Par Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie OMNEGY
Macroéconomie & Géopolitique : les marchés financiers ont évolué en sens contraire la semaine passée, ils ont été en hausse après que la Fedaméricaine a décidé de diminuer une nouvelle fois ses taux directeurs (-0,25%), ce qui a évidemment plu aux financiers. Toutefois, vendredi, le marché américain a plongé dans le rouge, surtout du côté du NASDAQ, en raison de deux sociétés américaines : Broadcom et Oracle. La première, après avoir publié ses résultats, plutôt bons, mais pas assez pour payer l’action 76 fois ses bénéfices et la seconde, qui a augmenté de manière vertigineuse, et dangereuse, ses dépenses d’investissement. Elles étaient de 4 milliards de dollars entre 2017 et 2024 en moyenne, et sont passées à plus de 21 milliards en 2025, et 50 milliards sont prévus en 2026. Le marché craint donc que l’entreprise ne dépense trop par rapport à son cash-flow et cherche à se financer à l’extérieur, alimentant ainsi la bulle de l’IA.
Côté géopolitique, Kiev a réalisé quelques concessions concernant les négociations sur le plan de paix : l’Ukraine est prête à accepter une zone démilitarisée dans le Donbass et à reconnaître la perte de certains territoires. Les États-Unis pourraient garantir la sécurité de l’Ukraine, en remplacement de la candidature de celle-ci dans l’OTAN. Affaire à suivre cette semaine, avec un émissaire américain devant se rendre en Europe afin de favoriser un cessez-le-feu.
Gaz naturel: -2,6% sur les prix pour 2026 et -2,4% pour les prix de janvier 2026
Le prix du gaz a perdu près de 15% en l’espace de 3 semaines et revient sur des niveaux de prix raisonnables, aux alentours des 25 €/MWh.
Le très bon approvisionnement en provenance de Norvège (346 millions de m³/jour) et le rebond des flux de GNL, à près de 4,5 TWh/j ont apporté leur dose de réassurance pour le marché, de même que des températures qui vont rester au-dessus de la normale de saison jusqu’au 24 décembre, limitant ainsi la demande.
Toutefois, le fait que les stocks gaziers ne soient plus remplis qu’à 69,6%, contre 72,5% la semaine passée, avec des températures plus froides à venir pour le mois de décembre, devrait impliquer une stabilisation des prix voire une légère remontée de ceux-ci.
La signature d’un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie peut toutefois alimenter de nouvelles baisses de prix sur les marchés en Europe.
Électricité :+5,2% sur les prix pour 2026 et +1,4% pour les prix de janvier 2026
Le prix de l’électricité a connu un certain rebond pour le mois de janvier, et reste plutôt stable à horizon 2026 et 2027.
A court terme, le prix de l’électricité a rebondi de plus de 5% en raison des nouvelles prévisions météorologiques, qui prévient des températures strictement sous les normales de saison, à partir du 24 décembre, et ce jusqu’au 29 décembre à minima. La production éolienne sera donc attendue plus faible et la consommation plus forte, ce qui amène le marché à réévaluer le niveau de prix. La consommation électrique française devrait être de 2 à 3 GW au-dessus de la demande habituelle pour la saison.
A plus long terme, les prix se stabilisent, autour de 49 €/MWh pour 2026 et 50 €/MWh pour 2027. Les nouvelles prévisions météorologiques devraient cependant impliquer une remontée du prix pour 2026, influencé par le relèvement des prix du mois de janvier et du Q1-26, sans grand risque de voir le prix de l’électron remonter fortement toutefois à ce stade. La disponibilité nucléaire française se situe à près de 62 GW avec 49 réacteurs actifs et la France a exporté plus de 108 TWh d’électricité en 2025, ce qui la place parmi les pays les plus résilients au niveau de la robustesse de son réseau.
Pétrole : -4,94% sur le prix du pétrole brut
Le pétrole a atteint son plus bas niveau depuis la mi-octobre au courant de la semaine passée.
Malgré quelques remous géopolitiques, comme des attaques de raffinerie ou de pipeline dans le conflit russo-ukrainien, l’arraisonnement d’un tanker par l’armée iranienne ou bien encore la pression américaine qui s’intensifie sur le régime du président Maduro au Vénézuéla, le pétrole a fortement baissé.
La raison tient toujours au plan de paix qui continue d’être négocié entre Russes et Ukrainiens, sous l’égide des États-Unis. Le président Zelensky a annoncé la possibilité que l’Ukraine reconnaisse la perte de certains de ses territoires et renonce à entrer dans l’OTAN.
Co2: +2,35% sur le prix des quotas pour décembre 2025
Le prix du CO₂ est au plus haut depuis une dizaine de mois à présent et est la cible d’une spéculation haussière record de la part des fonds d’investissement, à plus de 113 millions de tonnes. La situation sur le marché de l’énergie ne semble pas être un facteur haussier à ce stade, les expirations d’options financières sur les achats de quotas semblent plutôt être responsables de ce « mini-rally » haussier.
Charbon: -2,49% sur la tonne de charbon
La production de charbon de la Chine est au plus haut depuis huit mois sur le mois de novembre, induisant une baisse notable des prix du charbon.
Également, les températures encore douces pour la semaine à venir et des prix du gaz en baisse ont impacté le prix du charbon.
La production électrique à partir de charbon a diminué de 11,6% en Allemagne depuis début décembre par rapport à la même période en 2024.
Prix du gaz dans le monde :
Le prix du gaz aux Etats-Unis a baissé de plusieurs €/MWh en raison d’une accalmie des conditions météorologiques dans le pays. De ce fait, il y a encore de la marge pour le prix du gaz en Europe de diminuer un tant soit peu tout en sécurisant les cargaisons de GNL suffisantes pour passer l’hiver.
