jeu. Mai 8th, 2025
  1. Pouvez-vous nous présenter brièvement l’activité de votre entreprise et son histoire pour que nos lecteurs comprennent votre parcours ?

#dotdot est une plateforme de partage anonyme de Gigas d’accès internet mobile inutilisés, directement entre particuliers. 

Elle se compose d’un boîtier WiFi de poche qu’on appaire à son smartphone pour créer un WiFi nommé « #dotdot » à partir de son hotspot, visible de tout le monde 100 mètres à la ronde, et d’une appli #dotdot où l’on spécifie combien de Gigas on met en partage, à titre gratuit ou onéreux. N’importe qui dans les 100 mètres peut se connecter sur ce WiFi #dotdot sans mot de passe, l’accès sécurisé étant remplacé par une transaction dans l’application #dotdot. 

J’étais directeur de l’innovation chez Valeo, en charge d’un programme de réseaux maillés embarqués dans les essuie-glaces des véhicules. L’idée était de faire le levier du réseau de distribution en aftermarket des essuie-glaces pour progressivement déployer un réseau de communication autour de la mobilité. J’ai quitté Valeo au moment du Covid, et ai obtenu de poursuivre sur cette invention. L’idée des réseaux basés sur les essuie-glaces a été abandonnée, mais j’ai gardé le concept de transformer une foule en un réseau. Le logo de #dotdot (une essuie glace qui construit le logo du WiFi en balayant) est le vestige historique de cette histoire ! 

L’idée a été peaufinée pendant le confinement. Nous avons constaté un paradoxe dans l’offre mobile : si la couverture géographique est quasi maximale en France, 60% des abonnés ont plus de 30 Go/mois d’accès internet (et parfois beaucoup plus !) dans leur forfait alors que la consommation moyenne (ARCEP) est de 15 Go/mois. D’un autre côté, environ 20% de la population n’a pas d’abonnement ni d’accès internet propriétaire. On s’est dit qu’un partage intelligent devait être possible entre ceux qui ont beaucoup et ceux qui n’ont pas, pour d’un côté créer un internet mobile à la demande où on se paie que ce que l’on consomme, et de l’autre côté où on motive la solidarité numérique. 

#dotdot voit deux populations : ceux qui ont beaucoup de Gigas gaspillés en fin de mois, et ceux qui n’en ont pas ou peu. Dans notre univers, nous les nommons respectivement #doteurs et #dotés. Les #doteurs achètent un petit répéteur « #dot » et l’appairent avec leur smartphone, puis – dans l’appli – décident du nombre de Gigas qu’ils partagent, à titre gratuit ou onéreux, selon leur choix. Chacun peut voir le WiFi #dotdot 100 mètres à la ronde, et en cliquant sur ce WiFi, est redirigé sur un portail captif les conduisant – eux aussi – sur l’appli #dotdot. Ils peuvent alors remplir une petite cagnotte en achetant quelques Gigas, à raison de 1€ par Giga, puis se connecter avec l’un des #dot’s environnants pour y consommer ce dont ils ont besoin. Les Gigas consommés sont défalqués de leur cagnotte et crédités sur celle du #doteur. Pour chaque euro dépensé par le #doté, #dotdot rétrocède 0,8€ au #doteur et prend une commission e 0,2€. Il n’y a aucun abonnement. 

  1. Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste le Business Model (BM) de votre entreprise, son positionnement et comment il s’inscrit dans votre stratégie globale ?

>> #dotdot a un business model B2C de vente du boîtier #dot (hardware) et de commission sur les transactions de revente de Gigas entre utilisateurs. Le business de vente de hardware permettra à l’entreprise de viser l’équilibre assez rapidement pendant le déploiement de la solution, et le business de commission sur les transaction assurera sa forte croissance à mesure que le réseau se déploie. 

Notre vision est de faire de #dot la troisième voie d’accès à internet via le réseau mobile entre les MNO (opérateurs avec infrastructure) et les MVNO, en inventant un accès internet mobile à la demande pour le segment de la population qui ne se reconnaît pas dans la logique d’abonnement. D’ici 2030, #dotdot pourrait ainsi avoir 2 millions d’utilisateurs réguliers, pour être aussi gros que les plus gros MVNO et plus petit que les plus petits MNO.

  1. En parlant de votre savoir-faire, quelles sont les compétences ou les atouts clés qui distinguent votre entreprise sur le marché ?

>> Au-delà des brevets protégeant la technologie de #dotdot dans le partage de Gigas, nous avons développé une forte expertise dans les logiciels embarqués, pour aboutir au logiciel propriétaire des boîtiers #dot ainsi que dans la cybersécurité des réseaux WiFi. #dotdot est la première – et aujourd’hui la seule – offre mobile à la demande, donc une large partie de son caractère unique tient dans la nature de son business model. 

  1. Pourriez-vous nous donner un aperçu des évolutions récentes au sein de votre société et des objectifs à court et long terme que vous poursuivez ?

>> Le #dot a été développé à Grenoble à partir de 2021. #dotdot a été incubée à LaReFactory du Groupe Renault, un incubateur spécialisé dans l’économie circulaire, qui nous a permis d’optimiser l’analyse du cycle de vie du #dot et de minimiser son empreinte carbone et est fabriqué en France (à l’usine Renault de Flins pour le boîtier, et dans le nord de la France pour la carte électronique). L’appli #dotdot et le logiciel embarqué ont été développés par les co-fondateurs. Les principales difficultés ont consisté à réaliser le pilotage du #dot en temps réel par l’appli : nous avons fait le choix de composant électroniques à relativement bas coût pour contenir le prix du boîtier, et il a fallu une grande expertise dans les logiciels embarqués pour développer le logiciel du #dot, qui pilote et sécurise les transactions.  

#dotdot a reçu un « CES Innovation Award » à Las Vegas en janvier 2025, dans la catégorie « Smart City ». Les ventes de #dot’s et le lancement de l’appli ont débuté immédiatement, nous mettant rapidement en rupture de stock. L’application #dotdot a été téléchargée 40.000 fois depuis, et les posts – notamment sur YouTube – ont cumulé plus de 3 millions de vues dans le monde entier. Nous avons été sélectionnés pour le Concours Lépine, auquel nous participons au moment où j’écris ces lignes.

Notre objectif est de construire et déployer les premiers spots de partage de Gigas dans plusieurs villes de France, et de débuter notre business de commissions sur transactions à partir de 2026.

  1. Pourriez-vous nous parler des produits ou innovations les plus récents que votre entreprise a lancés ou prévoit de lancer dans un proche avenir et comment cela contribuera au développement de votre entreprise ?   

>> Nous avons inventé le concept du « Giga suspendu », inspiré du café suspendu ou solidaire consistant à payer un café d’avance pour qu’il puisse être offert à des personnes n’ayant pas les moyens de se l’offrir : dans le Giga suspendu, les #doteurs mettent à disposition leurs Gigas inutilisés pour qu’ils servent au partage de connexion des maraudeurs aidant les sans abri. Ce concept nous permet d’approcher des entreprises, et de leur vendre des boîtiers #dot’s en volume, en B2B, de façon à ce que leurs salariés contribuent aux Gigas suspendus dans une action RSE clé en main.

  1. Optionnel: Avez-vous obtenu des prix ou distinctions pour vos produits?

>> Oui : un « CES Innovation Award » en 2025 + un prix d’innovation du SOFINS (salon des forces spéciales) en 2023.

  1. Optionnel: Enfin, pour aborder la transition écologique, quelles initiatives avez-vous prises pour entreprise pour minimiser votre impact sur l’environnement?

>> Nous avons été incubés à La ReFactory, spécialisée dans l’économie circulaire : sur la base d’une ACV réalisée lors du développement de notre boîtier #dot, nous avons opté pour la fabrication du boîtier en plastique recyclé : les boîtiers recyclés sont fabriqués en impression 3D à poudre, à l’usine Renault de Flins, à partir de plastiques récupérés et broyés de l’industrie automobile. Ils y sont également assemblés avec les cartes électroniques fabriquées dans le Nord de la France, pour minimiser les transports de matière. La fabrication du #dot et son utilisation sur 5 ans représentent 1,94 kCO2eq, à comparer aux 80-90 kCO2eq pour la seule fabrication d’un smartphone.

INTERVIEW VIDEO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *