Est-ce la fin de l’exceptionnalisme américain? Nous en doutons. Le biais géographique structurel reste défavorable à l’Europe, malgré des phases de rebond cyclique. Le narratif sur les valorisations relatives peut séduire. Mais les ancrages macroéconomiques de long terme continuent de s’effriter en Europe: la croissance potentielle décline, le retard structurel dans les secteurs à forte intensité technologique demeure et le cadre fiscal et réglementaire est toujours défavorable.
En outre, ce qui était reproché aux actions américaines fin 2024, à savoir une forte concentration de la performance autour de quelques entreprises, est aussi une réalité européenne. Sur le premier semestre 2025, 80% de la performance du STOXX 600 a été générée par le secteur financier et celui des biens d’équipement (essentiellement la défense). 37% du marché européen est responsable de 80% de la performance totale. Les 63% restants ne progressent que de +2,7%…avec des perspectives de baisse des résultats par action, notamment en raison de la force de l’euro*.
En parallèle, les lois économiques soutiennent la surperformance américaine à long terme:pricing poweradossé à des positions oligopolistiques, CAPEX soutenus et orientés vers les relais de croissance comme l’IA, profondeur du marché américain, marges et ROIC supérieurs etc.
La thématique de la renaissance européenne a beaucoup a fait beaucoup d’émules au cours des deux premiers trimestres. Elle fait légitimement rêver les Européens. Mais la réalité est différente. L’environnement actuel favorise toujours structurellement les actions américaines. Pour qu’il y ait une rotation durable vers l’Europe, il faut un catalyseur macroéconomique ou géopolitique clair qui est absent, pour l’instant.
À surveiller
- Le découplage du prix des matières premières. C’est le cas pour le cuivre, par exemple. Les contrats à terme à trois mois sont 25% plus chers à New York qu’à Londres. C’est une anomalie de marché. Historiquement, les prix étaient peu ou prou identiques aux quatre coins du globe. Comment expliquer ce changement ? Le protectionnisme américain y est pour quelque chose. Mais il y a un autre facteur plus important à prendre en compte. Lors de son discours de Munich du 15 février 2025, le vice-président américain, J.D. Vance, a indiqué que les États-Unis cessent d’être les gendarmes du monde. S’ils doivent intervenir – par exemple pour assurer la sécurité du transport maritime de cuivre – cela suppose une contrepartie financière. Depuis, les prix des matières premières divergent massivement à travers le monde. Tous les pays sont, en outre, incités à constituer des stocks stratégiques, ce qui amplifie le phénomène.
- La saison des résultats continue avec SAP, Texas Instruments, Coca Cola (mardi), Alphabet, Hilton, Tesla, IBM (mercredi), Blackstone, Deutsche Bank, BNP Paribas (jeudi) et TotalEnergies (vendredi).