Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie OMNEGY, vous propose son analyse des fluctuations du marché de l’énergie. Cette semaine, le prix du gaz stagne tandis que celui de l’électricité en France poursuit sa baisse, dans un contexte hivernal plutôt doux pour le moment.
Macroéconomie & Géopolitique : Pas de quatrième semaine consécutive de hausse sur les marchés américains : les discussions autour de l’IA, entre bulle spéculative ou consolidation, ont fait baisser les marchés du fait de valorisations d’entreprises extrêmement élevées. Ce mouvement s’est répercuté en Asie et en Europe
Le shutdown de l’administration américaine est également toujours d’actualité, et constitue le plus long de l’histoire du pays. Il dure désormais depuis 40 jours mais hier soir, des sénateurs démocrates se sont ralliés au camp républicain pour tenter de faire passer un budget fédéral couvrant les dépenses de l’Etat jusqu’à fin janvier 2026.
Gaz naturel: +0,1% sur les prix pour 2026 et +0,1% pour les prix de décembre 2025
Le prix du gaz est resté remarquablement stable sur la semaine.
Les flux norvégiens s’établissent toujours à près de 330 millions de m³/jour, quasiment à 100% de leur capacité et les volumes de GNL réceptionnés restent à des niveaux records, à près de 4,5 TWh/jour.
Les stocks de gaz sont remplis à 83%, contre 95% l’année passée à la même période et stagnent à ce niveau depuis désormais plus d’un mois. Cette difficulté de remplir les stocks au-delà de ce niveau est imputable à la demande gazière du continent, qui augmente progressivement.
La situation d’offre robuste et de stocks en stagnation implique un maintien des prix du gaz sur leurs niveaux actuels.
Électricité : -2,3% sur les prix pour 2026 et -3,8% pour les prix de décembre 2025
A court terme, les températures vont encore se maintenir au-dessus des normales de saison, et la production éolienne va faire son retour. Cette situation justifie donc une baisse des prix, car il y aura moins de demande et plus d’offre à coût marginal faible.
A plus long terme, le prix de l’électricité pour l’année prochaine et 2027 continue de s’effondrer, atteignant son plus bas niveau depuis quatre ans. La production nucléaire de la France pour le mois d’octobre, à 30,2 TWh, est la plus élevée depuis octobre 2021. La valeur du contrat pour 2026 passe sous les 54 €/MWh pour la première fois.
Pétrole : -2,47% sur le prix du pétrole brut
C’est la seconde semaine consécutive de baisse pour le prix du pétrole et celui-ci est en recul de près de 15% depuis le début de l’année, car le marché constate que la surproduction pétrolière annoncée (notamment par l’AIE) se matérialise. Au-delà de l’OPEP+, des pays comme le Brésil, les Etats-Unis ou bien encore le Guyana devraient voir leur production augmenter ou rester à des niveaux historiquement élevés dans les prochains mois.
Les frappes ukrainiennes sur les raffineries russes se poursuivent et pourraient provoquer ponctuellement des remontées des cours, bien qu’elles n’infléchiront pas la situation de surplus actuel sur le marché. Il en est de même avec la fin du shutdown aux Etats-Unis, qui peut temporairement soutenir les cours à la hausse.
Co2: +1,21% sur le prix des quotas pour décembre 2025
Le prix du CO2 a atteint un plus haut niveau depuis 9 mois mardi dernier, lorsqu’il a atteint 82,51 €/tonne avant de retomber juste en-dessous de la limite des 80 €/tonne vendredi à la clôture. La hausse des importations de GNL, la clémence des températures et la faible pression sur les prix du gaz a provoqué un léger retrait du prix du CO2 par rapport à son pic, bien qu’il reste à un niveau élevé. La spéculation sur cet actif est toujours à des niveaux records (100 millions de tonnes de positions longues).
Le prix du CO2 reste également soutenu par les bonnes données économiques du continent européen, où la production industrielle a progressé de 1,3% sur un an en France, de 1,7% en Espagne et les exportations allemandes ont augmenté de 1,4% sur un an.
Charbon: +2,32% sur la tonne de charbon
Le charbon reprend de la hauteur du fait de la baisse récente de la production éolienne et d’une augmentation de la demande de charbon en Allemagne, pour produire de l’électricité.
Prix du gaz dans le monde :
Le prix du gaz en Asie reste toujours plus élevé qu’en Europe et l’écart se creuse un peu plus, sans pour autant empêcher l’Europe de s’approvisionner en GNL.
Le prix du gaz aux Etats-Unis remonte assez fortement, en raison d’une hausse de la demande domestique.
