Le déficit commercial en France vient de connaitre un nouveau record : 164 milliards d’euros, soit le double de 2021. C’est le plus mauvais résultat depuis l’après-guerre. Derrière les chiffres bruts, les effets de change ont pesé lourd dans la balance.
- L’envolée des prix du gaz et du pétrole a fortement pesé sur le coût des importations. La facture énergétique est ainsi passée de 45 milliards à 115 milliards d’euros cette année. Plus structurellement, le coût relatif des facteurs de production tels que la main-d’œuvre continue de peser fortement sur l’industrie française. La France a vu son industrie littéralement s’effondrer à moins de 10% du PIB. Ce sont autant d’usines et de produits en moins pour aller conquérir le monde.
- La bonne nouvelle, c’est la bonne tenue dans les services du tourisme (voir plus bas) et surtout du secteur maritime. Dans ce cas bien précis, c’est essentiellement la conséquence des perturbations post-Covid qui étaient encore présentes en 2022 mais qui ne devraient plus jouer en 2023.
- La question du change a également pesé dans la balance : la dépréciation de l’euro face au dollar (de 11%) a joué négativement sur le coût des importations. Cela a été particulièrement perceptible au niveau des intrants (comme le pétrole, par exemple). Même si la sensibilité de l’économie française au taux de change est moindre que d’autres pays européens, ce fut un élément de difficulté supplémentaire pour les entreprises. En 2023, avec la forte hausse des métaux industriels qui est amorcée, les problématiques de change vont rester très présentes.
- Cet effet de change, et de faiblesse relative sur l’année 2022 a en revanche eu un impact positif sur les services, excédentaire de 50 milliards d’euros cette année. L’euro faible a en effet fortement contribué à l’amélioration du secteur touristique, et le retour des touristes américains au pouvoir d’achat dopé par la parité euro/dollar favorable aux américains. Cela s’ajoute évidemment à la levée des mesures anti-Covid.
- Structurellement les faiblesses de l’économie française sont toujours là : difficultés des PME à se projeter à l’international (problème culturel mais aussi structures d’accompagnement qui ne sont pas toujours lisibles entre la BPI, Business France et les autres acteurs), incapacité de créer des filières industrielles tournées vers l’export (exception faite de l’aéronautique et du pharmaceutique), et compétitivité qui reste sur du milieu de gamme ce qui fait que nous sommes plus exposés à la concurrence internationale.
Par William Gerlach, Regional Manager chez iBanFirst.