Mardi 16 avril, la Chine a annoncé le taux de croissance de son PIB pour le premier trimestre. La contreperformance pressentie n’a pas été confirmée. En effet, le PIB a augmenté de 5,3 % sur les trois premiers mois de l’année, dans un contexte de crise de l’immobilier et de fortes incertitudes. Le taux de croissance, attendu à 4,6 %, a ainsi dépassé celui du dernier trimestre de 2024 (+5,2 %). L’amélioration de la conjoncture en Chine demeure fragile. Les ventes de détail ont enregistré une hausse de 4,7 % en rythme annuel, mais elles n’ont augmenté que de 0,26 % entre février et mars. De son côté, l’investissement privé n’a progressé que de 0,5 % sur le trimestre. L’investissement immobilier s’est replié de 9,5 % en rythme annuel au premier trimestre, après une baisse de 9 % au trimestre précédent. Les ventes totales de nouveaux bâtiments commerciaux auraient reculé de 27,6 % en valeur au cours du premier trimestre. La production industrielle a certes progressé de 4,5 % sur un an en mars, mais cette progression est inférieure aux attentes (+6 %) et à la performance des deux premiers mois de l’année (+7 %).
La reprise en Chine apparaît disparate, avec des secteurs en croissance comme les services, portés par le retour des clients dans les restaurants, les transports et les lieux touristiques, et d’autres en crise en raison d’une faible demande intérieure.
Symbole des difficultés de la Chine, l’agence de notation Fitch a abaissé à négative la perspective de la dette souveraine de la Chine, mentionnant des risques accrus pour les finances publiques du pays dans un contexte de « perspectives économiques plus incertaines ».
Une croissance mondiale handicapée par l’érosion de la productivité
Dans ses perspectives économiques de printemps, le Fonds Monétaire International a revu légèrement à la hausse ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale.
Cette révision est notamment due au dynamisme de l’économie américaine qui commence à inquiéter les économistes du FMI.
Le taux de croissance de l’économie mondiale serait de 3,1 % en 2024 contre 3 % initialement prévu. La croissance américaine atteindrait 2,7 % et non 2,1 % comme avancé au début de l’année. « Les solides performances récentes des États-Unis reflètent une forte croissance de la productivité et de l’emploi, mais aussi une forte demande dans une économie qui reste en surchauffe », a souligné Pierre-Olivier Gourinchas, le chef économiste du FMI. Le principe d’un report de l’assouplissement monétaire serait souhaitable. Pour le FMI, les relèvements des taux directeurs de la banque centrale
américaine ont eu moins d’effets qu’escompté. La part accrue des prêts hypothécaires à taux fixe et le désendettement des ménages, constaté depuis la crise financière mondiale de 2008, ont certainement réduit les effets de la hausse des taux d’intérêt. Le maintien d’un important déficit public contribue également à celui de la demande. Pour le FMI, cette orientation est « particulièrement préoccupante » car elle freine le processus de désinflation. L’organisation internationale demande au gouvernement américain d’engager un assainissement budgétaire en prenant modèle sur celui de Bill Clinton en 1993.
Cercle de l’Épargne – données FMI
Le FMI s’inquiète de l’érosion de la productivité qui met en danger la croissance des prochaines années. Selon le FMI, le recul de la croissance de ces dernières années s’explique – pour plus de la moitié – par l’essoufflement de la productivité globale des facteurs (PGF). L’évolution de cette dernière dépend des du progrès technologique et de l’allocation des ressources, qui permet d’orienter le travail et le capital vers les entreprises les plus productives. Pour les économistes du FMI, l’allocation des ressources est de moins en moins efficiente. Si le problème de la mauvaise allocation des ressources ne s’était pas aggravé, la PGF aurait augmenté de 50 % et la décélération de la croissance aurait été moins importante. Au sein des pays occidentaux, le vieillissement démographique et le sous-investissement contribuent également au déclin de la productivité. Le FMI s’inquiète par ailleurs de la diminution du niveau scolaire dans plusieurs grands pays et de la moindre appétence des populations pour le progrès technique.
Taux de croissance en % du PIB
Compte tenu de la tendance constatée en matière de productivité, d’ici la fin de la
décennie, la croissance potentielle de l’économie mondiale ne sera plus que de 2,8 %
contre 3,8 % depuis vingt ans. Pour juguler ce phénomène, le FMI plaide en faveur de
la concurrence, de la levée des mesures protectionnistes, de l’intégration des
travailleurs immigrés dans les pays en déclin démographique, de l’amélioration du
niveau scolaire et de l’augmentation des dépenses d’investissement. L’intelligence
artificielle est également jugée comme un atout pour la restauration de la productivité.
Son apport sur le PIB est évalué par le FMI à 0,8 point de croissance dans les
prochaines années.
Inflation, baisse confirmée en mars en Europe
Le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est établi, selon Eurostat, à 2,4 % en mars,
contre 2,6 % en février. Un an auparavant, il était de 6,9 %. Pour l’Union européenne,
le taux d’inflation était de 2,6 % en mars 2024, contre 2,8 % en février. Un an
auparavant, il était de 8,3 %. Les taux annuels les plus faibles ont été observés
en Lituanie (0,4 %), en Finlande (0,6 %) et au Danemark (0,8 %). Les taux annuels les
plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Roumanie (6,7 %), en Croatie (4,9 %),
en Estonie et en Autriche (4,1 % chacun). L’inflation française qui était, ces derniers
mois, au-dessus de la moyenne européenne est égale à celle-ci en mars. Par rapport à
février, l’inflation annuelle a baissé dans treize États membres, est restée stable dans
quatre et a augmenté dans dix autres. En mars les plus fortes contributions au taux
d’inflation annuel de la zone euro provenaient des services (+1,76 point de pourcentage,
pp), suivis de l’alimentation, alcool & tabac (+0,53 pp), des biens industriels hors énergie
(+0,30 pp) et de l’énergie (-0,16 pp).
Malgré les résultats encourageants du premier trimestre, l’économie chinoise est en
phase de ralentissement. Selon le FMI, la hausse du PIB chinois n’excédera pas, 4,6 %
cette année et 4,1 % l’an prochain, la demande intérieure restant atone. L’économie
chinoise est confrontée à la crise immobilière et au ralentissement du commerce
international.
La zone euro reste une zone de basse croissance. L’organisation internationale a revu
à la baisse ses prévisions. La croissance n’y dépassera pas 0,8 % cette année et non
0,9 % comme espéré en début d’année. L’Allemagne est créditée d’une croissance de
0,2 % et la France de 0,7 %. L’Espagne restera le pays de la zone euro connaissant le
plus fort taux de croissance avec le Portugal.