mar. Juin 24th, 2025

Par Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie OMNEGY,

Macroéconomie

Comme l’ensemble du marché des matières premières, les marchés financiers ont également été impactés par la situation au Moyen-Orient. La crainte d’une entrée des États-Unis dans le conflit a mis les indices sous pression.

Aux États-Unis, la Fed a décidé mercredi de maintenir ses taux directeurs inchangés. Elle reste attentive à l’évolution de la situation économique, en particulier à celle de l’inflation.

En Chine, les indicateurs économiques se sont révélés meilleurs qu’attendu, avec des ventes au détail et une production industrielle en hausse.

Géopolitique

Après avoir annoncé une période de réflexion de deux semaines, jeudi dernier, Donald Trump a approuvé une frappe ciblée sur les trois sites nucléaires iraniens les plus importants, dans la nuit de samedi à dimanche. Fordo, Natanz et Ispahan ont été visés par des B-52 équipés des célèbres bombes GBU-57, capables d’atteindre des cibles profondément enfouies sous terre. Cette opération marque l’entrée des États-Unis dans le conflit entre Israël et l’Iran.

Le régime iranien a promis de riposter à cette agression, et plus aucune cible américaine ne semble, à présent, à l’abri de représailles. Le Parlement iranien aurait validé la fermeture du détroit d’Ormuz, par où transitent 25 % du GNL mondial et 21 % du pétrole brut mondial. En revanche, cette situation a peu de chances de se concrétiser, car elle exposerait l’Iran à un mécontentement global des pays dépendants de cet approvisionnement. La communauté internationale appelle à une désescalade, un appel qui a peu de chances d’être entendu par les acteurs de ce conflit.

 

Gaz naturel:

+5,8 % sur les prix pour 2026 et +8,7 % pour les prix de juillet 2025.

Le mouvement de hausse entamé la semaine dernière s’est poursuivi cette semaine. Les prix du gaz restent fortement influencés par la situation géopolitique actuelle au Moyen-Orient.
Pour rappel, 8,5 % des exportations de gaz de la région sont destinées à l’Europe, et une rupture de l’approvisionnement liée à la fermeture du détroit d’Ormuz aurait des répercussions importantes sur les prix.
Concernant les fondamentaux, l’approvisionnement en GNL demeure confortable, avec plus de 4 TWh par jour, ce qui permet un remplissage continu des stocks. La France, par exemple, a déjà comblé son retard pour atteindre le même niveau qu’en 2024 à la même période, avec un taux de remplissage de 63 %.
Les flux norvégiens ont ralenti en raison d’une maintenance prévue au cours de la semaine, descendant à 250 millions de m³ par jour, mais sont revenus à la normale en fin de semaine à 309 millions de m³ par jour.
Le niveau de stockage européen a atteint 56 %, tandis que la consommation reste toujours faible.

 

Electricité:

1,9% sur les prix pour 2026 et +16,1 % pour les prix de juillet 2025.

À court terme, la vague de chaleur frappe l’Europe avec jusqu’à 6 °C au-dessus des normales en France, faisant bondir la demande en électricité. En parallèle, la production hydroélectrique baisse en Espagne, en Italie et en France, affectée par un temps sec. La production éolienne allemande reste faible, accentuant les tensions sur le réseau. Si le solaire et le vent limitent temporairement la hausse des prix, EDF alerte sur une possible réduction de la production nucléaire à Bugey et Saint-Alban, en raison du réchauffement des rivières. Les prix de l’électricité grimpent sous l’effet combiné d’une demande élevée et d’une offre contrainte. Une forte volatilité est attendue sur les marchés dans les prochains jours.

À moyen terme, les informations rassurantes d’EDF, indiquant que le problème de corrosion sous contrainte est désormais sous contrôle, ont permis aux prix de se détendre. Le réacteur de Civaux, déjà à l’arrêt, ne nécessite pas de prolongation de sa période de maintenance.

 

Autres drivers

Pétrole :

+5,24 % sur le prix du pétrole brut.

Le pétrole a progressé cette semaine en raison de la perspective d’une entrée des États-Unis dans le conflit entre Israël et l’Iran. Cette éventualité, qui s’est concrétisée ce week-end, avait maintenu les prix du pétrole sous tension. Une tension qui était toutefois retombée vendredi dernier, lorsque Donald Trump avait annoncé qu’aucune décision ne serait prise avant les deux prochaines semaines. Cette déclaration a été présentée par le pouvoir américain comme une stratégie destinée à mieux surprendre l’Iran, mais elle a, ce faisant, surpris tout le monde.

 

CO2 :

3,26% sur le prix des quotas pour décembre 2025.

Le CO2 est l’un des seuls produits à avoir baissé durant cette semaine haussière. Cette baisse apparaît principalement comme technique, car elle accompagne la clôture des options sur le CO2 arrivant à maturité cette semaine. Par ailleurs, malgré la hausse du gaz, il n’y a pas eu de transfert significatif de production d’électricité vers le charbon. Cette baisse des prix du CO2 devrait toutefois être de courte durée, car la hausse des prix du gaz et les inquiétudes concernant la production nucléaire en France restent présentes.

 

Charbon

+2,07 % sur la tonne de charbon.

En ce qui concerne les prix du charbon, ils ont suivi la tendance haussière, bien que de manière plus modérée. Cette poussée, principalement provoquée par la hausse généralisée des matières premières, n’est toutefois pas corrélée aux fondamentaux du marché. En effet, la production de charbon dépasse encore les besoins de la production d’électricité à partir de centrales à charbon, notamment en Chine. Cependant, cette tendance pourrait être de courte durée : la hausse saisonnière de la demande se profile déjà à l’horizon, avec des pics de températures atteints en Asie ainsi qu’en Europe.

Prix du gaz dans le monde

Les prix du gaz en Asie et aux États-Unis ont, eux aussi, subi l’influence de la situation géopolitique au Moyen-Orient, bien que dans des proportions moindres pour les États-Unis.

Une rupture de l’approvisionnement en GNL provenant du Moyen-Orient serait critique pour la Chine, car 25 % de ses importations proviennent de cette région. Avec l’approche de la période estivale, un manque de gaz pourrait entraîner une forte augmentation des prix de l’électricité liée à la production de froid.

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