mer. Déc 18th, 2024

Pour la première fois depuis six mois, les exportations chinoises repartent à la hausse :  + 14,8% en rythme annuel en mars selon les chiffres officiels. Les importations ont, quant à elles, diminué de 1,4% en glissement annuel – c’est un peu mieux que prévu. L’excédent commercial de la Chine s’élève ce mois-ci à 88,1 milliards de dollars, un chiffre impressionnant. 

William Gerlach, Directeur Régional France et Royaume-Uni chez iBanFirst nous explique :

  • Comment la Chine a réussi à augmenter ses exportations.
  • Comment Pékin influencera l’économie mondiale dans quelques mois. 

 

Trois conclusions sont à tirer des récentes données commerciales de la Chine : 
 

  • Cette hausse des exportations reflète plus une régionalisation des échanges qu’une dynamique positive à l’international. 
    • Le commerce avec les pays de l’ASEAN devient de plus en plus massif (principalement avec le Vietnam, Singapour, la Malaisie et la Thaïlande). 
    • Les échanges entre la Russie et la Chine s’intensifient à un rythme impressionnant et cela depuis le début de l’offensive russe en Ukraine.
    • Dans le même temps, les exportations vers les États-Unis restent faibles en raison des tensions commerciales entre Pékin et Washington.
       
  • La hausse des exportations est majoritairement la conséquence d’une politique de soutien local agressive de la part du Gouvernement.

En temps normal, la hausse des exportations s’accompagne d’une hausse de la consommation des ménages et conséquemment d’une hausse des importations. Or, ce n’est actuellement pas le cas. Cela signifie que la croissance des exportations chinoises a été essentiellement dopée par des subventions gouvernementales et des effets indirects. Si à court terme, les gouvernements locaux peuvent continuer à soutenir les exportations, ils seront dans l’incapacité de le faire sur le long terme compte tenu de fonds qui ne sont pas illimités.

 

  • Entre 6 à 9 mois avant que les chiffres Chinois influencent l’économie mondiale.

Ces derniers chiffres des exportations vont contribuer à la relance chinoise et permettre au pays d’atteindre son objectif cible de 5% de croissance cette année. Mais il faudra plus de temps pour que la croissance chinoise ne s’étende aux autres pays et continents. Habituellement, on constate un laps de temps compris entre six et neuf mois avant que l’impact de la locomotive chinoise ne se fasse sentir. Les prochains mois pourraient donc être difficiles pour l’économie mondiale.

 

Focus sur la paire EUR/CHN

La politique du Yen faible continuera sûrement d’accélérer les exportations. Au cours des cinq dernières séances boursières, la paire EUR/CNH a augmenté de 0,73% avec un plus haut point hebdomadaire à 7,5990. On s’attend à ce que la paire grimpe jusqu’à 7.80 cette année. Sur le plan monétaire, la Banque populaire de Chine va probablement injecter de nouveaux fonds via des prêts à moyen-terme, peut-être même dès ce mois-ci. 

Par Tiphaine Pacey

 

 Pour Ben Laidler, Global Markets Strategist pour eToro:

L’économie chinoise est en train de se redresser fortement après trois années de blocage covide. Il s’agit d’un contrepoids important au ralentissement des économies dans le reste du monde et d’un coup de pouce essentiel pour de nombreuses entreprises britanniques et européennes. La résurgence du consommateur chinois est à l’origine de la surperformance continue du secteur européen des produits de luxe, de LVMH à Burberry. Elle devrait également stimuler la demande de produits de base, dont la Chine est le premier acheteur mondial, ce qui profitera à des entreprises telles que Rio Tinto et Anglo American. 

L’économie chinoise a connu une croissance supérieure aux prévisions de 4,5 % au premier trimestre, grâce à la résurgence de la consommation locale, tandis que les ventes au détail chinoises ont rebondi de 10,6 % en mars en raison d’une forte demande refoulée. La Chine est la deuxième économie du monde, avec 19 % du PIB mondial, et elle est la seule grande économie dont la croissance devrait être supérieure à celle de l’année dernière. Il s’agit d’une importante police d’assurance contre une récession mondiale.

 

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