charge cognitive, stress, fatigue, vigilance et attention). Ceux-ci mesurent et optimisent les
performances cognitives et agissent sur la neuropsychologie en faveur de l’amélioration des
performances ou d’un rétablissement en cas de troubles.

« Avec les avancées des travaux internationaux de normalisation sur la robustesse des Intelligences
Artificielles, les industries de défense et de sécurité vont dans les années à venir, démultiplier leurs
capacités de production. Sur le salon EUROSATORY 2024, si l’implantation du traitement par IA de
l’image au sein des systèmes optronique et d’imagerie n’est plus une nouveauté, l’analyse du spectre
électromagnétique alimente de plus en plus les systèmes de renseignement et de lutte anti-drones ;
nous verrons la progression de l’utilisation des IA dans le développement des maintenances
anticipatives, les formations, les entraînements et la simulation. L’analyse cyber des réseaux et de la
fraude financière offrira également un intérêt tout particulier de leurs l’utilisations. Naturellement, les
centres de commandement intégreront des IA de nature hétérogène, qui préfigureront ce que seront
demain les centres d’aide aux décisions pour les forces comme pour les gestions de crise. », complète
Louis Ménigoz, Directeur de la Stratégie Technologique d’Eurosatory.

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