mer. Mar 5th, 2025

Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM

La rotation vers les actions européennes se poursuit. L’Euro Stoxx 50 fait trois fois mieux que le S&P 500 depuis l’élection de Donald Trump. La bourse italienne a atteint son plus haut niveau depuis 17 ans, portée par les valeurs bancaires et Ferrari. Le Dax allemand enchaîne les records, toujours aidé par l’excellente performance de SAP (+16% depuis le début d’année). Le CAC 40 connaît également une forte reprise, essentiellement grâce aux banques et au luxe (Hermès gagne 16% depuis le début d’année). L’Europe retrouve enfin sa place dans les allocations d’actifs ! C’est une bonne nouvelle.

Et à long terme ? Faut-il s’attendre à ce que les actions européennes soient plus performantes que les Américaines ? C’est peu probable, selon nous. Ce serait d’ailleurs une anomalie. En revanche, on peut espérer renouer avec un rythme de croissance similaire à celui des années 1990 à 2010, une période où les actions européennes affichaient une performance proche des actions américaines. Après la crise de la dette souveraine européenne, la situation s’est détériorée. Les actions européennes ont fortement décroché et ont affiché une performance qui était plutôt proche de celles des actions émergentes. En cause, une politique d’austérité en Europe qui a eu des effets très négatifs sur l’économie et en particulier la productivité, pendant que les États-Unis pouvaient « sur-stimuler » leur économie sans réelle contrainte, et la forte corrélation entre les économies européennes et chinoise qui, notamment à partir de 2015, a été plutôt une épine dans le pied des entreprises européennes.

Attention, le retour de l’Europe ne signifie pas, pour autant, qu’il faut se désengager des actions des États-Unis. C’est pourtant ce qui est en train de se produire au regard de la décollecte observée sur les ETF d’actions américaines. C’est une erreur. À long terme, les actions américaines sont incontournables. L’évolution du segment de la tech américaine depuis mi-janvier, ainsi que les résultats trimestriels rassurants de Nvidia, prouvent qu’on aurait tort de fuir les actions américaines.

Tout est question de dosage.

Perspectives

Les chiffres de l’emploi américain pour février seront à observer de près ce vendredi. Les dernières statistiques américaines, notamment celles sur la confiance des consommateurs, interrogent. Ce sera l’occasion de savoir s’il faut s’inquiéter ou pas à propos des États-Unis. Il faut également s’attendre à un peu de remous sur le dollar canadien ce mardi si l’administration Trump confirme la mise en place d’une taxe douanière additionnelle de 25% sur toutes les importations en provenance du Canada. Comme ce fut le cas récemment, cette taxe pourrait être de nouveau repoussée…

A noter

Les actions des six plus grandes entreprises de défense américaines ont chuté de 4% depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en raison de la baisse attendue du budget du Pentagone, tandis que le géant de la défense en Europe Rheinmetall a bondi de 40%.  Quelle leçon en tirer ? Attention aux achats sur des valeurs qui dépendent de décisions politiques…ça peut faire pschitt.

 

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