dim. Déc 22nd, 2024

La crise du Covid-19, dès son arrivée en France début 2020, a montré nos carences en matière de souveraineté sanitaire et industrielle. Le président de la République et son gouvernement d’alors s’étaient engagés à y remédier. 4 ans plus tard, force est de constater que la France est encore loin du compte. La cession de Doliprane et de son usine de Lisieux, fleuron normand, est une nouvelle alerte.  

 

Prendre exemple sur les autres grandes puissances

 

Industriel de métier, je constate de par mon expérience professionnelle et mes déplacements internationaux que les autres grandes puissances comme la Chine, les États-Unis et l’Inde n’hésitent pas à prendre des mesures fortes afin de garantir leurs intérêts nationaux. Elles imposent par exemple un taux de participation minimal des entreprises locales à l’actionnariat en cas de cession à une entreprise étrangère ou une participation au conseil d’administration avec un droit de veto. Tout cela dans le but de garantir la pérennité de l’entreprise sur le sol national ainsi que l’emploi local.

Les gouvernements français qui se succèdent depuis des années font quant à eux preuve d’une grande naïveté. Si nous ne sommes pas en capacité de faire des propositions à la hauteur des fonds de pension américains qui rachètent nos industries, c’est très inquiétant. Il faut surtout se rendre à l’évidence : nous ne pourrons en effet préserver notre souveraineté, notre industrie et nos emplois sans y mettre les moyens.

 

Les masques, Alcatel… : tirer les leçons du passé

 

Plusieurs précédents nous le rappellent de manière cruelle :

  • Avant la crise du Covid-19, 95% des masques utilisés en France provenaient de Chine. Aujourd’hui, c’est 97%, d’après le Syndicat des fabricants français de masques. Bien loin de se réduire, notre dépendance aux importations chinoises dans ce secteur stratégique s’est donc accrue. Et pour ce qui est des entreprises françaises qui se sont lancées dans la production de masques au moment de la crise Covid, trois quarts d’entre elles ont mis la clé sous la porte faute de soutien de l’État et de l’absence de clauses de préférence dans les marchés publics.
  • Nous avons vu avec Alcatel que, malgré les promesses données lors du rachat en 2016 par Nokia, l’entreprise a subi depuis de nombreuses suppressions de postes. Une fois les transferts de compétences, savoir-faire et brevets partis à l’étranger, on s’oriente naturellement vers une fermeture du site d’origine. 

 

Un enjeu stratégique national

 

Comme nous l’enseigne l’expérience Alcatel, si dans l’immédiat, nos intérêts et nos emplois semblent préservés, rien n’est donc garanti sur le long terme, une fois que les savoir-faire auront été délocalisés (à horizon 5-7 ans).

Les collectivités normandes (région, départements et villes) mettent tout en œuvre pour garantir l’accès à la formation professionnelle et l’attractivité des entreprises de leurs territoires. Mais ici, l’enjeu se situe à une autre échelle. Il est national et même européen.

J’appelle donc l’État à prendre ses responsabilités et de véritables moyens d’actions pour garantir la pérennité de nos fleurons industriels et de notre souveraineté sanitaire.

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