Par Clément Francomme, CEO d’Utocat
Soutenu par une appétence des investisseurs de plus en plus forte, l’univers du non coté tend à ouvrir ses portes à toujours plus de particuliers. De nombreux chantiers restent pourtant à mener tant du côté des banques que des autorités réglementaires.
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Alors que le taux du Livret A, placement préféré des Français, risque de chuter à 0,50 % début 2020 en raison de l’application d’une nouvelle méthode de calcul, de nombreux épargnants réfléchissent à comment mieux optimiser leurs placements, et notamment grâce au non coté, perçu comme le nouvel eldorado financier.
“Le « non-coté », un nouvel eldorado pour les épargnants ?”, “Comment bien investir dans le non-coté”, … Sujet tendance du moment dans les médias comme ailleurs, l’investissement non coté, autrement appelé “Private Equity”, attire en effet de plus en plus de particuliers, tentés de franchir le pas de ce qui était encore hier loin d’être à leur portée. Un intérêt dont témoigne les efforts des gouvernements successifs depuis plus de 20 ans, qui s’attachent à faciliter l’investissement dans ces entreprises non cotées en Bourse. Dernier sujet en date, la Loi PACTE et ses mesures phares rendant l’investissement dans le non coté plus accessible.
Le non coté sur la route de la démocratisation
La réalité est pourtant encore bien loin de ces ambitions gouvernementales. Face à des banques qui ne sont pas toujours bien armées pour conseiller et gérer facilement ce type de placements mais aussi au montant minimum à injecter pour pouvoir investir, les épargnants se retrouvent trop souvent désorientés. En effet, malgré les efforts considérables et non négligeables du gouvernement pour favoriser ce type de placements, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
A ce jour, il existe peu de moyens pour investir en direct dans des entreprises non cotées : soit par entrée en contact avec l’entreprise, soit par l’intermédiaire de plateformes de crowdfunding ou de clubs de business angels. Il existe la possibilité d’investir dans les fonds de capital-investissement, mais la plupart des fonds connus français sont réservés aux seuls professionnels et où les tickets d’entrée sont de l’ordre de 100 000€.
De plus, même si un décret d’application de la loi Pacte entré en vigueur le 16 novembre dernier[1] vise à élargir le panel des fonds de capital investissements éligibles à l’assurance vie, leur accès est encore plus que limité car ces unités de compte ne sont réservées qu’aux investisseurs professionnels
Gestion des titres non cotés : de nouvelles solutions émergent
En vue de faciliter davantage l’investissement dans le non coté, une des priorités consisterait à faciliter la gestion de ces actifs pour les banques. En effet, les établissements traditionnels se détournent actuellement du sujet pour deux raisons principales. D’une part, les banques manquent encore de processus internes et d’outils appropriés alors que la volumétrie actuelle n’est pas suffisante pour investir dans une solution sur mesure interne. A titre d’exemple, le processus d’achat d’un titre non coté dure aujourd’hui en moyenne 3 semaines et n’est que très peu dématérialisé. D’autre part, le coût de la gestion de ces actifs rend les perspectives de rentabilité de ce marché encore trop faible.
Et pourtant, avec un record estimé à 18,7 milliards d’euros levés en 2018 par France Invest, le nombre de levées de fonds en France n’a jamais été aussi important depuis 10 ans. Conscients de cette demande qui ne risque pas de s’arrêter en si bon chemin, les solutions dématérialisées de tenue de registre et de gestion des titres non cotés commencent d’ailleurs à émerger. Ces solutions vont contribuer à rendre plus rapide et plus efficace les opérations pour les banques et les entreprises.
Du côté de la législation, une des pistes pourrait concerner la baisse des tickets d’entrée, le seuil actuel de 10 000€ sur certains placements limitant naturellement les personnes concernées. Autoriser les placements depuis l’assurance vie en complément de l’actuel PEA via les plateformes de crowdfunding pourrait inciter les particuliers à investir davantage.
Alors que la Caisse d’Épargne et le Crédit Agricole ont franchi le pas en utilisant des outils leur permettant de faciliter les investissements de leur client, les autres banques n’ont pas manifesté à ce jour de volonté forte pour aider leurs client et répondre à leurs besoins d’investissement en non coté.
L’investissement non coté reste un domaine d’initiés ou de professionnels du placement tant que des solutions concrètes ne voient pas d’avantage le jour pour adresser la quête de sens des épargnants sur leurs placements. Et pourtant avec une rentabilité qui fait rêver, beaucoup d’épargnants seraient prêts à franchir le pas. Le tout est de les accompagner avec des solutions modernes pour leur en faciliter l’accès !