lun. Juin 23rd, 2025
Le risque géopolitique a été sur toutes les lèvres ces dernières séances. Pourtant, ce n’est pas un enjeu aussi important qu’on pourrait le croire. Les études montrent que ses effets sont généralement éphémères, en particulier sur les actions.

La baisse du dollar est le vrai problème cette année. Paradoxalement, il y a un an, tout le monde appelait de ses vœux une chute du dollar afin de relancer l’économie mondiale et d’apporter du soutien aux pays émergents. Le problème aujourd’hui, c’est l’ampleur de la baisse sur une période très courte. L’EUR/USD a chuté de -11 % depuis le début d’année, par exempleSource : boursorama, en date du 20 juin.2025.

Le consensus est unanimement négatif sur le dollar. La chute n’en est qu’à ses débuts. Les banques d’investissement des deux côtés de l’Atlantique ont un objectif de fin d’année à 1,20 voire au-delà. Les enquêtes menées par Bank of America montrent que les gestionnaires d’actifs n’ont jamais été aussi pessimistes sur l’évolution du billet vert depuis 20 ans.

Faut-il s’inquiéter ?

Prenons du recul. La dégringolade du dollar est impressionnante. Mais ce n’est pas la première fois que ça survient. C’est la 16ème fois depuis 1973 que le Dollar Index baisse de -10 % en cinq mois. Par le passé, cela avait habituellement conduit à un rebond.

Est-ce que ce sera le cas cette fois-ci ? Probablement pas dans l’immédiat. Beaucoup pourraient interpréter le consensus baissier comme un signal contrariant. Mais l’histoire ne se répète pas toujours. La méfiance à l’égard du dollar résulte de la politique commerciale erratique de l’administration Trump et de questionnements sur sa stratégie budgétaire. Tant que ces doutes ne seront pas levés, on voit mal comment le dollar pourrait rebondir durablement. Une baisse supplémentaire de -5-7 % du Dollar Index d’ici la fin de l’année ne nous paraît pas aberrante…tout en reconnaissant que l’exercice de prévision sur le Forex est très périlleux.

Mieux vaut en tout cas pécher par excès de prudence en optant pour une stratégie de couverture de change tactique, le temps que les choses se calment, plutôt que d’être vulnérable aux sauts d’humeur américains.

À surveiller :

L’agenda est essentiellement américain cette semaine avec notamment la confiance du consommateur en juin qui devrait rester bien orientée. Quant à l’inflation, la Réserve Fédérale, qui a maintenu ses taux inchangés la semaine dernière, devrait regarder de près l’indice PCE core pour mai. Il devrait continuer de refluer, ce qui confirme qu’il n’est pas nécessaire de bouger les taux dans l’immédiat. Contrairement aux craintes énoncées en avril dans la foulée du « Jour de la Libération », l’économie américaine est en bonne santé.

A noter

Les cyberattaques ont tendance à augmenter l’été, en raison de négligences humaines. L’effet pour les entreprises peut être dévastateur.

Selon deux études de référence d’Abbosh-Bissell (2019) et de Bischoff (2020), en cas de faille de sécurité importante (ex : vol de données clients privées), l’impact négatif sur le cours de bourse est conséquent et durable. Un mois après l’annonce, la baisse est en moyenne de -4 % et après trois mois, de -2 %. Comment expliquer cela ? Perte de confiance des clients et donc baisse de l’activité qui s’inscrit sur la longue durée.

L’impact sur le chiffre d’affaires peut être notable, également. Au cours des deux années suivant une grave faille de sécurité, le chiffre d’affaires tend à diminuer d’environ -10 % en moyenne, avant de se redresser lentement. Sur la même période, le chiffre d’affaires des entreprises du même secteur qui n’ont pas été victimes d’une cyber-attaque a augmenté en moyenne de +20 %.

Morale de tout cela, soyez encore plus vigilants que d’habitude cet été.

Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM

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