ven. Nov 22nd, 2024

Sébastien OUM, Président de Yseulis, Trésorier digital en gestion des risques de change – spécialiste de la maîtrise des risques de change.

Brexit, montée des populismes, croissance au ralenti… A deux mois des élections européennes, l’horizon économique s’obscurcit. Les entreprises sont invitées, à préparer un plan de navigation avec minutie, pour esquiver les menaces et saisir les opportunités face à une politique économique et monétaire européenne incertaine.

Depuis quelques semaines, les signaux faibles annonciateurs d’une nouvelle crise économique se multiplient.

L’Allemagne vient d’échapper de justesse à la récession, le billet vert s’envole, et même les banquiers centraux, d’ordinaire si sereins, ont choisi de tirer la sonnette d’alarme en mettant un terme à leur remontée des taux. Pour les semaines à venir, le tableau n’est guère plus encourageant. Avec une date butoir fixée au 29 mars, le Brexit est encore dans l’impasse à l’heure actuelle. Quant aux élections législatives européennes organisées du 23 au 26 mai prochain, l’incertitude est totale, avec la menace d’une vague populiste anti-européenne susceptible de paralyser le parlement européen en le privant d’une majorité claire, voire de défaire le projet européen en cas de large victoire.

La BCE navigue par gros temps

Avec le recours croissant aux algorithmes, les crises financières se sont faites brusques et violentes. En l’espace de quelques instants, taux d’intérêt et taux de change peuvent désormais subir de très forts décalages. Même en l’absence de krach, de soudains pics de volatilité pourraient donc déjà causer bien du tort aux entreprises les plus exposées. Personne ne souhaite d’une nouvelle crise économique. À l’image de la Banque centrale européenne qui prépare le terrain d’un réel changement de cap. La réunion de politique monétaire qui se tiendra ce 7 mars ne pourra faire l’économie d’un débat sur le report éventuel d’une première hausse des taux de dépôt jusqu’ici négatifs. Elle prévoyait cette hausse  à l’aune de l’été 2019. Il se pourrait qu’il soit désormais urgent d’attendre. Les établissements financiers vont scruter sa position en la matière car la situation affecte leur rentabilité et pénalise aussi les intermédiaires financiers. Quid du TLTRO par ailleurs. Va-t-elle mener de nouvelles opérations ciblées de refinancement de long terme accordées aux banques de la communauté ? L’échéance du programme précédent est fixée pour juin 2019. Déjà, des inquiétudes se manifestent en Italie et en Espagne dont les banques sont très dépendantes de la politique impulsée par Bruxelles.

Comment les entreprises vont-elles piloter ?

Au nombre de 23 millions en Europe, les entreprises elles aussi, observent et affûtent leur stratégie. Environ un quart d’entre elles sont, ou ont été des entreprises exportatrices. Grands groupes agiles ou PME consciencieuses, seules les mieux préparées seront capables de tirer leur épingle du jeu lors de la prochaine crise. Bien évidemment, l’exercice semble plus facile pour les grands groupes capables de recruter de haut-profils aux fonctions clés que sont la direction financière et la direction des risques, mais il ne faut pas oublier les entreprises plus modestes qui bénéficient elles aussi de leurs propres atouts, et notamment de processus de décision allégés permettant une action plus rapide.

Développés à prix d’or par de grandes entreprises, la plupart des outils de pilotage des risques sont désormais accessibles à des prix défiant toute compétitivité grâce à l’arrivée de solutions digitales « as a service ». Si le recrutement de personnes clés peut s’envisager comme une stratégie de long terme, la souscription de certains de ces services est encore plus pertinente à court terme. En effet, sans outils, les entreprises les plus fragiles seront en grande difficulté par la perte des points de marge, de marchés à l’export. Elles risqueraient ne plus pouvoir honorer les commandes clients à cause d’un renforcement défavorable d’une paire de devises.

Quelle que soit sa taille, l’entreprise au sein de l’Union européenne devra donc s’inspirer de la sagesse des marins et passer à l’action avec humilité car ce n’est pas dans l’œil du cyclone mais bel et bien avant la tempête que se prépare la navigation. Multiples et diverses selon les secteurs et les pays, elles sont le moteur de la croissance et de l’emploi au sein de l’UE, donc une composante clé des politiques européennes.

Qu’en décidera le prochain Parlement européen ? Réponse en juin prochain !

 

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