Après avoir lancé dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche un appel solennel aux citoyens à réduire leur consommation d’énergie, afin de se préparer à l’hiver prochain, les trois énergéticiens français ont débattu avec les membres de la commission des affaires économiques de mesures plus volontaristes.
Pour cette dernière, le Gouvernement n’a pas pris la mesure de l’enjeu, alors qu’elle avait appelé dès le mois de mars à des mesures de renforcement et de soutien à la sobriété énergétique.
De plus, le volet « souveraineté énergétique » du projet de loi « pouvoir d’achat » se concentre sur la régulation des marchés gazier et électrique. Il ne comporte pas de mesures substantielles pour aider les ménages, les entreprises ou les collectivités à améliorer la performance énergétique des équipements, des bâtiments ou des véhicules.
C’est pourquoi la table ronde a été l’occasion d’échanger sur les mesures à prendre, dès l’hiver prochain.
La commission appelle à :
1) un renforcement substantiel et une simplification de Ma Prime Rénov’ et des certificats d’économies d’énergie (CEE) pour accompagner les ménages, les entreprises et les collectivités dans leurs opérations d’efficacité et de rénovation énergétiques ;
2) une accélération majeure des capacités de production renouvelables, notamment la libération des plus de 1000 projets de biogaz en attente, mais aussi un soutien massif aux technologies de conversion et d’approvisionnement en biocarburants, de manière à tendre vers une production relocalisée et décarbonée d’hydrocarbures ;
3) une réforme du marché européen de l’électricité, afin de découpler le prix du gaz de celui de l’électricité.
Pour Daniel Gremillet, « Ma Prime Rénov’ et les certificats d’économies d’énergie (CEE), c’est encore trop de complexité et pas assez de moyens. Or les économies d’énergie sont un levier d’action essentiel pour renforcer notre sécurité d’approvisionnement énergétique. Elles sont insuffisantes à elles seules et il faut maximiser en parallèle notre production d’énergie décarbonée ».
Pour Sophie Primas, « La réforme du marché européen de l’électricité est urgente et impérative. Le Portugal et l’Espagne ont obtenu un découplage du prix du gaz de celui de l’électricité. La France semble désormais soutenir ce découplage, non sans avoir beaucoup tergiversé… Il faut saisir l’opportunité, ouverte par la Présidente de la Commission européenne, d’une révision complète de ce marché pour réaliser ce découplage : protégeons notre production d’électricité nucléaire décarbonée des importations russes de gaz fossile ! » |