En octobre, la Fed a baissé ses taux pour la deuxième fois consécutive, tout en exprimant une grande prudence à l’égard de la suite du mouvement. La BCE a, quant à elle, de nouveau opté pour le statu quo. Les données d’activité ont été un peu meilleures qu’attendu en zone Euro, tandis qu’elles nous manquent aux Etats-Unis à cause du shutdown. Les marchés financiers ont poursuivi leur ascension, défiant ainsi les craintes entourant habituellement la période automnale.
Ces observations ne sont pas neutres en matière d’allocation d’actifs. Ainsi, si nous favorisons globalement les actions sur un horizon de six mois, nous continuons de prôner une plus grande diversification géographique en dehors des Etats-Unis, compte tenu de notre scénario
Agenda – Novembre
USA Euro Chine Japon
Réunions économiques
Banques centrales 2 Indicateurs
Inflation 13 19 09 21 Production industrielle 18 13 14 17 Indices PMI 21 21 21 Moral des ménages 07 20
En zone Euro, la confiance des entreprises fait preuve de résilience malgré l’instauration des droits de douane. Cette bonne tenue masque toutefois des disparités sectorielles et géographiques. L’activité dans l’industrie et le secteur manufacturier a cessé de se dégrader, mais elle n’est pas encore franchement repartie. Idem s’agissant du secteur de la construction. Les consommateurs ne sont guère plus enthousiastes. La situation est en revanche plutôt bien orientée dans les services. Parallèlement, les pays du sud de l’Europe tirent leur épingle du jeu. De même que l’Allemagne grâce aux annonces faites en début d’année. A contrario, la France demeure en retrait par rapport à cette tendance. Toujours à la peine, les données dures – celles qui ne relèvent pas du « sentiment » – semblent malgré tout en voie de redressement, comme en témoigne la progression de 0,2% du PIB en zone Euro pour le troisième trimestre (vs 0,1% anticipé). Ce rythme de croissance est toutefois loin d’être satisfaisant et c’est bien là tout l’enjeu des trimestres à venir. A cet égard, nous continuons d’anticiper une inflexion du cycle, tout particulièrement en 2026. D’une part, en raison de la mise en œuvre du plan allemand de réarmement et d’infrastructures, qui devrait bénéficier à l’ensemble de la zone par ruissellement, d’autre part, grâce à des vents porteurs qui ne se sont pas encore pleinement exprimés jusqu’à présent. La consommation des ménages devrait ainsi contribuer davantage à la croissance, dans le sillage de l’augmentation des revenus réels et des baisses des taux passées. L’inflation, qui gravite autour de 2%, ne devrait pas dévier sensiblement de cette tendance. C’est pourquoi, nous continuons de prévoir un maintien des taux directeurs de la BCE sur les niveaux actuels (pour plus de détails, voir ici).
Aux Etats-Unis, le shutdown en cours depuis le 1er octobre – en passe de devenir le plus long de l’histoire – perturbe la publication de la plupart des statistiques publiques. L’indice des prix à la consommation a ainsi été publié avec plus d’une semaine de retard et a fait état d’une
par des entreprises privées pointent néanmoins vers une stabilisation de la situation. Mais le marché du travail demeure figé. Les créations d’emplois sont faibles, tout comme les licenciements et les démissions. Les comptes nationaux du troisième trimestre n’ont pas été publiés non plus. Idem pour les chiffres de consommation du mois de septembre. A ce stade, le scénario le plus probable reste celui d’une poursuite du ralentissement de l’économie américaine, moyennant les distorsions observées jusqu’ici. Les dépenses d’investissement dans l’intelligence artificielle devraient continuer à contribuer positivement au PIB américain. L’effet richesse – prolongement de la hausse des marchés d’actions – dont jouissent les ménages reste un facteur de soutien. En creux pourtant, le pouvoir d’achat des ménages, tout particulièrement les moins aisés d’entre eux, devrait être pénalisé par les répercussions de l’augmentation des droits de douane. Les dépenses d’investissement plus « traditionnelles » pourraient également pâtir plus longtemps de l’« incertitude Trumpienne ». Enfin, après avoir abaissé ses taux directeurs en septembre et en octobre, la Fed devrait poursuivre son ajustement de politique monétaire, de manière non linéaire toutefois (voir ici).
Côté marchés financiers, les actions américaines sont toujours chères, archi chères. Selon la plupart des métriques, leur valorisation actuelle est la plus élevée jamais atteinte depuis la bulle internet des années 2000. Cette situation tire son explication dans la concentration de la capitalisation boursière des indices sur quelques valeurs seulement, toutes à de hauts niveaux de valorisation et toutes liées de près ou de très près à la thématique de l’intelligence artificielle. Il n’existe cependant pas de définition universelle de ce qu’est une bulle. Aussi, nous ne nous risquerons pas à qualifier ce phénomène comme tel. Mais une chose est sûre : la thématique de l’intelligence artificielle emporte tout. Elle revêt une importance financière, économique, (géo) politique et sociétale. En outre, de tels niveaux de valorisation ne préjugent pas nécessairement de performanceséconomique et de valorisations moins tendues et moins concentrées ailleurs dans le monde.
Florent Wabont
Economiste
