Cette crainte récurrente d’une atteinte à l’épargne populaire a augmenté avec les annonces sur le financement l’économie de guerre. Essayons de décrypter les différentes informations diffusées dans les médias ces derniers jours.
1. Les États-Unis annoncent qu’ils se désengagent de l’aide militaire en Ukraine.
2. L’Europe et la France souhaitent prendre le relais pour accompagner l’Ukraine.
3. La France a un déficit public très important et le Gouvernement annonce ne pas vouloir augmenter les impôts. Il faut donc trouver d’autres moyens de financer cette aide militaire.
4. L’encours de l’assurance vie dépasse les 2 000 milliards d’euros. Pour les livrets réglementés, il est de 600 milliards d’euros.
Emmanuel Macron souhaite augmenter de manière importante le budget du ministère de la Défense pour atteindre 3 % du PIB, mais ne veut pas augmenter les impôts. Il faut donc trouver de l’argent ailleurs. Inutile d’avoir fait un master en finances publiques pour comprendre qu’il y a beaucoup de fonds à mobiliser du côté de l’épargne des Français.
Une spoliation de l’épargne est-elle possible ?
C’est la crainte qu’on peut lire ou entendre un peu partout. Si on devait en arriver là, c’est que la situation serait réellement dramatique. Même en 1914, l’État a fait appel à l’emprunt, et la Caisse des dépôts et consignations a mis en place des mécanismes de financement rémunérés.
Aujourd’hui, les idées avancées sont multiples.
Récupérer l’argent du livret A (et autres livrets réglementés)
On oublie un peu trop souvent que le livret d’épargne préféré des Français est utilisé pour financer des grands projets, du logement social notamment. Les entrepreneurs et promoteurs empruntent auprès de la Caisse des Dépôts et consignations à des taux supérieurs à ceux du livret A. C’est un système vertueux. Des députés ont porté l’idée de flécher aussi l’épargne du livret A vers l’industrie de la défense.
Capter les placements dans l’assurance-vie
Avec l’assurance-vie, on parle encore d’un des chouchous de l’épargnant français. 2 000 milliards d’euros d’encours, ce n’est pas rien. Comment cela pourrait-il se traduire concrètement ? Les gestionnaires d’assurances-vie seraient invités à acheter des obligations d’entreprises du complexe militaro-industriel. Là aussi, ces prêts seraient rémunérés.
Mobiliser l’épargne volontaire
La création d’un livret “défense”
Sur le modèle des livrets réglementés, ce livret “défense” présente les mêmes avantages que les autres. Ainsi, les épargnants pourraient choisir de placer leur patrimoine sur cet outil financier.
Le grand emprunt de défense
L’idée d’un grand emprunt fait son retour. On se souvient de l’idée avancée par Nicolas Sarkozy en pleine tempête financière en 2008 : un emprunt de 35 milliards d’euros pour financer les secteurs d’avenir. Il sera réalisé en 2009/2010. Aujourd’hui, le grand emprunt est une des pistes évoquées pour financer le secteur de la défense. Cela fonctionnerait uniquement sur le volontariat : chacun serait libre de souscrire à cet emprunt.
Un retour dans l’économie
Un des arguments pour cette mobilisation de l’épargne, c’est que l’argent investi est réinjecté dans notre économie. En effet, les fonds serviraient à financer les entreprises françaises qui travaillent pour les armées. Autrement dit : financer la guerre, c’est de l’emploi et de la croissance.
Vendre l’or de la France ?
Depuis que les pays s’affrontent dans des guerres, l’or a été utilisé pour soutenir l’effort de guerre, soit comme garantie d’emprunt, soit comme monnaie d’échange. Certains experts du commerce international estiment que la Russie a sans doute utilisé de l’or réputé intraçable pour contourner les sanctions économiques occidentales.
20 % de l’or de la France vendus par Sarkozy
En France, la dernière fois que de l’or a été vendu, ce n’était pas pour financer une guerre mais pour réduire le déficit public et financer des emplois dans la recherche. Nicolas Sarkozy ne comprend pas le principe de cet or qui ne rapporte « pas d’intérêt ». Il lance donc un programme de vente de 500 tonnes d’or en 5 ans. En 2004, l’opération commence avec une once à 428 dollars et se termine avec une once à 1050 dollars en 2009. Cela rapporte 4,67 milliards d’euros.