jeu. Sep 19th, 2024

L’annonce par le ministère de l’Économie et des Finances d’un déficit public pour la
France en 2024, plus élevé que prévu, n’est pas une surprise en soi. Le déficit public
pourrait s’élever à 5,6 % du PIB en 2024, selon des documents envoyés avant la
nomination de Michel Barnier par Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, les anciens
ministres de l’Economie et des Comptes publics, aux principaux responsables
parlementaires des questions de finances publiques. Ce taux est supérieur de 0,5 point
à l’objectif fixé par le ministre du Budget. Pour 2025, le déficit pourrait, de manière
tendancielle, atteindre 6 % du PIB.
Plusieurs facteurs expliquent cette dérive. Le projet de loi de finances pour 2024 avait
été élaboré sur la base de la loi de finances 2023 et de son déficit de 4,9 %. Or, celui-ci
a finalement été de 5,5 % du PIB. En outre, le projet de budget de 2024 a été conçu en
prévoyant un taux de croissance de 1,4 %. Or, ce taux devrait avoisiner 1 %. Dans ces
conditions, le montant des recettes sera plus faible. Depuis quelques semaines, Bercy
constate des rentrées fiscales inférieures aux prévisions, notamment pour la TVA,
l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés. Par ailleurs, les finances des collectivités
locales enregistrent un réel dérapage. Les dépenses des collectivités locales ont
fortement augmenté et expliqueraient – à hauteur de 16 milliards d’euros – la
dégradation des comptes publics pour 2024.
L’absence de gouvernement ne favorise pas la maîtrise des comptes publics, même si
le ministre du Budget a effectué un gel de crédits de 10 milliards d’euros. L’annonce, en
ce début de septembre, de la dégradation du déficit pourrait viser à dégager ou atténuer
la responsabilité du ministère de l’Économie.
Pour maintenir le déficit autour de 5,1 % du PIB, les pouvoirs publics devront réaliser
15 milliards d’euros d’économies. Cette dérive complique singulièrement la conception
du projet de loi de finances pour 2025. Une remise à niveau des comptes devra être
effectuée, mais le futur gouvernement disposera de peu de marges de manœuvre.
L’éventuelle suppression de la réforme des retraites, dont le coût varie entre 8 et 20
milliards d’euros, nécessitera des compensations. L’abrogation de cette réforme ne
devrait concerner que les aspects liés à l’âge de départ. En revanche, les améliorations
du minimum contributif et des droits des femmes en matière de retraite ne seraient
certainement pas remises en cause. Or, ces mesures étaient financées par les gains
générés par le report de l’âge légal.
Le ministère de l’Économie préconiserait une diminution de la dotation globale de
fonctionnement (DGF) des collectivités locales en 2025 en cas d’absence d’économies
de leur part. Les équipes de Bercy auraient également préparé des textes pour une
taxation des rentes des énergéticiens et des rachats d’actions, des mesures qui
pourraient rapporter 3 milliards d’euros en 2024.
Le futur gouvernement devra prendre d’autres dispositions afin de contenir le déficit
public. Une surtaxe de l’impôt sur les sociétés, une majoration de l’impôt sur le revenu
pour les contribuables aisés, ou encore la réinstauration de l’impôt sur la fortune sont
autant de pistes envisageables.

 

Production industrielle en France, en fort recul en juillet

En juillet 2024, selon l’INSEE, la production industrielle a enregistré une baisse de 0,9 %
dans l’industrie manufacturière après une hausse de 0,9 % en juin. Pour l’ensemble de
l’industrie, la baisse est de 0,5 % après une augmentation de 0,8 % le mois précédent.
La chute de la production a été particulièrement marquée dans la fabrication de
matériels de transport (-4,9 % après +3,1 % en juin). Cette diminution atteint 4,6 % dans
l’industrie automobile (après +2,8 % en juin) et 5,1 % dans la fabrication d’autres
matériels de transport (après +3,3 %). La production a également reculé dans la
fabrication des « autres produits industriels » (-0,6 % après +0,7 %) et de manière plus
prononcée dans la cokéfaction et le raffinage (-9,9 % après +12,8 %). Elle diminue à
nouveau dans les industries agroalimentaires (-0,3 % après -0,2 %). À l’inverse, la
production a progressé dans les industries extractives, énergie et eau (+1,8 % après
+0,3 %) et a rebondi dans la fabrication de biens d’équipement (+2,0 % après -1,1 %).

Une baisse annuelle de 3 %

Sur les trois derniers mois (mai à juillet 2024), la production est inférieure à celle de la
même période en 2023, avec une baisse de 3,0 % dans l’industrie manufacturière et de
2,3 % pour l’ensemble de l’industrie. La production a fortement reculé dans la fabrication
de biens d’équipement (-6,8 %) et de matériels de transport (-7,1 %), avec un recul
notable dans l’industrie automobile (-17,8 %), mais une légère hausse dans la
fabrication d’autres matériels de transport (+0,8 %). La production a également diminué
dans la cokéfaction et le raffinage (-5,1 %), ainsi que dans les « autres produits
industriels » (-1,5 %) et les industries agroalimentaires (-0,9 %). À l’opposé, elle a
progressé dans les industries extractives, énergie et eau (+1,1 %).

Cercle de l’Épargne – données INSEE
Dans le contexte de prix élevés de l’électricité et du gaz facturés aux entreprises, en
raison des contrats négociés en 2022 et 2023 pour l’année 2024, les branches
industrielles à forte intensité énergétique sont particulièrement vulnérables à
l’augmentation de leurs coûts de production, ce qui pourrait affecter leur production.
Pour ces secteurs, la production des trois derniers mois (mai à juillet 2024) reste
nettement en retrait par rapport au deuxième trimestre 2021, période précédant la forte
hausse des prix de l’énergie. Les baisses les plus marquées sont observées dans la
sidérurgie (-29,5 %), la fabrication de produits chimiques de base (-17,5 %), la
fabrication de verre et articles en verre (-17,3 %) et la fabrication de pâte à papier, papier
et carton (-10,2 %).
En ce milieu d’année 2024, l’industrie française est toujours à la peine, notamment en
ce qui concerne les secteurs à forte intensité énergétique. Le recul est important dans
des branches clés comme la fabrication de matériels de transport ou les produits
chimiques.
Croissance de 0,2 % en zone euro au deuxième trimestre
Au cours du deuxième trimestre 2024, le PIB corrigé des variations saisonnières a
augmenté, selon Eurostat, de 0,2 % dans la zone euro et dans l’Union européenne (UE),
par rapport au trimestre précédent. Au cours du premier trimestre 2024, le PIB avait
augmenté de 0,3 % dans les deux zones.
En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le PIB a augmenté de
0,6 % dans la zone euro et de 0,8 % dans l’UE au deuxième trimestre 2024, après
+0,5 % dans la zone euro et +0,7 % dans l’UE au trimestre précédent.
La Pologne (+1,5 %) a enregistré la plus forte hausse du PIB par rapport au trimestre
précédent, suivie de la Grèce (+1,1 %) et des Pays-Bas (+1,0 %). Les plus fortes
baisses ont été observées en Irlande (-1,0 %), en Lettonie (-0,9 %) et en Autriche (-
0,4 %). La France se situe juste au-dessous de la moyenne (0,2 %).

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