SEULEMENT 12% DES PASSAGERS AÉRIENS DÉCLARENT AVOIR HONTE DE PRENDRE L’AVION MAIS 14,5% SONT QUAND MEME PRÊTS A REDUIRE LEUR NOMBRE DE VOLS EN ATTENDANT L’ARRIVÉE D’INNOVATIONS VERTES POUR RÉDUIRE LEUR EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE
Le nouveau rapport de la Chaire Pégase étudie l’acceptabilité des innovations vertes dans le secteur aérien. Il révèle tout d’abord que les fortes préoccupations environnementales des Français ne se traduisent pas forcément par des actions concrètes en matière de transport aérien. Ainsi, seuls 12% des passagers aériens ressentent de la honte lorsqu’ils prennent l’avion. L’étude montre par ailleurs qu’à peine un tiers des Français connaissent les nouvelles technologies vertes sur lesquelles le secteur aérien parie pour réduire son empreinte environnementale. Sans générer de réel engouement pour les Français, ces nouvelles technologies vertes sont globalement acceptées et les passagers sont d’ailleurs prêts à payer 15,6% de plus leur billet pour voler dans un avion plus vert. Pour autant, ces innovations paraissent lointaines et en attendant leur développement, les passagers sont prêts à réduire de 14,5% leur nombre de vols pour limiter leur empreinte environnementale.
Que ce soit à l’échelle mondiale (LTAG au sein de l’OACI) ou à l’échelle européenne (ReFuelEU Aviation), différents plans de transition du secteur aérien ont été élaborés avec pour objectif une neutralité carbone à l’horizon 2050. Tous ces plans accordent une place importante aux solutions technologiques dans la transition écologique du secteur aérien. Des innovations concernant les nouveaux designs d’avions (comme les ailes volantes), les nouveaux types de moteurs (comme les open rotors), les nouveaux types de carburants (comme les SAF – Sustainable Aviation Fuels) ou les nouvelles formes d’énergie (comme l’hydrogène) sont donc attendues pour permettre au secteur aérien de réduire son empreinte environnementale.
Mais les innovations, et en particulier les innovations vertes, rencontrent souvent des freins à leur adoption par les consommateurs. Autrement dit, il est nécessaire de s’interroger sur les réactions potentielles des consommateurs et passagers aériens face aux nouvelles technologies sur lesquelles le secteur aérien compte s’appuyer pour réduire son empreinte environnementale.
Les passagers seront-ils prêts à voler dans ces nouveaux avions ? Accepteront-ils de voyager avec une compagnie aérienne dont les avions sont alimentés par des carburants d’aviation durable ou de l’hydrogène ? Seront-ils prêts à accepter le surcoût généré par ces nouvelles technologies ? Afin d’apporter des éléments de réponse, la Chaire Pégase a administré un questionnaire à un échantillon de 1000 répondants représentatifs de la population française.
Des Français préoccupés par l’environnement mais qui n’ont pas honte de prendre l’avion
Bien que 79% des Français se déclarent préoccupés par l’environnement de façon générale, l’importance accordée aux enjeux environnementaux dans l’aérien semble moindre. Ainsi, même si une part significative des répondants essaient de moins prendre l’avion (41%) et que le critère environnemental est important pour eux (36%), seulement 12% déclarent ressentir de la honte lorsqu’ils prennent l’avion.
Les innovations vertes encore méconnues pour les Français
L’étude révèle par ailleurs que les innovations sur lesquelles le transport aérien parie pour réduire son empreinte environnementale sont relativement méconnues, puisqu’à peine plus d’un tiers des Français (35% en moyenne) en avaient entendu parler avant cette étude. L’hydrogène est l’innovation la plus “connue” (50% des répondants en avaient déjà entendu parler). A l’inverse, seuls 19% des Français connaissaient l’existence des nouveaux types de moteurs, comme les open rotors.
En moyenne, ces innovations vertes sont relativement bien tolérées, sans pour autant générer de véritable engouement ou rejet par les répondants. Pour autant, des différences apparaissent entre les innovations, puisque l’hydrogène est globalement mieux accepté que les carburants d’aviation durable, suivis des nouveaux designs d’avions et enfin des nouveaux types de moteurs comme les open rotors.
La majorité des Français est prête à payer plus cher pour voyager avec une compagnie qui utilise des technologies vertes
Ces innovations vertes étant coûteuses, les aéroports et les compagnies aériennes seront probablement dans l’obligation de répercuter une partie des coûts supplémentaires sur le prix du billet. Les chercheurs de la Chaire Pégase montrent tout d’abord que seulement 56,5% des Français sont prêts à payer un supplément pour voyager avec une compagnie aérienne qui utilise des technologies vertes, et qu’en moyenne, ceux-ci sont prêts à payer 15,6% plus cher leur
billet.
Pour autant, ces innovations vertes leur paraissent lointaines : 55% des répondants les imaginent opérationnelles d’ici 1 à 9 ans et 28% des Français pensent les voir arriver dans 10 à 20 ans. Parmi les alternatives pour limiter leur empreinte environnementale à plus court terme, les passagers sont prêts à réduire de 14,5% leurs vols dans les 5 prochaines années.
Cette étude révèle donc que la faible connaissance et l’acceptabilité modérée des innovations vertes par les passagers aériens pourraient constituer un frein à la transition écologique du secteur aérien. Nos résultats soulignent donc l’importance de la pédagogie et de l’information des passagers, afin d’améliorer l’acceptabilité de ces technologies et accélérer la transition écologique du secteur aérien.
A propos de la Chaire Pégase
La Chaire Pégase est la première chaire française dédiée à l’économie et au management du transport aérien et de l’aérospatial. Elle a pour ambition de renforcer les liens entre le monde académique et les entreprises dans les secteurs de l’aérien et de l’aérospatial.
Rattachée à Montpellier Business School, la Chaire Pégase est développée en collaboration avec plusieurs institutions scientifiques dont l’Université de Montpellier. Dirigée par Paul Chiambaretto, la Chaire Pégase regroupe une vingtaine d’enseignants-chercheurs qui consacrent une partie de leurs travaux aux problématiques du transport aérien et de l’aérospatial.