mer. Déc 18th, 2024

Depuis le début de la révolution industrielle au XVIIIe siècle, les économistes essaient de percer le mystère de la croissance. Celle-ci dépend d’un grand nombre de facteurs économiques (travail, capital, progrès technologique) mais aussi de facteurs juridiques comme la stabilité et la sécurité des normes juridiques et en premier lieu des contrats.

Longtemps, une croissance pérenne d’un pays était conditionnée à l’existence d’un régime démocratique et du respect du droit de propriété. Or la Chine a prouvé qu’il était possible à une dictature de se hisser au deuxième rang des puissances économiques avec un large secteur public. La croissance se définit alors de manière plus économétrique par la somme de la consommation, de l’investissement, du solde extérieur et de la variation des stocks. Si dans les pays occidentaux, la consommation représente plus de 60 % du PIB, il n’en demeure pas moins que l’investissement reste un facteur déterminant car il entraîne des répercussions sur l’ensemble de la chaîne de croissance et en premier lieu sur la productivité. L’avantage de croissance des États-Unis par rapport à la zone euro tient notamment à l’investissement plus important des entreprises américaines, en particulier en ce concerne les nouvelles technologies.

PIB et investissement

De 2002 à 2023, le PIB des États-Unis a progressé de 60 % quand celui de la zone euro n’a progressé que de 28 %. Lors de ces vingt dernières années, l’investissement des entreprises américaines a été constamment supérieur à celui de leurs homologues de la zone euro. L’écart a varié de 1 à 3 points de PIB selon les années. L’écart est important en ce qui concerne les investissements en technologies de l’information et de la communication. En 2022, ces derniers représentaient 3,8 % du PIB aux États-Unis contre 2,6 % du PIB dans la zone euro. En 2022, l’écart était plus faible (0,9 point de PIB). Le gouvernement fédéral met l’accent sur l’investissement avec l’Inflation Reduction Act et la Chips Act ce qui pourrait accroître l’écart avec la zone euro. Certes, la Commission européenne a mis en œuvre plusieurs plans (Next Generation, pacte vert etc.) mais leur ampleur est moindre.

Investissement et gains de productivité

Les pays ayant un taux d’investissement des entreprises élevé sont ceux qui ont, en règle générale, les gains de productivité les plus importants. La Chine, la Corée du Sud, la Suède, le Japon et la Belgique. A contrario, la Grèce, l’Italie, la France ou l’Espagne ont des taux d’investissements faibles ou moyens qui débouchent sur de médiocres gains de productivité. Cette corrélation doit être néanmoins corrigée par la prise en compte de la structure des économies. La France comme la Grèce sont des pays de services et notamment touristiques quand le Japon ou la Corée du Sud se caractérisent par la force de l’industrie. Or, celle-ci exige des investissements plus importants et génère des gains de productivité élevés.
En matière de gains de productivité, la corrélation avec les investissements dans les investissements dans les technologies de l’information et de la communication est nette. Les pays qui ont les gains les plus importants de 2002 à 2022 sont ceux dont le poids des investissements dans les TIC dépassent 3,5 % du PIB. Dans cette catégorie figurent la Suède, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, les États-Unis.

Au sein des pays de l’OCDE, les écarts de productivité s’expliquent donc essentiellement par les taux d’investissement en nouvelles technologies y compris les logiciels. Un écart d’un point de PIB pour le taux d’investissement en nouvelles technologies est ainsi associé, selon le département des études économiques de Natixis, à des gains de productivité moyens, sur la période 2002-2022, de 0,39 point par an. Entre la zone euro et les États-Unis, l’écart d’investissement est de 1,92 point de PIB débouchant sur une hausse des gains de productivité de 0,75 point par an plus élevée aux États-Unis qu’en zone euro. En vingt ans, l’écart de productivité entre les États-Unis et la zone euro a atteint plus de 30 points. Elle a progressé de 45 % chez les premiers contre un peu de 10 % chez la seconde. 

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