L’économie française est actuellement freinée par des contraintes d’offre (difficulté des entreprises à produire). La politique économique doit, au vu de ces contraintes d’offre, s’efforcer avant tout de favoriser la capacité de production des entreprises (investissement, formation). La politique monétaire, qui agit avant tout sur la demande, perd de son efficacité dans le contexte actuel, ce qui implique de relever modérément les taux directeurs, comme le fait la BCE.
L’offre plus déterminante que la demande dans le contexte actuel
Les entreprises, habituellement pénalisées par une insuffisance de demande, souffrent aujourd’hui de contraintes d’offre. Depuis 2004 en moyenne 36 % des entreprises industrielles déclaraient être pénalisées par une insuffisance de demande et 24 % par des difficultés d’offre (incapacité à accroître la production rapidement et avec des prix acceptables par les clients)1. Or, depuis 2021 la situation s’est totalement inversée, avec seulement 12 % des entreprises industrielles qui délaraient être pénalisées par une insuffisance de demande à l’été 2022 et 52 % qui souffraient de difficultés d’offre. Une évolution semblable s’observe dans les services, quoique de manière moins marquée. Ce basculement des difficultés de demande vers des difficultés d’offre est cohérent avec les difficultés d’approvisionnement et de recrutement élevées indiquées par les entreprises.
La hausse des prix de production des entreprises s’explique principalement par des contraintes d’offre. Habituellement, les variations des prix de production s’expliquent aussi bien par des chocs d’offre que de demande. Or, la flambée des coûts de production de l’industrie de la zone euro à partir de 2021
1 Calculs Asterès d’après Point de conjoncture Insee du 7 septembre 2022
2 Point conjoncture Banque de France, novembre 2022. Cela s’explique à 80 % par un choc d’offre, et à 20 % par un choc de demande3. Cette évolution est notamment due à la crise énergétique qui accroît fortement les coûts de production des industries énergo-intensives.