mar. Jan 14th, 2025

En novembre, l’assurance vie confirme et signe. Le premier produit d’épargne français a réalisé une collecte nette de 4 milliards d’euros, Il profite de la propension des ménages à épargner. Ces derniers se portent de plus en plus vers l’épargne longue. La baisse des taux des dépôts à terme et la perspective d’une diminution des taux de l’épargne réglementée les incitent à privilégier l’assurance vie. La pratique des taux bonifiés de la part des assureurs et la bonne tenue des marchés « actions » hors France les amènent à opter, en effet, pour ce placement. L’encours de l’assurance vie s’élève ainsi, à la fin novembre, à 1985 milliards d’euros, en hausse de près de 5 % sur un an.

 

Novembre, un mois traditionnellement favorable à l’assurance vie 

 

En novembre, la collecte nette de l’assurance vie s’est donc élevée à 4 milliards d’euros, selon France Assureurs, contre 2,9 milliards d’euros en octobre et 2,5 milliards d’euros en septembre. Un an auparavant, en novembre 2023, l’assurance vie avait connu une collecte nette de seulement 414 millions d’euros. En novembre 2024, l’assurance vie signe ainsi sa onzième collecte nette positive consécutive. 

 

Au mois de novembre, la collecte nette a été portée par les unités de compte (+3,3 milliards d’euros). La collecte nette des fonds euros est, de son côté, redevenue positive de 700 millions d’euros. 

Depuis 1997, seulement trois décollectes ont été enregistrées en novembre :

2011 : -2,555 milliards d’euros ; 

2012 : -465 millions d’euros ;

2017 : -424 millions d’euros.

 

Les décollectes de 2011 et 2012 étaient intervenues en pleine crise des dettes souveraines. 

Le montant moyen de la collecte de ces dix dernières années en novembre est d’1 milliard d’euros. En onze mois, la collecte nette de l’assurance vie s’est élevée à 28,2 milliards d’euros. 

 

Des cotisations brutes à haut niveau

 

En lien avec l’effort élevé d’épargne des ménages, les cotisations d’assurance vie ont atteint un niveau record à plus de 15 milliards d’euros, proche de leur niveau du mois d’octobre. Au mois de septembre, elles s’étaient élevées à 12,3 milliards d’euros. En novembre 2023, elles s’étaient élevées à 12,8 milliards d’euros. La collecte brute en fonds euros a été de 8,95 milliards d’euros et celle en unités de compte de 6,1 milliards d’euros. 

 

Les assurés ont effectué d’importants versements sur leurs fonds en euros. Ils ont en revanche réduit leurs versements sur les unités de compte. Cette augmentation des cotisations brutes s’explique par la moindre attractivité des dépôts à terme dont les taux sont orientés à la baisse. En effet, les dépôts  à terme, qui concurrençaient les fonds euros depuis 2022, bénéficient d’une garantie en capital comme les fonds euros. Leur taux de rendement qui est connu à l’avance a été supérieur à ceux des fonds euros en 2023. 

 

Sur les onze premiers mois de l’année, les cotisations brutes avoisinaient 160 milliards d’euros, 99,1 milliards d’euros pour les fonds euros et 60,4 milliards d’euros pour les unités de compte. La part des cotisations en UC est de 40 % sur le mois de novembre et sur les onze premiers mois de l’année, soit un taux identique à celui de l’année 2023.  

 

Des prestations en recul en lien avec la préférence pour l’épargne financière

 

Les prestations se sont élevées à 11 milliards d’euros en novembre, contre 12 milliards d’euros en octobre et 9,8 en septembre. 

 

Sur les onze premiers mois de l’année, les rachats ont atteint 131 milliards d’euros, contre 138 milliards d’euros sur la même période en 2023. Cette baisse est imputable aux fonds euros qui sont moins sacrifiés par les ménages que précédemment. Les ménages sollicitent moins leur assurance vie pour acheter des biens immobiliers, le nombre de transactions ayant fortement baissé depuis deux ans (moins de 800 000 transactions en 2024 contre plus d’un million en 2022).  

 

Le PER termine l’année sur les chapeaux de roue 

 

Le Plan d’Épargne Retraite (PER)  a enregistré une collecte nette positive de 1,312 milliard d’euros en novembre, en hausse de 25 % par rapport à novembre  2023. La fin de l’année est favorable au PER qui bénéficie d’un incitation fiscale. Les ménages effectuent des arbitrages en faveur de ce produit afin d’alléger leur facture fiscale l’année suivante.  6,7 millions de PER assurance individuels ont été souscrits avec un encours qui atteint désormais 90 milliards d’euros. 

 

L’assurance vie, l’indétrônable placement numéro 1 des Français

 

Les prochains mois devraient rester favorables à l’assurance vie qui bénéficie du fort taux d’épargne des ménages. Les taux bonifiés des fonds euros conduisent les ménages à réallouer une partie de leur épargne liquide sur ces placements. La baisse du rendement des dépôts à terme favorise également cette réallocation. La diminution annoncée des taux de l’épargne réglementée conforte cette stratégie. 

 

Cercle de l’Épargne – données France Assureurs 

 

Vers une baisse du taux du Livret A 

 

Toute baisse du taux du Livret A est une décision éminemment politique. Le Livret A, produit d’épargne le plus populaire en France, est détenu par 82 % des Français. Son encours s’élevait à 426,8 milliards d’euros fin novembre 2024. La diminution de son taux vise à inciter les Français à moins épargner et à consommer davantage, afin de stimuler l’économie et d’augmenter les recettes de TVA. Toutefois, dans les faits, la corrélation entre le taux du Livret A et l’épargne n’est pas toujours évidente. Influencés par un contexte économique et politique anxiogène, les Français privilégient l’épargne de précaution, 

 

Quels taux pour les livrets réglementés au 1er février 2025 ?

 

Lundi 6 janvier, le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a annoncé une probable baisse du taux du Livret A de 3 % à environ 2,5 %. Ce taux sera fixé à la mi-janvier, après la publication des chiffres définitifs de l’inflation pour décembre. Sur cette base, le gouverneur de la Banque de France formulera une recommandation au ministre. Le taux du Livret A dépend, sauf circonstances exceptionnelles, d’une formule basée sur deux composantes : l’inflation et le taux du marché monétaire (€STR). Conformément à l’arrêté du 21 janvier 2021, ce taux est égal à la moyenne arithmétique de :

  • La moyenne semestrielle des taux à court terme en euros (€STR) définis par la Banque centrale européenne ;
  • La moyenne semestrielle de l’inflation annuelle (hors tabac) calculée par l’INSEE.

Ce taux ne peut pas être, par ailleurs, inférieur à 0,5 %.

 

Avec un taux €STR moyen de 1,6 % sur les six derniers mois et une inflation moyenne de 1,6 %, la formule aboutit à un taux de 2,5 % pour le Livret A, qui sera également appliqué au Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS).

 

Pour le Livret d’Épargne Populaire (LEP), le taux correspond au plus élevé entre :

 

  • Le taux d’inflation ;
  • Le taux du Livret A majoré de 0,5 point.

 

Compte tenu de l’inflation, le taux du LEP devrait passer de 4 % à 3 %, sauf décision contraire du ministre en faveur des épargnants modestes.

 

Le taux du Compte Épargne Logement (CEL), fixé à deux tiers de celui du Livret A, passera de 2 % à 1,5 %. Quant au Plan d’Épargne Logement (PEL), son taux est passé de 2,25 % à 1,75 %, le 1er janvier dernier. 

 

Quelles conséquences : pour les épargnants

 

La baisse du taux du Livret A réduit son rendement. Pour un Livret A moyen (7000 euros), la perte annuelle sera de 35 euros. Pour un Livret A au plafond (22 950 euros), la perte annuelle atteindra 114,75 euros.

 

Malgré cette baisse, le rendement réel du Livret A devrait rester positif en 2025, l’inflation prévue s’établissant autour de 1,6 %. Le rendement réel devrait ainsi être proche d’un point, sous réserve qu’une nouvelle baisse ne soit pas décidée en août.

Cette réduction de rendement pourrait inciter les épargnants à orienter leurs liquidités vers des fonds euros en assurance vie, dont le rendement devrait rester stable autour de 2,6 %.

 

Pour les banques

 

Les banques conservent 40 % des encours du Livret A, soit environ 170 milliards d’euros. Une baisse de 0,5 point de rendement leur permettrait d’économiser 852 millions d’euros par an. Pour le LDDS, le gain serait de 775 millions d’euros. Ces économies pourraient réduire les coûts des emprunts bancaires.

 

Pour la Caisse des Dépôts et les bailleurs sociaux

 

La Caisse des Dépôts centralise 60 % des ressources du Livret A, qui servent notamment à financer le logement social via des crédits aux bailleurs sociaux. Une baisse du taux de rendement diminuera le coût des crédits octroyés, ce qui pourrait dynamiser la production de logements sociaux.

 

Pour l’État

 

L’État espère que cette mesure stimulera la consommation et améliorera les recettes fiscales, notamment celles de la TVA. En outre, une moindre rémunération du Livret A réduit les pertes liées aux prélèvements obligatoires, puisque les intérêts de ce livret sont défiscalisés.

 

Une nouvelle baisse en août ?

 

Le taux du Livret A pourrait être à nouveau revu à la baisse au 1er août 2025, en raison de la composante monétaire de sa formule. La diminution des taux directeurs de la Banque centrale européenne pèserait sur le taux €STR. Le Livret A pourrait alors passer à 2,25 %.

 

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