L’éruption volcanique, située à proximité de la capitale, pourrait avoir un impact notable sur l’économie du pays. Les exemples passés, en Islande ou ailleurs, montrent que les catastrophes naturelles ont généralement un impact macro-économique limité (à l’exception du séisme de 2010 en Haïti). Cependant, au vu de sa proximité avec Reykjavik, les conséquences économiques de l’éruption pourraient être notables.
Catastrophes naturelles passées : des impacts économiques généralement limités
Les tsunamis de 2004 dans l’océan Indien et de 2011 au Japon ont eu des conséquences économiques limitées. Dans le cas de l’Indonésie (pays le plus touché par la catastrophe), il n’apparait pas que le tsunami ait eu des conséquences sur la dynamique de croissance ou sur le solde public (puisque les dégâts peuvent engendrer des frais de reconstruction). Le pays avait en revanche fortement souffert de la « crise asiatique » de 1997-98. Au Japon, le tsunami et la catastrophe de Fukushima en 2011 ont eu tout au plus un léger effet négatif sur la croissance, mais pas d’impact notable sur le déficit public.
L’Islande a déjà connu de violentes éruptions volcaniques, qui n’ont pas pénalisé sensiblement son économie. En 1973, une éruption sur l’Ile d’Heimaey avait forcé les 5 000 habitants de l’île (soit près de 2 % de la population totale du pays) à fuir sur des bateaux de pêche et à rester éloignés pendant plusieurs mois et avait détruit environ 300 bâtiments1. Malgré l’ampleur des dégâts au vu de la faible taille du pays, l’impact de l’éruption n’apparait pas dans la trajectoire de croissance du pays (la baisse de la croissance du début des années 1970 est commune à tous les pays du fait du choc pétrolier). En 2010, l’éruption du volcan Eyjafjöll avait paralysé le transport aérien, sans effet notable sur la croissance ou les comptes publics, à une époque où le pays se remettait de l’explosion de la bulle immobilière de 2008.
Le séisme de 2010 à proximité de Port-au-Prince a entraîné une profonde récession. Seules les catastrophes naturelles extrêmement violentes peuvent déclencher des récessions. Ces catastrophes ont des impacts plus dévastateurs quand elles frappent des pays pauvres, dont l’économie est plus vulnérable et les infrastructures plus vétustes. En 2010, le PIB d’Haïti a plongé de près de -6 %, alors que la croissance était aux alentours de 4 % les années précédentes (le pays avait été relativement épargné par les conséquences de la crise de 2008). Le séisme semble avoir également creusé le déficit public les années suivantes.
L’éruption est située à proximité de la capitale. Les 3 700 habitants de la ville de Grindavik (soit plus de 1 % de la population du pays), située à proximité du volcan, ont été évacués à titre préventif. Surtout, une éruption pourrait toucher des centrales électriques situées à proximité (qui alimentent pour partie la capitale Reykjavik) et des sites touristiques. Les conséquences économiques d’une éventuelle éruption sont impossibles à chiffrer précisément puisque elles dépendraient de son ampleur et de sa localisation exacte. Cependant, contrairement à l’éruption de 1973 qui avait eu lieu sur une île éloignée, l’activité économique de la capitale pourrait être freinée par l’éruption actuelle, notamment si elle perturbait la fourniture d’électricité.