jeu. Nov 21st, 2024

par David Taieb, CIO – Listed Assets au sein de Sienna IM

À moins de deux semaines de l’élection présidentielle américaine, Kamala Harris et Donald Trump restent au coude-à-coude. Selon un sondage du New York Times du 25 octobre 2024, Harris dispose d’une légère avance nationale avec 49 % des intentions de vote contre 48 % pour Trump.

D’après l’agrégateur Real Clear Politics, l’écart entre les deux candidats s’est resserré, leurs courbes de popularité se rejoignant presque. Dans les États clés, la tendance se divise : le Nevada et le Michigan penchent en faveur de Harris, tandis que Trump progresse en Arizona, Géorgie et Pennsylvanie. En Caroline du Nord et au Wisconsin, les deux candidats sont à égalité. Ces faibles écarts, combinés à la marge d’erreur des sondages et à l’indécision de certains électeurs, maintiennent une grande incertitude sur l’issue de cette élection.

Deux scénarios économiques distincts se dessinent pour les marchés en fonction du résultat de l’élection :

Scénario 1 : Victoire de Kamala Harris (démocrate)

La candidate démocrate propose une politique de hausse des impôts pour les ménages les plus riches et les entreprises afin de financer davantage de dépenses sociales.

• Fiscalité accrue : Le programme prévoit une augmentation du taux d’imposition des sociétés de 21 % à 28 %, annulant en partie les réductions de 2017 sous Trump. Les grandes entreprises très profitables verraient un relèvement du taux minimal d’imposition et une hausse de la taxe sur les bénéfices réalisés à l’étranger (de 10,5 % à 21 %). La taxe sur les rachats d’actions passerait de 1 % à 4 %. Côté ménages, les plus aisés seraient soumis à une augmentation du taux marginal d’imposition de 37 % à 39,6 %, avec un taux minimal de 25 % pour ceux dont le patrimoine dépasse 100 millions de dollars ou le revenu annuel excède 1 million de dollars.
• Investissements industriels et technologiques : Harris prévoit des crédits d’impôt pour moderniser les usines et encourager l’innovation dans des secteurs stratégiques comme la biotechnologie, l’aérospatial, l’intelligence artificielle et l’énergie nucléaire. D’autres mesures visent à encourager la production domestique de semi-conducteurs et à réduire les émissions de CO2 dans la sidérurgie.
→ Ce programme pourrait exercer une pression baissière sur le marché des actions, notamment dans les secteurs de la technologie et de la santé, du fait de l’augmentation de la fiscalité.

→ Les obligations souveraines américaines pourraient bénéficier de taux d’intérêt plus bas, ce qui affaiblirait légèrement le dollar.

 

Scénario 2 : Victoire de Donald Trump (républicain)

Un retour marqué au protectionnisme est attendu, plus prononcé qu’en 2018-2019, accompagné de nouvelles incertitudes géopolitiques dans un contexte international plus instable qu’en 2017.

• Pérennisation des baisses d’impôts : Le maintien des réductions d’impôts de 2017 stabiliserait le taux de l’impôt sur les sociétés à 21 %. Cette politique vise à soutenir la compétitivité des entreprises américaines et à favoriser la croissance de leurs bénéfices au-delà de 2026.
 
• Protectionnisme renforcé : Trump propose des hausses tarifaires substantielles, avec un droit de douane de 10 % sur toutes les importations et de 60 % sur les produits chinois. Ces mesures protectionnistes augmenteraient les coûts des intrants pour les entreprises américaines, exerçant une pression sur leurs marges et intensifiant les tensions commerciales, notamment avec la Chine.
 
→ Dans ce contexte, les secteurs de la défense, de l’énergie et certaines industries domestiques pourraient bénéficier des mesures protectionnistes et des réductions fiscales, tandis que les entreprises dépendant fortement des importations (logistique et production manufacturière) verraient leurs marges comprimées.
 
→ Le programme de Trump pourrait également pousser les taux d’intérêt à la hausse et soutenir le dollar.

 

Présidentielle américaine : Quels effets sur le dollar ?

Par iBanFirst

A moins d’une semaine des élections, de nombreux sondages donnent les deux candidats au coude à coude. Le résultat est très difficile à prédire car dans 7 ou 8 États clés, le vote pourrait basculer d’un côté ou de l’autre. Ce qui pourrait entraîner une très forte volatilité du dollar. Explications William Gerlach, VP International Account Management & Dealing chez iBanFirst. 

 

Historiquement, les fonds spéculatifs se positionnent à l’achat sur le dollar américain les semaines précédant le scrutin. C’est justement ce qui s’est produit. Le Dollar Index est en zone de surachat. Dans la foulée des résultats, les fonds prennent généralement leurs bénéfices, ce qui tend à faire chuter le dollar sur les quatre ou cinq séances qui suivent. Cette fois-ci, ce n’est pas certain. Tout va vraiment dépendre du résultat. 

 

Il n’est pas improbable qu’on assiste à des recomptages dans certains États, à de nombreux recours juridiques qui feront que nous n’aurons pas immédiatement le nom du vainqueur. Conséquence : c’est une période de très forte volatilité qui s’annonce. 

En anticipation, nous pensons que beaucoup d’investisseurs pourraient plutôt conserver leurs dollars, et réduire leur exposition aux devises à risque, comme l’euro et la livre sterling, en achetant de l’or ou des bons du Trésor américain. Nous pourrions alors voir l’EUR/USD chuter sous 1,07 et le câble sous 1,28.

 

Et en cas d’égalité ?

Le pire des scénarios serait celui d’une égalité au sein du Collège électoral (269 contre 269), dont les membres élisent le président et le vice-président. En temps normal, chaque État reçoit autant de grands électeurs qu’il possède de représentants et de sénateurs au Congrès. En cas d’égalité, tout change : il n’y a plus qu’un grand électeur par État, ce qui devrait favoriser Trump car il a l’avantage dans plus d’États que Kamala Harris. 

Concrètement, cela signifierait que le Wyoming et sa population de 600 000 habitants auraient autant de poids pour désigner le prochain locataire de la Maison Blanche que la Californie et sa population de 39 millions d’habitants. Un cocktail parfait pour une crise institutionnelle et des remous violents sur les marchés financiers.

 

Quel que soit le vainqueur, les stratégies d’investissement et les dynamiques de marché varieront sensiblement. Une victoire de Kamala Harris favoriserait les obligations et pourrait peser sur les actions américaines, notamment dans les secteurs technologique et santé, tout en soutenant la transition énergétique et les valeurs européennes grâce à un dollar plus faible. À l’inverse, une victoire de Donald Trump, avec la pérennisation des baisses d’impôts et un protectionnisme renforcé, avantagerait l’énergie, la défense et les industries domestiques, mais risquerait d’alimenter l’inflation et de maintenir des taux élevés, soutenant le dollar et amplifiant les tensions commerciales, notamment avec la Chine.

 

À propos d’iBanFirst

Créée en 2016, iBanFirst s’est rapidement imposée comme l’alternative de référence pour les entreprises qui font du commerce et opèrent des paiements à l’international. iBanFirst offre une expérience de paiement nouvelle génération qui combine la puissance de sa plate-forme et l’appui des meilleurs experts. Concrètement, les dirigeants et équipes financières peuvent accéder directement au marché des devises, recevoir, envoyer, tracer leurs paiements et élaborer des stratégies de couverture sur-mesure.

 

À propos de Sienna Investment Managers

Sienna Investment Managers est un gérant d’actifs paneuropéen et multi-expertises de la société d’investissement cotée GBL (“Groupe Bruxelles Lambert”). Avec environ 300 professionnels, Sienna IM est présent à Paris, Luxembourg, Londres, Milan, Hambourg, Francfort, Madrid, Amsterdam et Séoul.

Combinant actifs cotés et privés, Sienna IM développe pour ses clients des solutions personnalisées et innovantes, pour donner du sens à leurs investissements. A fin décembre 2023, le Groupe gère 34 milliards d’euros d’encours, dont plus de 80% (sur le périmètre éligible SFDR) sont classés articles 8 ou 9.

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