Par Euler Hermes
A l’échelle mondiale, le ratio d’endettement des entreprises cotées et non-financières dont le bilan présentait une dette nette l’an passé a chuté à 53% en 2017.
· Cette tendance positive masque d’importantes disparités sectorielles et régionales.
· Le papier, les transports et le textile sont les secteurs les plus à risque, leur taux d’endettement ayant cru face au changement structurels qu’ils rencontrent.
· Le taux moyen d’endettement net atteint les niveaux les plus élevés au Portugal, en Turquie, en Espagne et en Grèce.
A l’échelle mondiale, les entreprises ont récemment profité de la croissance de leurs revenus et renforcé leurs structures financières. Toutefois, selon Euler Hermes, cette amélioration de la santé financière des entreprises masque une hausse des ratios d’endettement dans certains secteurs et régions vulnérables. Une situation qui entraine l’apparition de nouvelles zones de tensions et un accroissement des risques commerciaux.
Dans sa dernière étude sur la dette des entreprises dans le monde, le leader mondial de l’assurance-crédit examine le ratio d’endettement des entreprises cotées et non-financières[1]. Ce rapport couvre uniquement les entreprises dont le bilan affiche une dette nette après prise en compte de la situation de trésorerie, délivrant ainsi une vision précise de l’évolution de la santé des entreprises endettées.
Le taux moyen d’endettement net des entreprises concernées par l’étude est tombé à 53% en 2017, en recul de 3,2 points a/a. Euler Hermes estime que ce résultat positif illustre la volonté des entreprises de renforcer leur bilan dans un contexte favorable de croissance des revenus.
« Grâce à la forte croissance de leurs revenus, l’endettement net des entreprises apparait relativement sous contrôle. Mais cette vision globale cache diverses raisons de s’inquiéter, tant pour les entreprises que pour leurs fournisseurs, dans de nombreux secteurs et régions », alerte Maxime Lemerle, Responsable des études sectorielles chez Euler Hermes.
Le rapport d’Euler Hermes met en lumière plusieurs zones à risques et des divergences dans les taux d’endettement des entreprises, tant régionales que sectorielles. Selon le leader mondial de l’assurance-crédit, le risque est concentré dans les secteurs qui font face à un changement structurel, notamment dû au changement climatique, à la digitalisation, ou encore à l’évolution du besoin des consommateurs. Dans ces secteurs (papier, transports, textile), les entreprises sont obligées de s’endetter pour se transformer et répondre aux nouveaux défis qui leur sont imposés.
D’un point de vue régional, le rapport montre que l’Europe du sud est particulièrement vulnérable aux entreprises surendettées. En 2017, le Portugal (96%), la Turquie (72%), l’Espagne (68%) et la Grèce enregistrent les plus hauts taux d’endettement net. Pour comparaison, les taux les plus bas ont été relevés en Afrique du Sud (38%), en Australie (41%), à Hong-Kong (42%), en Pologne (43%) et au Royaume-Uni (43%).
« Quand la pression monte, les entreprises peuvent s’endetter pour surmonter le(s) problème(s) au(x)quel(s) elles font face. Si ce choix n’est pas complété par une hausse de leurs revenus, cela les rend alors plus vulnérables au(x) défi(s) qu’elles essaient de relever ou à des chocs inattendus », explique Catharina Hillenbrand-Saponar, conseillère sectorielle chez Euler Hermes.
Le papier, les transports et le textile sont les secteurs les plus à risque
Papier
L’industrie du papier est une industrie à forte intensité capitalistique et requiert un levier financier considérable. Pour relever les multiples défis posés par la digitalisation, le secteur a dû s’endetter encore plus : le taux d’endettement net atteint 172% en moyenne en 2017 pour les 25% d’entreprises du secteur les plus endettées (ou premier quartile). Alors que l’endettement est élevé et que les pressions sur le prix de l’énergie n’ont pas disparu, le secteur devrait toutefois connaître une hausse des marges de l’ordre de +20 points. Cette amélioration sera à mettre au crédit des évolutions démographiques et des habitudes de consommation, qui tirent la production de papiers-tissus et d’emballages vers le haut.
Transports
L’industrie du transport est exposée à des changements structurels considérables et dispose de faibles ressources financières pour tempérer le risque. Alors que le taux d’endettement moyen est très élevé pour les entreprises du premier quartile (144%), lecashflow est faible. Face à la hausse du prix du pétrole et aux régulations relatives au changement climatique, le secteur doit investir dans les nouvelles technologies.
Textile
Le textile est un secteur à risque élevé puisqu’il allie haut niveau d’endettement (144% pour le premier quartile) et faible génération de trésorerie. La concurrence intense est le déterminant principal de cette situation, notamment aux Etats-Unis, au Japon, à Singapour et en Inde.
Le risque reste notoire pour l’énergie et la métallurgie, mais la situation s’améliore
Energie
Le prix des matières premières a fortement soutenu les revenus et la solidité financière des entreprises du secteur de l’énergie, même si de nombreux défis se présentent sur sa route. Le principal facteur de risque est relatif aux conditions économiques et de financement. Malgré des marchés prometteurs et dynamiques, le taux d’endettement moyen du premier quartile est de 137%.
Métallurgie
La métallurgie reste un secteur à risque, avec un taux moyen d’endettement net de 119% pour le premier quartile. Mais l’environnement favorable de hausse du prix des matières premières a soutenu la croissance des revenus et du cashflow, et a engendré une contraction de 4 points du taux d’endettement pour les entreprises du secteur. Attention toutefois, car certains sous-segments du secteur affectés par les mesures protectionnistes pourraient souffrir prochainement et voir leur taux d’endettement s’accroître.