mer. Déc 18th, 2024

La semaine dernière, la Banque centrale européenne (BCE) a indiqué qu’elle en avait probablement fini avec les hausses de taux d’intérêt. Avec un taux directeur de 4,5 %, et après dix hausses, l’Allemagne est en récession et les indices PMI régionaux sont en contraction. Entre-temps, la Banque d’Angleterre (BoE) envisage une dernière hausse, alors que le Royaume-Uni est confronté à une inflation parmi les plus élevées au monde. Le contraste est saisissant avec les États-Unis, où les taux sont plus élevés depuis plus longtemps et où l’économie reste robuste. La transmission de la politique américaine est atténuée par les taux fixes et les échéances plus longues. En revanche, au Royaume-Uni et en Europe, elle est accélérée par des niveaux d’endettement plus élevés, une dépendance à l’égard des prêts bancaires et une dette à taux variable. Cette toile de fond accélère le ralentissement.

Les banques européennes sont surdimensionnées par rapport à leurs économies et aux États-Unis. Elles sont plus étroitement réglementées et mieux capitalisées que leurs homologues d’outre-Atlantique et n’ont pas été touchées par la contagion de la chute du Crédit suisse ou de la crise bancaire américaine de mars. Les prêts bancaires représentent 80 % du financement des entreprises, le reste provenant du marché obligataire. Cette répartition est inversée aux États-Unis. Les banques ont resserré leurs normes de prêt depuis un an et 43 % des entreprises se plaignent de la disponibilité des capitaux. C’est plus qu’aux États-Unis, malgré des taux directeurs plus élevés, car les spreads obligataires se sont resserrés. En outre, compte tenu de la rentabilité plus faible des entreprises européennes et de leur endettement plus élevé, elles sont plus nombreuses à dépendre de financements éternels.

Les niveaux d’endettement des ménages britanniques sont plus élevés qu’aux États-Unis, tandis que les niveaux européens sont beaucoup plus bas (voir graphique). Le segment de consommation le plus important est celui des prêts hypothécaires. Contrairement aux États-Unis, où un prêt hypothécaire à taux fixe sur 30 ans est la norme, il existe d’énormes différences entre le Royaume-Uni et l’Europe. Mais la moyenne est une durée plus courte de 25 ans, avec plus de 40 % de ces prêts à taux d’intérêt variable. Sans surprise, les pays scandinaves, où les prix de l’immobilier sont les plus élevés et où les taux d’intérêt sont les plus variables, ont connu les plus fortes baisses des prix de l’immobilier et ont dépassé la faiblesse des États-Unis.

Semaine de banques centrales. La Fed, sous haute surveillance

Les marchés devraient retenir leur souffle en ce début de semaine, dans l’attente de la décision de politique monétaire de la Fed mercredi et plus particulièrement des projections de taux pour 2023 et 2024, au travers du fameux « dot plot ».

 

Ce rapport, publié seulement une fois par trimestre et non pas à chaque décision de politique monétaire, pourrait surprendre les investisseurs. En effet, bien que le taux final à 5,6% de la Fed pour 2023 ne devrait pas changer, le taux attendu en 2024, pourrait être augmenté, afin de conforter l’idée que la réserve fédérale conserve des taux plus hauts, plus longtemps.

 

Au-delà de ce rapport, les marchés attendent une nouvelle pause de la Fed, qui pourrait signifier la fin du resserrement de la politique monétaire, malgré une inflation toujours bien au-delà de l’objectif et qui, par ailleurs, rebondit depuis deux mois maintenant.

 

La BCE, la semaine dernière, semblait prendre les devants avec une hausse de taux de 25 points de base, mais le discours de Christine Lagarde indiquait, qu’il pourrait s’agir de la dernière hausse et que le niveau des taux actuel devrait être suffisant pour réduire l’inflation sur le long terme.

 

Après une forte accélération des indices en Europe, les marchés pourraient s’inquiéter du fait que la réelle raison de ce changement de discours, est peut-être le ralentissement économique aggravé de la zone euro.

 

Au-delà de ces deux banques centrales majeures, nous serons attentifs aux décisions de politiques monétaires de la BNS en Suisse et de la BoE au Royaume-Uni, jeudi. Elles devraient toutes deux augmenter à nouveau leur taux de 25 pdb. Au Royaume-Uni, l’inflation reste proche des 7%, mais le ralentissement de l’économie pourrait rendre de plus en plus difficiles les hausses de taux dans le pays.

 

La BoJ, au Japon, donnera également son discours de politique monétaire et bien qu’aucun changement ne soit attendu, les marchés surveilleront avec soin les perspectives d’évolution du taux. Les récents commentaires du gouverneur de la BoJ, précisaient que la banque centrale japonaise pourrait monter son taux ou adopter une politique monétaire moins accommodante, en cas de persistance de l’inflation.

 

Côté statistiques, nous surveillerons dès mardi, l’indice des prix à la consommation (IPC) en zone euro. C’est le chiffre définitif du mois d’août et celui-ci devrait rester stable à 5,3%. L’après-midi, nous surveillerons certaines données sur le marché immobilier aux Etats-Unis.

 

Mercredi, la PBOC en Chine, publiera ses taux. Ceux-ci ne devraient pas bouger, malgré le ralentissement de l’économie, car la banque centrale chinoise surveille avec attention la dépréciation du Yuan par rapport au dollar. Nous serons également attentifs dans la journée à l’IPC au Royaume-Uni, attendu à nouveau en hausse à 7%, à la veille de la BoE.

 

Jeudi, les inscriptions au chômage, l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphia et de nombreuses autres données liées à ce dernier, seront publiés. Des statistiques sur l’immobilier US seront également dévoilées un peu plus tard dans l’après-midi.

 

Vendredi sera la journée la plus chargée en termes de statistiques. L’IPC au Japon sera publié, alors que nous surveillerons en même temps la décision de la BoJ.

 

Par la suite, nous regarderons les PMI manufacturier et de services en Europe, toujours attendus sous le seuil de contraction. Ces données n’inquiètent pas encore les marchés, mais pourraient rapidement prendre le pas sur le sentiment des investisseurs.

 

Dans l’après-midi, le même type de données est attendu aux Etats-Unis et l’activité de services sera particulièrement surveillée, car très proche de la zone de contraction, elle représente la plus grosse partie de l’économie américaine.

 

Le marché du pétrole sera également suivi, avec un WTI au-delà des 90$ et une hausse de près de 35% depuis le début de l’été, cela met une pression sur l’inflation. Le ministre de l’énergie de l’Arabie Saoudite, membre principal de l’OPEP en termes de production, s’exprimera ce lundi.

 

Enfin, sur le marché des cryptomonnaies, le Bitcoin semble se maintenir sur le support majeur à 25 000 dollars, mais, malgré des tentatives de rebond vers les 28 500 dollars, la perspective reste baissière et la cassure du support pourrait conduire à un retour vers les 20 000 dollars par la suite.

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