mer. Déc 18th, 2024

Par Ludovic Broyer, fondateur d’iProtego

Le 19 février 2020, la Commission européenne dévoilait sa stratégie en matière de données et d’Intelligence Artificielle. Cette prise de position intervient alors que la technologie de la reconnaissance faciale via l’application Alicem (Authentification en ligne certifiée sur mobile) est utilisée par les pouvoirs publics français à titre expérimental. Entre simplification du quotidien et espionnage, le sujet suscite de vives polémiques.

 

Qu’est-ce que la reconnaissance faciale et comment fonctionne cette technologie ?

La reconnaissance faciale est une technologie qui utilise l’Intelligence Artificielle pour à la fois
authentifier, c’est à dire vérifier qu’une personne est bien celle qu’elle prétend être, et identifier, c’est
à dire retrouver une personne au sein d’un groupe d’individus. L’identification d’une personne sur une
photo ou sur une vidéo se fait en comparant les traits de son visage à des images stockées dans une
base de données, ce qui signifie que l’Etat possède déjà une quantité invraisemblable d’informations
sur ses citoyens. L’application Alicem, en phase de test par les pouvoirs publics, s’appuie justement sur
cette technologie de reconnaissance faciale en authentifiant une carte d’identité ou un passeport pour
attester de l’identité d’une personne.

A quelles fins la reconnaissance faciale est-elle utilisée ?

A priori, la reconnaissance faciale doit servir à simplifier notre quotidien, sécuriser notre identité
numérique et nous offrir un niveau de sécurité plus élevé. Ainsi, cette technologie peut être utilisée
par la police lors de contrôles d’identité aux frontières, dans les gares, dans les aéroports ou encore
pour identifier un criminel. Pour l’utilisateur final, la reconnaissance faciale permet de sécuriser son
téléphone, d’accéder plus rapidement à ses applications, de certifier des documents, de signer
numériquement… Et bientôt, elle sera utilisée dans nos paiements !
Le gouvernement, quant à lui, utilise la reconnaissance faciale pour surveiller et contrôler la
population. L’Union Européenne étudie en ce moment même le projet d’interconnecter ses bases de
données de reconnaissance faciale, ce qui signifie que ses 27 pays membres pourront croiser les
fichiers de leurs citoyens. La surveillance ne se renforce pas uniquement en France mais désormais à
l’échelle européenne !

Quels sont ses dangers et les risques, à terme, d’un tel dispositif ?

Il existe plusieurs risques. Tout d’abord, des craintes sont formulées sur le risque de hackage. La
reconnaissance faciale, comme toute technologie, peut être détournée. Un hacker peut tout à fait
accéder aux données collectées par cette technologie et les exploiter de façon malveillante, en
usurpant l’identité de quelqu’un par exemple.

Ensuite, puisque l’Etat gère notre identité numérique, il lui est désormais possible d’identifier chacun
de ses citoyens partout et en temps réel. Cette surveillance généralisée facilite davantage le
rapprochement des données entre elles et permet à l’Etat de parvenir à des niveaux de ciblage très
fins. Ce que craint l’opinion publique c’est de tendre vers une société orwellienne qui nous espionne
en permanence et où les moindres faits et gestes sont suivis et répertoriés, menaçant nos libertés
individuelles et notre vie privée.

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