Par Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie OMNEGY,
Macroéconomie & Géopolitique : alors même que les marchés financiers étaient en mauvaise posture sur les trois premières semaines du mois de novembre (-4% pour le S&P500), les pertes ont été effacées ces derniers jours et les marchés ont repris leur ascension, entamant le fameux rallye de fin d’année. Les investisseurs ont bon espoir que la Fed réalise une nouvelle baisse de ses taux directeurs le 10 décembre, car les craintes sur la dynamique économique aux États-Unis sont bien réelles. Ces taux ont été abaissés à 4% en octobre, et prendraient donc la direction des 3,75% peu avant Noël, ce qui constituerait un cadeau avant l’heure pour les détenteurs de produits financiers.
Sur le plan géopolitique, Vladimir Poutine a annoncé laisser la porte ouverte aux négociations de paix avec l’Ukraine, telles que l’ont proposé les Etats-Unis, mais continuerait de se battre en cas d’échec. Un porte-parole américain doit se rendre à Moscou dans les prochains jours pour approfondir les contours du sujet.
Gaz naturel: -3,8% sur les prix pour 2026 et -5,5% pour les prix de décembre 2025
Le prix du gaz, en France ou bien encore au niveau européen, a été en forte chute, une nouvelle fois, au courant de la semaine passée.
A court terme, le prix du gaz a pu continuer de baisser en raison des prévisions météorologiques, indiquant toujours des températures bien supérieures à la moyenne pour les 15 prochains jours (1 à 3 degrés au-dessus de la normale en France). Cette situation devrait donc limiter la demande ainsi que le soutirage dans les stockages. Ces derniers ne sont plus remplis qu’à 75,6% contre 79% la semaine passée. Malgré ce constat, les prix n’ont pas rebondi et le marché reste confiant sur la capacité de l’Europe à traverser l’hiver actuel.
A plus long terme, les prix ont également poursuivi leur baisse en raison des négociations actuelles sur la fin du conflit en Ukraine. Bien que Vladimir Poutine ait déclaré être favorable au plan actuel proposé, il a également mis en garde contre une poursuite de l’offensive dans le cas où un accord ne serait pas trouvé.
Les flux de GNL à destination de l’Europe ont diminué, en dessous de 4 TWh/jour, en raison de la baisse rapide du prix sur le continent, alors qu’il s’est plutôt maintenu en Asie, ce qui réduit la compétitivité pour attirer des méthaniers en grandes quantités.
Électricité :-3,5% sur les prix pour 2026 et -5,9% pour les prix de décembre 202
Le prix de l’électricité en France continue également de baisser et revient sur des très bas niveaux pour les contrats calendaires.
À court terme, la bonne production d’électricité en provenance de l’éolien et de l’hydraulique permet d’atténuer les pics de prix. Les prévisions de températures plutôt clémentes ainsi qu’une demande attendue bien en deçà des niveaux habituels de consommation pour les quinze prochains jours (2 à 8 GW de demande en moins) permettent d’assouplir les prix, sur le SPOT ou bien encore pour le contrat du mois de décembre.
À plus long terme, les prix pour 2026 ont clôturé sous la barre des 50 €/MWh, ce qui n’avait pas été observé depuis le mois de janvier 2021. Le prix pour 2027 a quant à lui clôturé vendredi un peu au-dessus de 50 €/MWh. Cet effondrement du prix peut s’expliquer d’un côté par la disponibilité nucléaire exceptionnelle du moment, à 61,7 GW avec 50 réacteurs en activité, et de l’autre par les prévisions de RTE sur la demande française, qui a été estimée, à horizon 2035, de 4 à 9% en dessous des scénarios élaborés précédemment.
Pétrole : +0,33% sur le prix du pétrole brut
Le prix du pétrole se stabilise alors qu’il était en hausse de 2% sur le début de la semaine passée. La volatilité actuelle est provoquée par les discussions autour du plan de paix entre l’Ukraine et la Russie, qui doit déterminer le futur des relations dans la région. La situation reste toutefois très fragile, les combats faisant toujours rage et Vladimir Poutine ayant annoncé son souhait de poursuivre son incursion si les négociations n’avancent pas (en sa faveur).
Dans le même temps, les membres de l’OPEP+ se sont rencontrés au courant du week-end et prendront des décisions pour 2026 selon l’évolution de la situation en Ukraine. Pour l’heure, la stratégie de production du cartel reste sur le statu quo pour le Q1 2026 : ni hausse ni baisse de production.
Les investisseurs suivent de près ces négociations, pour estimer et anticiper si cela pourrait mener à la fin des sanctions visant le secteur pétrolier russe.
Co2: +3,52% sur le prix des quotas pour décembre 2025
Le prix du CO2 a largement rebondi la semaine passée, pour atteindre son plus haut niveau depuis le mois de février. Le marché reste haussier concernant le prix du CO2, malgré des températures plutôt élevées pour décembre et une consommation fossile mesurée. La réduction des quotas en circulation pour l’année prochaine ainsi qu’une forte spéculation sur le CO2 a entretenu ce rallye sur son prix.
Charbon: +1,31% sur la tonne de charbon
Le prix du charbon a rebondi, à contresens de la tendance sur le prix du gaz. Bien que la demande pour ce combustible reste très modérée et que les températures demeurent supérieures à la normale, la hausse du prix du charbon est plutôt d’ordre technique. En-dessous de 90 $/tonne, les producteurs sont en perte et ce niveau de prix constitue un support.
Prix du gaz dans le monde :
Au regard de la courbe des prix sur le marché mondial du gaz, les prix en Asie se sont plutôt maintenus tandis qu’ils ont largement augmenté aux Etats-Unis. Seule l’Europe a vu le prix du gaz diminuer de manière notable. Cette tendance ne semble pas pouvoir durer au regard du prix sur les autres marchés, auxquels l’Europe est connectée, pour acheter son GNL. Un rebond des prix s’avère nécessaire pour sécuriser suffisamment de GNL au cours de l’hiver.
