mer. Avr 24th, 2024
Par Angelo CACI – SYRTALS CARDS
Il est conseillé de lire l’article de  Angelo CACI – SYRTALS CARDS sur les « distinctions» entre paiement mobile et e-wallet avant cet article.
Nous sommes entrés dans l’ère des digital wallets qui, de plus en plus, vont gommer les différences, surtout à l’aune de la transformation des parcours clients et du cross-canal.
Autre aspect remarquable, les fonctionnalités offertes par les tenants d’un «camp » ou de l’autre tendent à se ressembler ou se rejoindre au bout d’un certain temps : élargissement voire internationalisation du réseau d’acceptation, mixité des usages off- et on-line, ajout d’autres services (ex : transfert d’argent/PtoP, émission de cartes physiques ou virtuelles, diversification vers des services bancaires…).
In fine, ce qui compte par-dessus-tout et nous pourrons le répéter à l’envi, le succès au long cours des wallets digitaux sera d’abord forgé par la qualité supérieure de l’expérience client qu’ils procureront et par la récurrence des usages, idéalement dans le plus grand nombre de contextes.
Ces atouts, s’ils sont maintenus dans le temps, ne pourront dès lors que favoriser indéniablement le recours au smartphone pour payer, jusqu’à – qui sait – son ultime suprématie sur les autres modes de paiement ou autres facteurs de forme…
NB : nous n’aborderons pas dans cette étude, si ce n’est que très succinctement, les autres supports qui fleurissent de-ci de-là pour se transformer en autant d’accessoires de paiement (montres ; bracelets ; bagues ; porte-clé…).

Les différentes formes de digital wallets

Sans surprise, il existe de nombreux modèles de digital wallets du fait des multiples combinatoires sur lesquelles chaque protagoniste peut jouer pour bâtir une offre, par exemple :
∎ La nature des canaux accessibles par le service en question : instore; remote (in-app/e-commerce)
Les wallet providers que nous avons cités dans un article précédent (PayPal et consorts) ont d’abord investi le secteur du e-commerce avant d’essayer de s’en « échapper» avec plus ou moins de bonheur.
Même si cette ambition se frotte à quelques difficultés, les X-Pay aspirent à un usage le plus large possible.
Dans leur pays d’origine, certes favorisés par les activités de leurs maisons-mères respectives, les wallets chinois Alipay et Wechatpay sont très avancés en termes de cross-canal.
∎ Les technologies utilisées: NFC (et ses déclinaisons SE, TEE…), MST, QR Code, USSD, SMS, infrason…
Selon les régions ou les époques, les acteurs en lice ont recours à des technologies distinctes dans le but de :
•S’accommoder au mieux du parc existant de téléphones mobiles et de TPE
•Proposer la meilleure expérience possible au plus grand nombre
•Ne pas dépendre outre mesure des fabricants de téléphones et d’OS…
∎ Les sous-jacents de paiement proposés
Là aussi, selon la nature de l’offre ou la stratégie de chaque provider, ce dernier pourra sélectionner ou mixer plusieurs modalités pour dénouer in fine le paiement telles que :
•Prépayé/Postpayé
•Débit sur cartes (avec une ou plusieurs marques possibles ex : CB, Visa, Mastercard, Amex, Discover, UP…)
•Débit sur compte bancaire ou compte de paiement
•Monnaie électronique
•Débit sur facture opérateur
•Virement classique ou instantané…
Ainsi le service Digicash au Luxembourg s’appuie sur les comptes bancaires alors que les usagers des X-Pay doivent enrôler leurs cartes de paiement.
∎ La plus ou moins grande transversalité de l’usage : closed, open, filtered-loop ?
La vocation du wallet peut être tantôt large ou tantôt limitée à un réseau de magasins on ou off-line (usage privatif ).
Dans cette seconde catégorie, on retrouve principalement les «wallets marchands» qui veulent mieux servir leurs clients, ou encore les prestataires ciblant certaines catégories de services (ex : transport ; parking; restauration ; mobilité urbaine ; évènements ; tourisme…).
A noter que les partisans d’une démarche « open-loop » sont confrontés au défi – qui peut s’avérer parfois titanesque – du développement continu du réseau d’acceptation, à coup d’incitations et de partenariats.
∎ La richesse de l’offre proposée au-delà de la fonction paiement
Tout le monde est conscient que la seule fonction de paiement peut ne pas suffire pour séduire au long cours les clients dans leurs différentes strates. Aussi importe-t-il d’y ajouter, d’emblée ou progressivement, d’autres services parmi les suivants :
•Programme de fidélité
•Avantages particuliers et rewards
•Cash back
•Couponing
•Paiement en N fois
•PtoP
•Retrait d’argent…
…jusqu’à des services bancaires, comme il en existe de plus en plus dans les pays émergents où le service de paiement mobile rime souvent avec inclusion financière et bancarisation; ou bien jusqu’à de véritables portails de services comme ont si bien réussi à le faire les wallets chinois.
∎La géographie visée de prime abord ou au fil du temps
C’est un des signes qui va aussi distinguer les différents protagonistes entre ceux qui auront une ambition mondiale et les autres qui ne pourront se déployer qu’au plan national. Chez les premiers, on retrouvera essentiellement les « usual suspects » qui font d’ores et déjà leur business aux quatre coins de la planète et qui ont une marque puissante.

Les raisons du succès ou de l’échec ?

Nous avons évoqué précédemment la disparition de quelques wallets de paiement ciblant prioritairement le e-commerce.
En matière de paiement mobile, nous avons pu dénombrer, depuis plus de 10 ans, une cohorte de services dont une grande partie n’ont pas dépassé le stade du PoC/MVP ou qui ont fait long feu, notamment ceux en mode NFC/SIM-centric.
Rares en effet ont été les opérateurs mobiles dans les pays matures qui n’ont pas lancé leurs services ou qui ne se sont pas alliés avec leurs pairs, avec une ou plusieurs banques ou bien avec Visa et Mastercard pour développer des applications de m-payment.
De même, d’autres alliances ou initiatives dans la banque et le retail ont été abandonnées.
Dans cette liste, citons en vrac :
mPass (lancé par 3 opérateurs télécom allemands),
Weve (EE, O2, Vodafone au Royaume-Uni),
Mobito (JV entre 3 opérateurs télécom et 4 banques tchèques),
ISIS (JV entre ATT, Verizon et T-Mobile aux Etats-Unis),
O2 wallet (UK),
Wanda (JV entre Mastercard et Telefonica en Amérique du Sud),
WyWallet (JV entre 4 opérateurs télco suédois Telia, tele2, Telenor, 3),
FlashIZ (start-up luxembourgeoise),
MCX (coalition de retailers américains),
FlashNPay (Auchan),
Cityzi en France,
Banco Itau + TIM (Brésil)…
Bien entendu, ne les blâmons pas, qui ne tente rien n’a rien, comme dit si bien l’adage.
Mais in fine, force est de constater que les conditions n’étaient pas suffisamment favorables pour en faire un succès pérenne :
•Parc de téléphones et de TPE compatibles insuffisant ou hétérogène; de plus, Apple s’est fait longtemps désirer avant de lancer Apple Pay en mode NFC et in fine, a lancé son service à sa « sauce »
•Risque de dépendance encouru vis-à-vis des opérateurs telco
•Poids des habitudes et manque de maturité des utilisateurs et des commerçants
•Délai nécessaire pour recruter une base suffisante d’usagers et de marchands, off-line
ou on-line
•Business model bancal
•Existence d’autres modes de paiement donnant toute satisfaction face à une supériorité du nouveau service qui n’a pas été démontrée
•Parcours d’enrôlement et d’utilisation parfois laborieux
•Architectures lourdes, souvent en « plats de spaghetti», notamment à force d’excès d’intermédiaires et de multiples TSM (Trusted Services Manager)
•Difficulté d’imposer une nouvelle marque de paiement…
NB : la plupart des points susmentionnés sont également valables pour expliquer la
défaillance de certains wallets providers cités dans le premier chapitre qui ciblaient
le marché e-commerce. Aujourd’hui encore, la plupart de ces facteurs sont toujours
d’actualité pour quiconque souhaite lancer un nouveau wallet digital sur le
marché.
Toutefois, certains prétendants au graal du paiement mobile ou digital (plus astucieux, plus déterminés, partis plus tard ou plus tôt que les autres) sont passés entre les gouttes et ont trouvé leur place et leur clientèle à la faveur d’un contexte/marché/terreau plus favorable tels que :
•Scandinavie : maturité du digital et des services mobiles ; précocité des initiatives bancaires
•Afrique: taux de pénétration du mobile significatif vs précarité des services de paiement/financiers, ce qui a encouragé les opérateurs mobiles à combler un vide et capitaliser sur leur audience, à l’instar de M-Pesa, Orange Money, Vodafone, Airtel, MTN…
•Inde : « war on cash » et forte volonté gouvernementale pour l’inclusion financière et la lutte contre la corruption; retrait de certaines coupures de billets en 2016; montée en puissance de nombreuses jeunes pousses et pléthore d’offres de m-payment
•Chine : domination de deux titans du web Alibaba et Tencent en mesure de générer des modèles vertueux couronnés par la plateformisation de services quasiment universels et par des volumes gigantesques
•Pays matures : réussite de quelques wallets marchands dont l’exemple le plus emblématique et le plus souvent cité est celui de Starbucks ; développement prometteur des X-Pay

Diversité des acteurs en lice

Tout naturellement, on observe une diversité de gladiateurs dans l’arène des wallets digitaux. Leur origine et leur taille dictent en partie leur stratégie et leur parcours ainsi que leur développement géographique.

Wallets e-commerce

Ils ont pris leur envol essentiellement grâce au e-commerce et conservent encore une activité dominante dans le on-line, tels que :
Paypal (dont nous avons déjà parlé) : sa réussite est éclatante et les volumes gérés au travers du mobile sont colossaux, en termes de CtoB et PtoP. Paypal peut compter sur la puissance de sa marque, sa force de frappe et sa capacité financière pour espérer percer dans le monde physique, ce qui est loin d‘être le cas aujourd’hui. Il multiplie ainsi les rachats et partenariats pour surmonter les obstacles et « bannir » les frontières entre on- et off-line, comme il l’a déjà démontré au travers de certaines initiatives : mobile order and pay ; pay @ the table…
∎Les 3 wallets leaders en Russie: Yandex Money, WebMoney et Qiwi comptent chacun plusieurs dizaines de millions de comptes.
•YandexMoney est une filiale du groupe russe Yandex coté au Nasdaq (12 milliards $ de market cap) qui propose également, à l’instar de Paypal une offre de PSP, Yandex Check-out, à des dizaines de milliers de sites marchands.
•A noter que ces acteurs ont aussi bâti un réseau de plusieurs centaines de milliers de kiosques en Russie permettant le règlement en espèces d’un achat internet ou le paie-ment de factures.
Neteller et Skrill (tous deux dans le giron du groupe anglo-canadien Paysafe propriété de plusieurs fonds d’investissement). Créé en 2001 sous le nom Moneybookers, Skrill annonce aujourd’hui plus de 36 millions de comptes, une acceptation auprès de plus de 100 000 e-marchands dans 200 pays en 40 devises, pour un volume de plus de 150 mil-lions de transactions et une valeur de 13 milliards € / an.
PayU (filiale du groupe sud-africain Naspers). Au-delà de son offre PayU Wallet (que l’on retrouve en Afrique et en Inde essentiellement), PayU se positionne aussi comme un prestataire de services de paiement pour les e-commerçants. La société couvre 17 marchés en Asie, Europe Centrale et de l’Est, Amérique Latine et Afrique.

Card schemes

∎Outre l’accompagnement de leurs partenaires bancaires souhaitant loger leurs cartes dans l’un ou l’autre e-wallet, les américains Visa et Mastercard ont aussi développé leurs solutions clé en main. Malgré leurs moyens conséquents, imposer leurs logos Visa Checkout et Masterpass à grande échelle ne se révèle pas chose aisée, en particulier dans certaines régions du globe. On rappellera ici l’abandon de V.me créé par Visa Europe après son rachat par Visa Inc.
Visa Checkout et Masterpass compteraient plusieurs dizaines de millions d’utilisateurs au plan mondial.Néanmoins, Visa et Mastercard continuent d’être très proactifs. Ils misent sur leurs offres de tokénisation/digitalisation/authentification respectives, nouent de très nombreux accords au plan mondial, tant avec les émetteurs, banques, PSP qu’avec les grands com-merçants et ajoutent des services complémentaires comme le transfert d’argent.
∎Notons qu’à défaut d’offre wallet à sa marque, le schemeCartes Bancaires et son partenaire STET assistent les banques françaises dans la mise en œuvre de leurs services m-payment.
∎Quant au chinoisUP, fort de ses liens étroits avec moult banques en Chine et au-delà, il est désormais N°1 mondial en nombre de cartes (plus de 7 milliards de cartes émises ! dont une partie doit être obligatoirement dormante) et en volume de transactions (plus de 15 000 milliards $/an).
Malgré sa réussite exemplaire dans la carte, UP a pris du retard sur ses concurrents, mais n’a pas encore dit son dernier mot..
A l’instar de Visa et Mastercard, depuis plusieurs années, la plate-forme qu’il a mise en place lui permet d’adresser de nombreuses typologies de services de mobile payment :•Diversité des technologies compatibles (QR Code, TSM, HCE…)•Collaboration avec Samsung, Google, Huawei, Apple…•Offre en propre QuickPassPour son service QuickPass, UP aurait une présence dans une quarantaine de pays (Asie, Europe, Amérique du Nord). Mais les volumes de transactions générés ne rivalisent pas avec ceux des deux leaders chinois.
A noter qu’à l’étranger, les utilisateurs de son wallet sont bien entendu les touristes chinois mais il peut également s’agir d’usagers locaux dans la mesure où UP compte plus de 100 millions de cartes émises par des établissements bancaires hors de Chine (ex : Corée, Japon, Singapour, Malaisie, Vietnam, Mongolie, Russie…) et poursuit sa stratégie d’expan-sion internationale notamment en Europe.

Banques en solo ou avec leurs pairs

∎Coalitions : dans plusieurs pays, on assiste à la création de joint-ventures dont l’ambition est d’unir les capacités de leurs actionnaires afin d’avoir une force de frappe supérieure et plus de chance de succès au long cours
Paylib en France : créé en 2013 par La Banque Postale, BNP Paribas et Société Générale en tant que service de paiement sur internet (Paypal à la française comme l’ont appelé certains), Paylib a désormais ajouté les fonctions « paiement de proximité » (uniquement Android) et « paiement entre amis ». Supporté par la plupart des banques françaises, Paylib compte environ 1,8 million d’utilisateurs et pour le paiement en ligne, plus de 3 500 e-marchands partenaires.
A date, la traction de Paylib on-line n’a pas été « formidable » (les volumes de transac-tions ne sont pas communiqués). Mais Paylib compte mieux prendre son envol grâce à la multifonctionnalité de son offre, en particulier grâce au PtoP dont le succès pour-rait être accentué par l’introduction du virement instantané. Cela ne pourra dès lors qu’accélérer la notoriété et la viralité du service, et lui permettre de se distinguer de la concurrence dans un paysage français de plus en plus encombré.Ainsi, Paylib se verrait bien imiter le succès de services similaires lancés par des entités interbancaires en Scandinavie ou aux Etats-Unis (voir ci-après).
•Hors de France, des groupes de banques ont créé des véhicules communs tels que :
•Swish en Suède lancé en 2012 (6,7 millions d’usagers)
•Vipps en Norvège lancé en 2015 (3 millions de clients)
•En Espagne, il existe 2 solutions interbancaires :•Bizum (né en 2016) en tant que service PtoP basé sur le virement et qui va proposer une déclinaison de paiement on-line. Bizum espère compter 6 millions d’utilisateurs à fin 2019 et gérer plus de 55 millions d’opérations•Iupay (né en 2014) en tant que wallet pour payer sur internet, basé sur l’enregistrement d’une ou plusieurs cartes bancaires
•Zelle aux Etats-Unis
•Blik en Pologne : solution de paiement mobile multifonction (paiement on-line et proximité, PtoP, retrait) comptant près de 8 millions d’usagers
•Paydirekt en Allemagne : créée en 2014 et promu par les banques et caisses d’épargne, cette solution qui compte 2,2 millions d’utilisateurs est essentiellement destinée au paiement on-line mais Paydirekt entend intégrer d’autres usages comme le paiement QR Code et le PtoP.
•Jiffy en Italie (paiement et service de PtoP)Les services PtoP évoqués ci-dessus sont basés sur le virement classique ou le virement instantané (SCTinst ou équivalent).
NB : il nous semble intéressant de mentionner le succès de la solution interbancaire néer-landaise iDeal née il y a plus de 10 ans (basée sur un virement activé au travers de l’appli-cation on-line banking) qui opère désormais 6 transactions e-commerce sur 10 aux Pays-Bas.Ce n’est pas à proprement parler un wallet, mais iDeal surfe sur son succès en lançant désormais une version mobile QR Code, ce qui lui permet une utilisation dans d’autres contextes (proximité ; paiement de factures…). C’est une énième preuve que « tout le monde s’y met » et que les offres évoluent et peuvent se ressembler au fil du temps.

ZOOM SUR ZELLE (PTOP)

Opéré par la société Early Warnings (dont le capital est détenu parBank of America, BB&T, Capital One, JP Morgan Chase, PNC, US Bank, Citibank et Wells Fargo) et promu par la communauté bancaire américaine, le service Zelle s’est largement installé dans le paysage et fait de l’ombre à PayPal, Venmo et autres services de PtoP tels que Square Cash.
Les chiffres relatifs à 2018 font état de 433 millions de transactions (vs 247 millions en 2017, soit + 75%) pour une valeur de 119 milliards de $ (vs 75 mil
liards en 2017), alors que Venmo seul en a généré pour 62 milliards de $.
Pour le 1er trimestre 2019, Zelle a annoncé une croissance de 54% en valeur et 72% en volume.
La lutte s’annonce féroce entre les différents acteurs : PayPal a communiqué en avril 2019 que Venmo comptait 40 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis et s’apprêterait à brasser 100 milliards $ de flux sur un rythme annuel.
Il importe de souligner que toutes les couches de la population et pas seulement les millenials, sont désormais friandes de ce type de service. C’est ce que prouve la seconde étude commanditée par Zelle et publiée en mars 2019 :
•50% des sondés qui ont utilisé un service P2P pour la première fois avaient 45 ans et plus
•52% des répondants de la génération X et 46% des baby-boomers ont déclaré qu’ils faisaient confiance aux services P2P
•76% des membres de la génération X et 74% des baby-boomers interrogés ont indiqué que la raison principale du recours à un tel service était due au fait qu’il était proposé par un établissement financier.

Initiatives bancaires en solo

Quand ils estiment disposer d’une taille et de moyens suffisants, et même si en parallèle, ils participent à des coalitions ou proposent leurs cartes dans l’un ou l’autre des X-Pay, de grands établissements financiers ont également lancé un service de digital wallet à leur marque, souvent combiné à leur offre de mobile banking.
C’est le cas dans différents pays, dont voici un court échantillon ci-après :
•ChasePay,CitiPay,WellsFargo,Capital One aux Etats-Unis
•MobilePay lancé en 2013 par Danske Bank au Danemark et en Finlande
• Maybank en Malaysie
• KFH au Koweit
• BTPay en Roumanie
• Ing Twyp en Espagne et Ing Pay en Roumanie
• Deutsche Bank et PostBank en Allemagne
• Erste Bank en Hongrie
• Yup/Société Générale et Ecobank en Afrique
• Barclays au Royaume-Uni
• Swedbank en Suède…

FOCUS SUR MOBILEPAY ET LA SCANDINAVIE

La Scandinavie est fréquemment citée en exemple lorsqu’il est question de maturité
digitale, de services à distance ou de « cashless society ».
L’usage des cartes (ex : 430 transactions par carte/an en Norvège) y est extrêmement
développé. Il en est de même de la pénétration des smartphones (~90% de la population)
et de leur utilisation intensive.
Aujourd’hui, 27% des scandinaves déclarent avoir fait un transfert d’argent par mobile
et 53% d’entre eux, à avoir utilisé leur mobile pour payer.
Dans ce contexte, les banques scandinaves ont été promptes à lancer leurs propres
offres, qui en solo (MobilePay de Danske Bank est devenue au Danemark l’offre leader
de m-payment), qui en coalition (Vipps, Swish et Sirto respectivement en Norvège, Suède
et Finlande).
Lancé la même année au Danemark puis en Finlande, MobilePay a d’abord démarré
par le service PtoP avant d’ajouter au fil des ans d’autres fonctionnalités (paiement
in-app, paiement e-commerce, paiement instore, paiement d’abonnements,
cagnottes…) de sorte qu’aujourd’hui MobilePay affiche une réussite et des chiffres
très flatteurs :
•4 millions d’utilisateurs au Danemark (sur moins de 6 millions d’habitants) et environ
1 million en Finlande
•290 millions de transactions en 2018 contre 234 millions en 2017
•11,6 milliards € de volume transféré contre 8,8 milliards € en 2017
•31% de transactions CtoB au Danemark auprès de 130 000 marchands en 2018 vs
83 000 marchands en 2017.
De son côté, Vipps qui sert essentiellement à ses 3 millions d’utilisateurs norvégiens à effectuer des transferts d’argent, souhaite aborder d’autres seg
ments et noue des partenariats pour étoffer son aura, comme celui scellé avec Alipay.
Le service Swish né en 2012 et opéré par la société Getswish, propriété de 6 banques suédoises est sur tout utilisé pour la fonction PtoP, même si les
paiements e-commerce et in-store sont également proposés pour en faire un service plus universel.
Malgré son succès et ses près de 7 millions d’utilisateurs, Swish est loin de détrôner la carte qui reste le
mode de paiement dominant. Selon la banque centrale de Suède, 87% des Suédois déclarent avoir utilisé leurs cartes (débit ou crédit) pour effectuer leur
dernier paiement, contre 13% en cash.
Concluons enfin en évoquant l’initiative P27 dont l’objectif est de construire une infrastructure des paiements commune aux 27 millions d’habitants des 4 pays nordiques. Ce projet, initié par les 7 banques Nordea, Danske Bank, DNB, Handelsbanken, OP Financial Group, SEB et Swedbank, se dit prêt à accueillir tout autre opérateur financier et entend harmoniser/fluidifier les flux et systèmes de paiement au sein de cette région.

Opérateurs télécom

Comme nous le disions précédemment, quasiment tous les opérateurs mobiles dans les pays développés ont goûté au m-payment en mode NFC et de nombreuses initiatives ont fait long feu ou ont été reformatées.
Dans les pays émergents, il en est tout autrement, notamment en Afrique où l’on compte près de 400 millions de comptes de mobile money, et où ce sont les opérateurs télécom qui depuis plus de 10 ans, donnent le la et génèrent les volumes les plus conséquents.
∎Le leader M-Pesa (filiale de Safaricom) que l’on ne présente plus, a été le pionnier du mobile payment africain dès 2007 au Kenya et en Tanzanie.
C’est devenu un service « à tout faire » (retrait d’argent, PtoP, top-up, paiement de factures, paiement de proximité, transferts internationaux, crédit, épargne…) qui brasse un volume de l’ordre de 60 milliards € de transactions par an et qui est relayé par un réseau de plus de 200 000 agents.
M-Pesa a exporté sa marque et son savoir-faire dans une dizaine de pays, en Afrique, Asie et Europe et compte globalement environ 35 millions de clients dont 27 millions au Kenya.
Pour bien mesurer le poids de ces services, notons que Safaricom tire 30% de ses revenus de M-Pesa et que l’ensemble des services de Mobile Money du Kenya pèsent plus de la moitié du PIB du pays.
M-Pesa ne s’endort pas sur ses lauriers et poursuit sa croissance à marche forcée, notamment en nouant des partenariats avec des mastodontes comme PayPal, Western Union ou Alibaba.
∎ Les autres opérateurs télécom présents en Afrique connaissent un succès tout aussi remarquable dans les pays qu’ils couvrent, en particulier
Orange Money (40 millions de clients dans près de 20 pays), MTN, Airtel , Tigo…
Tous proposent également une offre riche combinant paiement et services financiers.
A noter l’alliance scellée entre Orange Money et MTN, dénommée Mowali , afin de favoriser l’interopérabilité de leurs services de mobile money dans plusieurs dizaines de pays africains.
Au-delà de l’Afrique et du Moyen-Orient, il importe de souligner que l’opérateur français Orange ne cache pas ses ambitions dans la sphère financière depuis des années : services de transfert d’argent et déploiement d’Orange Money en Europe (dont récemment en Roumanie) ; lancement de la solution de paiement mobile Orange Cash; banque digitale avec Orange Bank, ouverte en 2017, tout d’abord en France.
NB : à l’instar de ce qui se passe en Afrique, quelques opérateurs telco sont également proactifs et bien positionnés en matière de wallet digital dans d’autres géographies.
•Inde (Vodafone, Airtel, M-Pesa…)
•Indonésie (T-Cash de Telkomsel)
•Philippines (G-Cash de Globe Telecom)
•Birmanie (Wave Money de Telenor)…

Géants du web et réseaux sociaux

Forts de leur réussite extraordinaire dans leurs domaines respectifs, ces géants rêvent tous de devenir des ténors des paiements.
Quand certains ont fait des percées notables, d’autres cherchent encore la tactique gagnante.
∎Suprématie des « poids lourds » chinois
Sans conteste aucun, les chinois Ant Financial (Alibaba) avec Alipay et Tencent avec Wechatpay ont acquis une position dominante dans leur marché domestique et ont entamé leur expansion internationale avec détermination et succès.
En Chine, les volumes de transactions gérés par Wechatpay et Alipay (plus de 90% de part de marché à eux deux) se comptent depuis des années en milliers de milliards $ par an!
Sans commune mesure avec ce que génèrent leurs challengers locaux comme ApplePay, SamsungPay, Baidu Wallet… et bien entendu, ces mon
tants sont largement supérieurs à ce que l’on peut observer partout ailleurs.
C’est à se demander parfois dans quels registres l’empire du milieu n’est pas n° 1

COMMENT EXPLIQUER UNE TELLE PERFORMANCE ?

•La Chine compte plus d’1,3 milliard de clients de téléphonie mobile dont 80% en 4 G, et 98% des usagers Internet sont des usagers mobiles.
•Le développement du e-commerce et des market places a été tel qu’il a donné naissance à plusieurs géants du web, Alibaba et Tencent en tête, dont les croissances, les volumes de transactions et les capitalisations boursières sont « extravagants » (respectivement 440 milliards et 425 milliards de $ de market cap – mai 2019).
•Plus de 75% des ventes en ligne se font sur mobile.
•Les géants du e-commerce ont rapidement imposé leurs propres solutions de paiement Alipay et Tenpay qui sont devenues des tiers/marques de confiance.
•Malgré la force de frappe de Union Pay, la carte n’est pas parvenue à être dominante pour payer sur internet, comme c’est le cas en France, au R-U ou aux Etats-Unis.
•Pour mieux grandir, Tencent a de surcroît eu la bonne idée de surfer sur la puissance de son service de messagerie Wechat (1 milliard d’utilisateurs) et sur la tradition des « enveloppes rouges » en Chine pour démocratiser à très grande échelle son service Wechatpay.
Forts de leurs bataillons de clients dûment enrôlés et connus (plusieurs centaines de millions chacun), Alipay et Wechatpay continuent de renforcer leur hégémonie en :
•Rendant leurs modes de paiement basés sur le QR Code, universels et omnicanal(plus de10 millions de points de vente physiques en tout lieu et de toute taille les acceptent en Chine,). La version QR Code d’Alipay existe depuis 2011.
Grâce à cette technologie compatible avec le plus grand nombre d’OS et de types de téléphones, ils se sont affranchis d’une dépendance éventuelle vis-à-vis des fabricants de smartphones et des opérateurs mobiles.
•Promouvant des portails de services toujours plus riches (taxi, restaurant, utilities, services publics, santé, transport, PtoP…) dont ils « contrôlent » les contenus et auxquels les usagers sont d’autant plus attachés qu’ils s’accompagnent souvent d’offres promotionnelles et d’animations personnalisées.
•Exportant leur modèle grâce aux vagues de touristes chinois qui utilisent leurs méthodes de paiement favorites lorsqu’ils voyagent et dépensent à l’étranger. Alipay et Wechatpay ont ainsi scellé des dizaines d’alliances en Asie, en Amérique du Nord et Europe avec des PSP et acquéreurs dont BPCE, BNP Paribas, Worldline, Wirecard, Barclays, WorldPay, FirstData…
En Europe, Alipay semble avoir pris, à date, une longueur d’avance sur son concurrent direct Wechatpay et génère des montants de transactions supérieurs.
Leurs activités internationales sont pour l’instant circonscrites aux touristes chinois et les deux géants ont encore fort à faire pour augmenter leur réseau d’acceptation international (pour Alipay, il pourrait dépasser 10 000 magasins en France fin 2019).
Même s’il leur sera difficile pour moult raisons de rééditer la prouesse réalisée dans leur pays d’origine et d’exporter leurs modèles hors de leurs terres, ces deux larrons ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. Leur succès pourrait en effet leur donner des ailes, à savoir l’envie de recruter demain une clientèle locale et ainsi l’occasion de s’inviter dans la cour des X-Pay… L’histoire nous le dira tôt ou tard.
∎ D’autres asiatiques ne s’en laissent pas compter
Si l’on reste en Asie du Nord-Est, on remarquera également le beau parcours de deux entreprises : Line au Japon et Kakao en Corée.
Line est le réseau social leader au Japon (~60% de la population) et compte également plus de 100 millions d’usagers dans d’autres pays (Indonésie, Taiwan, Thaïlande).
En décembre 2014, Line a lancé avec succès son service de mobile payment LinePay au travers d’une filiale dédiée qui recense aujourd’hui environ 40 millions d’usagers dans 4 pays. LinePay propose également une carte de crédit en coopération avec Visa. Line a injecté 182 millions de $ dans sa filiale début 2019 pour accélérer son développement.
A noter également un accord signé avec Wechatpay permettant aux usagers du wallet chinois de payer en mode QR Code auprès du réseau de commerçants japonais acceptant LinePay.
Kakao est une « espèce de mini-Tencent» coréen. Surfant sur sa gamme de services dont la messagerie KakaoTalk, leader dans le pays, Kakao a lancé son wallet KakaoPay en 2014, dans un premier temps pour cibler les achats on-line. KakaoPay a ajouté la fonction QR Code, aujourd’hui disponible auprès de 200 000 points de vente. Globalement, KakaoPay revendique plus de 26 millions d’usagers pour un volume de plusieurs dizaines de milliards de dollars de transactions par an. A noter qu’Ant Financial (réponse du berger à la bergère), le bras armé d’Alibaba dans la finance a investi 200 millions de $ dans KakaoPay en 2017.
Amazon Pay à l’affût
L’ogre Amazon (qui naquit comme simple libraire en ligne il y a 25 ans) affiche des chiffres extraordinaires.
•CA 2018 de 233 milliards $ (+ 31% vs 2017) pour un résultat de 10 milliards $
•Capitalisation de 900 milliards $
•650 000 employés et des activités aux 4 coins de la planète
•Plus de 300 millions de clients
Amazon ne tarit pas d’ambition dans les paiements et services financiers et a d’ores et déjà lancé plusieurs offres ou racheté des entreprises dans ces
domaines: cartes de crédit, cartes prépayées, Amazon cash, crédit et prêts vers le grand public et les PME, assurance…
Malgré son ingéniosité et ses moyens colossaux, Amazon n’est pas encore au niveau de ses compétiteurs comme PayPal ou Alipay.
A l’instar d’un PayPal qui l’a fait bien avant lui, Amazon tente depuis quelques années et réussit, dans une certaine mesure, à apposer son bouton/wallet sur les pages de paiement d’autres e-marchands. Pour ce faire, il entend valoriser ses 35 millions de comptes AmazonPay disponibles dans plusieurs dizaines de pays ainsi que son savoir- faire indéniable dans le paiement on-line et dans la lutte contre la fraude.
Les e-marchands intéressés peuvent ainsi bénéficier d’un meilleur taux de rassurance et de conversion. Mais la marque Amazon peut aussi refroidir les ardeurs de certains d’entre eux qui craignent une cannibalisation de leur e-business.
Il faudra sans doute attendre encore quelque temps pour vérifier si les efforts pour internationaliser Amazon Pay seront couronnés de succès. Cela passe, comme les autres wallets providers l’ont fait, par des accords avec des PSP et acquéreurs, cf. celui récemment signé avec WorldPay.
Autre challenge de taille à relever : une présence modérée dans le paiement brick & mortar à la différence d’autres providers de wallets digitaux, dont les chinois en premier lieu. A noter enfin qu’Amazon a rejoint la cohorte d’acteurs du m-payment en Inde et propose
un énième service PtoP lancé dans le courant du 1er semestre 2019.
∎Et Facebook dans tout ça ?
Le plus gros réseau social du monde aux 2,5 milliards d’utilisateurs se verrait bien imiter le parcours d’un Wechat dans les paiements, mais à date il en est encore loin, même après avoir débauché l’ancien patron de Paypal, David Marcus, en 2014.
Les Facebook Crédits ont disparu et la fonctionnalité PtoP de Messenger aux Etats-Unis ne rivalise pas avec les services de ses concurrents PayPal/Venmo, Zelle et Square Cash. En Europe, faute de succès, ce service est d’ailleurs interrompu en France et au Royaume-Uni à compter de juin 2019.
Aussi, même quand on s’appelle Facebook, il n’est guère aisé de trouver la bonne potion magique.
Toutefois, elle pourrait être trouvée si d’aventure Facebook et ses autres marques (WhatsApp, Instagram) réussissaient le tour de force de faire décoller le social commerce et les paiements associés sur leurs plates-formes à coup de chatbots intelligents et demain de crypto-monnaie privée.
C’est en tout cas l’ambition de Facebook (qui soit dit en passant, a décidé de localiser l’expertise Paiements de WhatsApp en Europe), ce qui lui permettrait de changer la donne ou pour le moins, d’essayer de se hisser au niveau des géants mondiaux dans les paiements. X-Pay, le trio constitué par Apple Pay,
Samsung Pay et Google Pay
Force est de constater que ces acteurs rayonnent de plus en plus dans le ciel des paiements digitaux, même si à des degrés divers pour l’un ou l’autre.
Tous trois veulent surfer sur leur domination dans les smartphones et OS pour imposer leur marque de paiement sur tous les canaux et toutes les géographies possibles.
Dans la proximité, ils ont commencé par exploiter à bon compte l’extension continue du parc de TPE sans contact déployé par les banques et commerçants. Et dans le monde on-line, la fluidité de l’usage couplée à la sécurisation de l’authentification ne peuvent que les favoriser.
Ils revendiquent d’ailleurs tous un haut niveau de sécurité et une « sage » préservation, voire une « ignorance » des données qui transitent sur leurs plates-formes.
Google Pay
Commençons par le plus « ancien», en tout cas celui qui a affiché le plus tôt des velléités dans le paiement. Dans son parcours, Google a parfois « essuyé les plâtres» depuis le lancement de Google Wallet en 2011 suivi par Android Pay et a multiplié les essais avant de trouver, non sans mal, sa voie avec l’offre Google Pay.
Rappelons aussi que, fort d’une part de marché de plus de 75% au plan mondial avec son
OS, Google a aussi contribué à la démocratisation du HCE (Host Card Emulation), ce qui a
facilité l’éclosion de services de paiement sur Android de la part des émetteurs et banques.
Opérationnel depuis 2015 aux Etats-Unis, le service clé en mains Google Pay fonctionne
essentiellement en mode NFC sur la base des cartes préalablement enrôlées. L’application
permet selon les pays de stocker les cartes d’embarquement ou des tickets de cinéma et
d’utiliser des cartes cadeaux, cartes de fidélité et bons de réduction.
Il intègre également un service de transfert d’argent aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.
Pour attirer le chaland et accélérer son utilisation, Google Pay offre à ses partenaires bancaires
la possibilité d’envoyer des notifications géolocalisées, des informations en temps
réel et des messages pour augmenter l’engagement des utilisateurs.
Dans la même veine, toujours selon les pays, Google Pay met en place des opérations promotionnelles
destinées aux utilisateurs de son service, à l’instar de celle lancée au
Royaume-Uni en collaboration avec Visa (pour les détenteurs de cartes Visa), permettant
de gagner, par tirage au sort, des bons d’achat à valoir sur Google Play ou des assistants
vocaux Google Home.
Pour accélérer le déploiement de Google Pay, Google a noué une trentaine de partenariats
avec des PSP et acquéreurs, tels que Adyen, FirstData, Lyra, WorldPay, Wirecard etc…
Le service est pour l’instant opérationnel dans près de 30 pays et compterait moins de
50 millions d’usagers.
Mentionnons ici à titre d’illustration qu’au Royaume-Uni, la plupart des banques britanniques
(sauf Barclays), plusieurs néo-banques (Monzo, Starling, Revolut…) et émetteurs

(ex : Sodexo) ainsi qu’Amex… sont partenaires de Google Pay.

En France, pour l’instant, il s’agit de Revolut, N26, Edenred, Boursorama, Bunq, Lydia, Boon, Lunchr, Arkea…
et en Italie, de Unicredit, Nexi, Poste Italiane, UBI Banca, BPER, Revolut, N26, Mediolanum…

Aujourd’hui la traction de Google Pay est en retrait par rapport à celle d’Apple Pay. Mais,
compte tenu de l’importance du parc de téléphones Android éligibles à Google Pay,
l’opportunité est grande pour Google de recruter le plus grand nombre de partenaires
(banques et émetteurs) de sorte que leurs centaines de millions, voire demain, leurs milliards
de clients cumulés puissent ensuite adopter en masse Google Pay…
Rappelons enfin que certaines initiatives de paiement mobile de Google ont désormais
pris le nom Google Pay après avoir été lancé sous d’autres marques comme Tez en Inde.
∎ Apple Pay
Rendons à César ce qui est à César: Apple est souvent considéré à juste titre comme le
roi du design et de l’expérience client. Et Apple Pay a indéniablement réussi son entrée
dans l’arène des paiements, même s’il lui a fallu quelque temps.
Comme souvent lorsqu’il s’agit d’Apple, certains observateurs se sont en effet enflammés
plus que de raison lors du démarrage en 2014. Or, nous n’avons pas assisté à un tsunami
lors du lancement de son service, même si, après 5 ans de fonctionnement, les chiffres
affichés sont plus que confortables.
Aux Etats-Unis où l’iPhone se distingue par une part de marché supérieur à 40% (près de
100 millions d’usagers), Apple Pay est accessible dans 65% des points de vente (mai
2019).
En termes d’usage, fin 2018, plus d’un détenteur d’iPhones sur 4 aurait utilisé Apple Pay
au moins une fois. En revanche, « seuls » 7 à 8% d’entre eux l’auraient fait lors de leur
dernier paiement.
Que ce soit aux Etats-Unis ou au plan mondial (36 pays actifs en avril 2019), il n’est guère
aisé d’apprécier le nombre d’utilisateurs actifs. En revanche, selon Tim Cook himself lors
d’une de ses keynotes,
Apple Pay a généré dans le monde 1,8 milliard de transactions
sur le trimestre oct./déc. 2018 (dont on ignore la répartition par pays)
, soit une croissance de plus de 100% vs le trimestre équivalent de l’année passée.
NB : pour avoir quelques éléments de comparaison, le volume de transactions cartes
(débit, crédit, prépayé) aux Etats-Unis s’est élevé en 2017 (source Réserve Fédérale)
à 123,5 milliards pour une valeur de 6 500 milliards de $, en progression d’environ
10%. Ce qui fait une moyenne de 375 transactions/habitant.
Selon le World Payment Report (WPR), ce seraient plus de 650 milliards de
transactions non-cash qui seront réalisées dans le monde en 2019, dont plus
des 2 tiers par cartes.
A noter qu’en 2016, toujours selon le WPR, les volumes de transactions
e-wallet ont représenté 8.6% de l’ensemble des transactions non-cash et
que 40% émanaient de la Chine et le reliquat des autres pays.
La performance d’Apple est tout à fait honnête et elle l’est d’autant plus que c’est le seul
X-Pay à faire payer l’accès à son service aux émetteurs et banques, « obligés » de lui rétrocéder
un pourcentage sur le montant de la transaction. Ce qui forcément compromet leur
modèle économique.
Le montant de 0.10%/0.15% a circulé de-ci, de-là aux Etats-Unis mais sans certitude
aucune, tant la culture du secret est omniprésente chez Apple. Cette « dîme » devrait être
en tout cas moins élevée en Europe au regard du niveau des commissions d’interchange
qui ont été capés depuis quelques années et qui sont moindres qu’aux Etats-Unis.
Quoi qu’il en soit, il est indéniable que les échos en termes d’utilisation sont excellents,
tant Apple Pay assure une expérience client impeccable et peut compter sur des utilisateurs
particulièrement friands de ces nouveaux services.
Notons par ailleurs qu’outre le paiement, la fonction Wallet d’Apple permet de gérer ses
cartes privatives, de fidélité, d’embarquement, ses tickets et autres coupons…
Apple Pay supporte aussi un service PtoP (pour l’instant uniquement cantonné aux Etats-
Unis) et le paiement du transit dans quelques pays.
A date, parmi les milliers de banques et d’émetteurs proposant Apple Pay dans le monde, citons :
•France : Amex, Arkea, BNP Paribas, BPCE, HSBC, SG, Edenred, Orange Bank, Lydia, Carrefour Banque, La Banque Postale…
•UK : Amex, AIB, Barclays, HSBC, Lloyds, TSB, Sodexo, Natwest, RBS, Monzo…
•Allemagne : Comdirect, Unicredit, Deutsche Bank, Fidor, N26, O2…
•Pologne : Alior, Pekao, BNPParibas, Crédit Agricole, Getinbank, ING, mBank, Millenium, Bank Polski, Santander…
Comme d’autres géants du web avant lui, évoquons enfin qu’Apple a aussi lancé sa
carte de crédit début 2019, certes de façon originale, sinon à quoi bon.
Mais dans un marché des cartes de crédit américain hyperconcurrentiel, le succès n’est en rien garanti
pour la firme à la pomme, et il est donc prématuré de s’extasier outre mesure.
Concluons par ces deux dernières remarques à ce sujet :
•Sans surprise aucune, les GAFA tout en faisant les yeux doux aux émetteurs pour les
attirer dans leurs filets/wallets, ne s’interdisent pas de marcher sur leurs plates-
bandes quand bon leur semble, et l’initiative d’Apple n’est ni la première, ni la dernière preuve en la matière !
•Si même le roi Apple « se résout » à émettre une carte de paiement, c’est que le bon
vieux bout de plastique (ou de titanium en l’occurrence) que certains veulent en
permanence enterrer, a encore quelques vertus… et que pour le moins, associer wallet digital
et carte de paiement ne peut qu‘apporter un surcroît d’attractivité et d’usage.
Samsung Pay
Samsung Pay permet sur ses gammes de smartphones éligibles (plus de 5 millions en
France) le paiement mobile en magasin, in-app et on-line.
Samsung a noué des accords avec des banques et émetteurs, aujourd’hui dans environ 25 pays.
En France, le groupe coréen a convaincu à date BPCE, Crédit Agricole, Edenred, Apetiz,
Lydia, Boursorama Banque, Fortuneo, Max, PCS…
Aux Etats-Unis, tout comme ses concurrents, Samsung Pay a converti des centaines de
banques et credit unions dont Chase, Citi, Wells Fargo, Bank of America, US Bank, Amex,
PNC… En Chine, il s’agit entre autres des banques CIBC, Bank of China, China Construction
Bank, Bank of Communications, Citic…
Dans certaines régions, Samsung Pay embarque un service de transfert d’argent et le
paiement des transports en commun, comme c’est le cas en région parisienne depuis
2019.
Le wallet peut intégrer des cartes cadeaux, cartes de fidélité et autres coupons…
Samsung se différencie des autres X-Pay au travers de deux facettes au moins :
•Grâce à la technologie Magnetic Secure Transmission (MST), Samsung Pay peut fonctionner
avec la plupart des TPE classiques ne supportant pas la fonction NFC
•Samsung Pay finance un programme de récompenses Rewards qui permet aux utilisateurs
de son wallet de récolter des points transformables en cadeaux et bons d’achat
auprès de diverses enseignes partenaires.
Cette offre Rewards illustre combien il importe, au-delà de la qualité intrinsèque du service en
question, de proposer des incentives/« carottes » pour booster l’usage des wallets (Paypal en pro
pose régulièrement), même si ceux-ci sont censés apporter une expérience supérieure aux autres
modes de paiement.
Samsung Pay compte plus de 30 millions d’utilisateurs dans le monde.
En termes de volumes, Samsung a déclaré mi-2018 que les utilisateurs de Samsung Pay ont réalisé 1,3
milliard de transactions depuis son lancement en 2015. En comparaison, ce serait donc bien moins
que les chiffres annoncés par Apple (cf. plus haut).
Enfin, tout comme l’Apple Watch, Samsung propose un service de paiement au travers de certaines
catégories de montres à sa marque.
NB : si les trois X-Pay sont les plus connus, d’autres fabricants de smartphones ont lancé
à leur tour leur « Pay » comme Xiaomi, LG, Huawei…

Retailers / Distributeurs

Au même titre que par le passé, ils ont lancé leurs cartes de paiement privatives qu’ils ont parfois transformées en cartes de paiement open-loop par la suite, les groupes de la distribution généraliste ou spécialisée ont intégré le paiement à leurs app mobiles, dans le but de faciliter les parcours d’achat de leurs millions de clients.
Dans ce contexte, les fonctions hors paiement et la qualité de l’expérience (commodité, rapidité du check-out, reconnaissance, avantages et récompenses…) sont clé pour attirer et fidéliser une proportion significative de clients.
Depuis son lancement aux Etats-Unis, Starbucks (avec plus de 25 millions d’utilisateurs de son app de paiement) engrange des volumes considérables (près de 20% de son CA) dans ses milliers de cafés, mais ses concurrents s’y sont également mis avec succès tels que Dunkin’ Donuts.
Il en est de même des grandes chaînes de la distribution des deux côtés de l’Atlantique, comme Walmart, Target, Tesco, Casino, Auchan, Carrefour, CVS, Kohl, Système U, Netto, ExxonMobil, Shell, Total, Décathlon…qui ont lancé leurs « Pay » à leur sauce (NFC ou QR Code), agrémentés d’avantages divers (fidélité, coupons…), ce qui leur octroierait dès lors un avantage sur les autres solutions de paiement mobile n’offrant que le paiement « sec ».
Par de telles initiatives, ces enseignes dont l’emblématique Walmart (toujours prête à ferrailler contre les cards schemes et qui, pour l’instant, n’accepte pas Apple Pay) veulent ainsi :
•Lutter contre les risques de dépendance vis-à-vis des schemes ou des X-Pay
•Limiter le coût d’acceptation des modes de paiement
•Maîtriser leur offre de services et toutes les interactions correspondantes avec leurs clients.
A ses dizaines de millions de clients aux Etats-Unis, Walmart promet et garantit au travers de son wallet Walmart Pay une expérience fluide et utile à plus d’un titre :
•Enrôlement en moins de 60 secondes
•Enregistrement de tout type de cartes de débit et crédit (Visa, Mastercard, Amex,Discover) ou des cartes cadeau Walmart
•Fonctionnement sur les OS Apple et Android grâce au mode QR Code
•Check-out très rapide en caisse classique ou en self-service
•Intégration aisée à son programme Savings Catcher (soit-dit en passant, ce programme a été arrêté en mai 2019) et à d’autres fonctionnalités (liste de courses, coupons, offres exclusives, récompenses/fidélité…)
• Fiabilité et sécurité par reconnaissance biométrique ou code PIN
• Envoi automatique d’un e-reçu
• Possibilité d’accéder en instantané au paiement à crédit proposé par Walmart ; de « splitter » le montant dû en caisse entre les différents modes de paiement pré-enregistrés dans le wallet (ex : carte de débit ; carte cadeau), ou bien entre le wallet et d’autres modes de paiement (cartes ou espèces)

Start-up et autres intervenants

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *