Pour le Venezuela, mettre la main sur le pétrole de l’Essequibo ne permettrait pas d’améliorer la situation économique.
Le président venezuélien Nicolas Maduro a organisé un référendum visant à annexer l’Essequibo, une région riche en pétrole du Guyana voisin. Alors que le Venezuela souffre d’une situation économique catastrophique, le Guyana a connu une prodigieuse croissance portée par l’exploitation pétrolière. Pourtant, le pétrole de l’Essequibo ne règlerait en rien les difficultés économiques du pays, puisqu’il dispose déjà des premières réserves de pétrole mondiales mais se révèle incapable de les exploiter.
1) Venezuela et Guyana : Une évolution économique opposée
Alors que le Venezuela est englué dans une interminable crise économique, le Guyana connait une croissance fulgurante.
Le Venezuela a été un pays relativement prospère. En 1980, son PIB par habitant (parités de pouvoir d’achat en dollars constants) atteignait 72 % de celui de la France1. Cette spécificité du Venezuela se retrouve même dans la culture populaire : en 1946 dans Les bons vivants, Michel Audiard fait dire à Bertrand Blier que le bolivar (la monnaie du Venezuela) est « agréable à changer », autrement-dit qu’il est profitable d’en avoir du fait de sa valeur élevée2.
Aujourd’hui, le PIB par habitant du Venezuela ne représente plus que 13 % de celui de la France à cause d’une succession d’erreurs de politique économique, notamment l’autoritarisme des présidents Chavez et Maduro. À l’inverse le Guyana, qui a longtemps été un pays nettement plus pauvre que le Venezuela, connait une croissance prodigieuse depuis quelques années du fait de l’exploitation de gisements pétroliers : en 2022 la croissance économique y a été de 62 %, le rythme de progression le plus élevé au monde !
2) Crise au venezuela : plus réserves de pétrole de règlera rien
Le Venezuela se montre incapable d’exploiter ses gigantesques réserves de pétrole.
Le Venezuela dispose des réserves de pétrole les plus importantes au monde, devant l’Arabie Saoudite. Pourtant, en termes de production, le pays n’est qu’au 18ème rang mondial avec environ 700 000 barils par jour (contre 3 millions de barils par jour au début des années 2000). Le pétrole venezuélien, principalement composé de sables bitumineux et de pétrole lourd, est difficile à exploiter, d’autant plus qu’une partie des réserves est située en mer. Du fait des tensions géopolitiques avec l’Occident et de l’absence de devises pour importer du matériel d’exploration pétrolière, le pays ne parvient pas à exploiter ses gigantesques réserves.
Dans ce contexte, disposer de réserves de pétrole supplémentaires en annexant l’Essequibo n’arrangerait en rien la situation économique du pays. Pire, cela risquerait d’accroître les tensions diplomatiques, déjà élevées, entre le Venezuela de nombreux pays, à commencer par le Guyana. Il deviendrait encore plus compliqué pour le Venezuela de vendre son pétrole et d’obtenir les technologies dont il a désespérément besoin pour accroître sa production pétrolière.
Par Asterès