mer. Déc 18th, 2024

Par BENJAMIN MELMAN Global Chief   Investment Officer,   Asset Management

Les marchés d’actions sont globalement en nette hausse  depuis le début de l’année mais cette solidité s’étiole après  analyse tant ces progressions sont concentrées sur quelques  grosses valeurs aux États-Unis (et dans une moindre mesure  en Europe). Si l’indice S&P 500 est en hausse de plus de 8%  depuis le début de l’année, sa version equal weighted a une  performance nulle, pointant une fragilité intrinsèque qui vient  en partie des résultats des entreprises mais aussi des incertitudes macro-économiques. 

LA LIQUIDITÉ DES BANQUES CENTRALES DEVRAIT  SE CONTRACTER 

Certes, l’environnement économique semble en lévitation tant le ralentissement  de l’activité et de l’inflation se met en place relativement lentement aux États Unis comme en Europe, l’emploi comme les salaires restant encore dynamiques.  Les résultats des entreprises du premier trimestre ont d’ailleurs finalement été  supérieurs aux attentes et tout particulièrement en Europe. Pour autant, le  durcissement des conditions d’octroi de crédit bancaire, la moindre demande  de crédit dont attestent les enquêtes de la Fed et de la BCE ou bien le troisième  mois consécutif de baisse de l’enquête allemande ZEW laissent peu de doutes  sur la dégradation à venir de la conjoncture. La question de la récession dont  tout le monde parle et qui a été jusqu’ici repoussée reste ainsi ouverte. 

Le risque de crise bancaire aux États-Unis est contenu mais reste encore fragile :  si les banques régionales américaines poursuivent un impressionnant repli en  Bourse, les dépôts bancaires s’effritent mais ne plongent pas. De même, si les  spreads sur les CMBS1 s’écartent, l’immobilier commercial étant identifié comme  un facteur de risque important, la crise se déroule pour l’heure sans trop de  heurts avérés. 

La liquidité des banques centrales est appelée à se contracter : les banques  américaines ne faisant plus appel aux facilités de la Fed et au regard des très  maigres réserves du Trésor américain à la Fed, les réserves bancaires devraient  retrouver le chemin de la baisse avec le quantitative tightening. En parallèle, la  BCE démarre le sien et la Banque du Japon n’a plus à accroître son bilan pour  maintenir sa politique de yield curve control, les marchés obligataires nippons  se stabilisant. 

1. Un commercial mortgage-backed security (CMBS) est une titrisation de crédits hypothécaires commerciaux.



CRISPATIONS AUTOUR DU  RELÈVEMENT DU PLAFOND DE LA  DETTE AUX ÉTATS-UNIS  

La question du plafond de la dette est un sujet de tensions à court terme et sa résolution sera un soulage ment pour les marchés. Nous n’envisageons pas que les  États-Unis aillent au défaut mais ne pouvons totalement  exclure l’invraisemblable. Et comme évoqué plus haut,  une augmentation du plafond de la dette engendrera  une reconstitution des liquidités du Trésor auprès de la  Fed qui mettra les réserves bancaires sous pression. À  une bonne nouvelle pourrait donc voir se succéder une  mauvaise. 

Au total, rien n’invite à sortir pour l’heure d’une exposi tion aux marchés d’actions plutôt prudente mais nous  souhaitons rester globalement investi dans la mesure  où dans cet environnement se dégradant, on note aussi  de bonnes nouvelles qui, si confirmées, pourraient avoir  un impact positif. En effet, on constate de meilleurs  chiffres d’inflation aux États-Unis pour le mois d’avril,  confirmant un début de ralentissement du « noyau  dur » (hors énergie, produits alimentaires et loyers) de  l’inflation. S’il est trop tôt pour tirer des conclusions, il  nous semble possible que la tendance se poursuive :  d’abord, les prix de l’énergie, des biens agricoles et du  fret sont en net repli, les pressions sur les chaînes de  production sont tombées au plus bas historique, les in 

dicateurs les plus avancés sur l’emploi (comme l’emploi  temporaire, en contraction) pointent une dégradation  à venir du marché du travail qui pourrait favoriser une  normalisation des salaires.  

Ainsi, nous profitons de la remontée récente des ren dements pour renforcer le poids de l’obligataire dans  nos portefeuilles dans l’idée que si la désinflation se  confirme bien aux États-Unis, les marchés obligataires  en bénéficieront et que le cas échant, ils serviront de  protection (sauf si l’inflation devait repartir, ce qui  nous semble improbable). Les actions chinoises, au  profil encore heurté, restent pour nous un réservoir de  surperformance, la reprise s’affirmant et la situation  sociale, dont atteste le très fort taux de chômage des  jeunes, ne laissant pas d’autres choix au gouvernement que de s’assurer que la conjoncture se redresse.  Le principal facteur de risque reste à nos yeux la  géopolitique. Nos thèmes de prédilection demeurent  la santé, le Big Data profitant à plein de la révolution  de l’intelligence artificielle, et le capital humain. Au  sein de la poche obligataire, nous conservons une  approche diversifiée au sein des ratings en privilégiant  toutefois la qualité.

*Vues du comité d’investissement sur la classe d’actifs/zone géographique sur  une échelle allant de -/- à +/+. Source : Edmond de Rothschild Asset Management  (France). Scores arrêtés au 15/05/2023. 

 

 

Sources : Bureau of Labor Statistics ; Harper Petersen Holding GmbH ; Baltic Exchange ; IHS Markit ; Institute for Supply Management ; Haver Analytics ; Refinitiv ;  authors’ calculations. 

À RETENIR 

-Légère prudence sur les actions  

-Nous renforçons le poids de l’obligataire  dans nos portefeuilles  

-Les actions chinoises, erratiques, peuvent  encore délivrer de belles surprises Nos thèmes de prédilection demeurent la  santé, le Big Data profitant à plein de la  révolution de l’intelligence artificielle, et le  capital humain 

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