Dans son rapport n°20064 publié cette semaine, le CGAAER[1] confirme que les gains de productivité apportés au cours des 30 dernières années par la mécanisation, n’auront pas profité aux exploitants agriculteurs.
Paris, le 15 septembre 2021 – La sortie de ce rapport tombe à pic selon la FNEDT au moment où la menace d’agriculteurs incapables de renouveler les machines jusqu’alors détenues en propriété, n’aura jamais été aussi importante. En cause, la flambée des coûts de matières premières et de la logistique, dans un contexte où l’agriculture est sommée de réussir sa transition agro écologique.
Mais, l’actualité de l’impact de la crise sanitaire sur les chaînes d’approvisionnement de l’industrie, ne doit pas cacher les causes plus profondes : concentration mondiale de l’offre (cinq acteurs représentent 50 % du marché mondial), adaptation incessante aux législations environnementales, numérisation totale des engins et élévation continue du niveau de confort et de sécurité pour l’opérateur. Les facilités de financement et les incitations fiscales à l’achat ont trop longtemps fait prospérer des choix stratégiques mal avisés.
C’est ce que soulignent de longue date les entreprises de travaux agricoles (ETA) précisément créées pour rendre la mécanisation accessible au plus grand nombre et au meilleur prix. Loin des objectifs que quelques décideurs voudraient leur prêter : « Plus qu’une forme d’organisation concurrente, les ETA apparaissent à beaucoup comme des acteurs complémentaires et porteurs de solutions » notent d’ailleurs les auteurs du rapport. Les ETA sont particulièrement au fait du marché des agroéquipements, ses déterminants et le coût réel des différents matériels. « Leur décision d’achat du matériel est stratégique et raisonnée car c’est la charge la plus importante de ces entreprises (…) tenues de respecter une qualité de service irréprochable tout en dégageant une marge suffisante » notent les auteurs du rapport n°20064. Si les ETA n’ont pas immédiatement souffert de l’éclatement et du dessaisissement progressif de la puissance publique sur les questions de mécanisation, la FNEDT est très favorable au rétablissement d’une expertise publique stratégique ambitieuse.
Les charges de mécanisation représentent 30 % des coûts de production en élevage et 50 % en grandes cultures, avec des écarts considérables (du simple au double) selon la stratégie retenue, notamment la durée d’utilisation annuelle. Pour procurer davantage de traçabilité et de respect de l’environnement au cours du processus de production, la complexification technologique restera durable. Au-delà des variables conjoncturelles, de nouvelles hausses des charges de mécanisation semblent donc inévitables. Permettre à toutes les exploitations volontaires d’assurer leur transition agroécologique, nécessite de réviser les politiques publiques pour favoriser des modes d’organisation et d’utilisations collectives, partagées et mutualisées des agroéquipements. Et lorsqu’on intègre le besoin de compétences dans l’équation, le constat est encore plus clair : les entreprises de travaux agricoles ne sauraient être oubliées des futures orientations politiques agricoles et du futur Comité de Filière Agro équipement (recommandation n°1 de la mission). À moins de continuer à considérer la mécanisation comme une fin et non un moyen ; auquel cas, les dérives connues de longue date pourraient finir par compromettre gravement la compétitivité d’une agriculture française dont l’ambition est de rester familiale et qualitative.