dim. Nov 17th, 2024

Mardi 5 octobre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté, son étude Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) sur le niveau des élèves de quinze ans. Cette huitième enquête est la première à mesurer le niveau scolaire après la pandémie. Près de 700 000 élèves de 15 ans dans 81 pays membres et partenaires de l’OCDE ont participé à l’enquête PISA 2022 sur les mathématiques, la compréhension de l’écrit et les sciences. Cette enquête comporte pour la première fois des données sur le bien-être et l’équité avant et après la pandémie de COVID-19. Dans l’ensemble, l’enquête PISA 2022 a enregistré en moyenne une baisse sans précédent des résultats dans la zone OCDE. Par rapport à 2018, les résultats moyens ont reculé de 10 points en compréhension de l’écrit et de près de 15 points en mathématiques. La forte baisse des résultats en mathématiques est trois fois plus importante que les variations précédentes. Cette baisse est particulièrement marquée dans quelques pays, dont l’Allemagne, l’Islande, les Pays-Bas, la Norvège et la Pologne, qui ont tous enregistré une baisse de 25 points ou plus en mathématiques entre 2018 et 2022. Selon l’OCDE, ce recul ne s’explique qu’en partie par la pandémie. La France occupe, comme en 2018, la 23e, place dans le classement PISA juste devant l’Allemagne. Elle devance les États-Unis (31e). L’OCDE souligne que de nombreux pays, dont le Cambodge, la Colombie, le Costa Rica, l’Indonésie, le Maroc, le Paraguay et la Roumanie, ont progressé dans l’ouverture de l’accès à l’éducation notamment en avançant à grands pas vers l’enseignement secondaire universel. 

 

L’Asie en pointe 

 

En mathématiques, Singapour et cinq autres systèmes éducatifs d’Asie orientale, à savoir Macao (Chine), Taipei chinois, Hong Kong (Chine), Japon et Corée, ont obtenu de meilleurs résultats que tous les autres pays. Ces mêmes pays et économies se classent en deuxième position au regard des résultats en sciences, avec l’Estonie et le Canada. En compréhension de l’écrit, l’Irlande a obtenu des résultats aussi bons que ceux du Japon, de la Corée, du Taipei chinois et de l’Estonie. Dix autres pays affichent à la fois un fort pourcentage d’élèves de 15 ans atteignant au moins un niveau de base en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences, et un niveau élevé d’équité socioéconomique dans les résultats : le Canada, le Danemark, la Finlande, Hong Kong (Chine), l’Irlande, le Japon, la Corée, la Lettonie, Macao (Chine) et le Royaume-Uni. 

 

Durant la pandémie de COVID19, la moitié environ des élèves des pays de l’OCDE ont été confrontés à la fermeture de leur établissement scolaire pendant plus de trois mois. Cependant, l’enquête ne montre pas de différence claire dans l’évolution des performances entre les systèmes éducatifs où les fermetures sont restées limitées, comme l’Islande, la Suède et le Taipei chinois, et ceux où elles ont duré plus longtemps, comme le Brésil, l’Irlande et la Jamaïque.

 

L’enquête révèle également que c’est la disponibilité des enseignants pour aider les élèves qui en avaient besoin qui a représenté le principal déterminant des résultats en mathématiques à l’échelle de l’OCDE. Les scores dans cette matière sont supérieurs de 15 points en moyenne chez les élèves qui indiquent avoir bénéficié de l’aide de leur professeur. Ces élèves apparaissent également plus à l’aise que leurs camarades avec l’apprentissage autonome et à distance. Malgré cela, un élève sur cinq seulement au total déclare avoir reçu, en 2022, une aide supplémentaire de la part de ses enseignants dans certains cours. Environ 8 % n’ont jamais ou presque jamais reçu de soutien supplémentaire.

 

L’enquête met également en lumière l’évolution rapide des effets de la technologie sur les résultats scolaires des enfants. Selon les résultats du PISA, une utilisation modérée d’appareils numériques à l’école est associée à de meilleurs résultats scolaires, mais cela dépend de la technologie utilisée pour favoriser, et non freiner, l’apprentissage. En moyenne dans les pays de l’OCDE, les élèves qui passent jusqu’à une heure par jour sur des appareils numériques pendant leurs loisirs obtiennent des scores en mathématiques supérieurs de 49 points à ceux des élèves qui y consacrent entre cinq et sept heures par jour, après prise en compte du profil socioéconomique des élèves et des établissements.

 

En moyenne dans l’OCDE, 45 % des élèves se disent nerveux ou anxieux si leur téléphone n’est pas à proximité, et 65 % indiquent être déconcentrés par l’utilisation d’appareils numériques dans au moins certains cours de mathématiques, pourcentage qui dépasse 80 % en Argentine, au Brésil, au Canada, au Chili, en Finlande, en Lettonie, en Mongolie, en Nouvelle-Zélande et en Uruguay. Les élèves déclarant être déconcentrés par d’autres élèves utilisant des appareils numériques dans certains, la plupart ou tous les cours de mathématiques ont obtenu 15 points de moins aux tests de mathématiques du PISA que ceux qui le sont rarement. Cela équivaut à un déficit de trois quarts d’année scolaire, même en tenant compte du profil socioéconomique des élèves et des établissements.

 

La dégradation du niveau des élèves français se poursuit 

 

La France les résultats baissent plus fortement que la moyenne de l’OCDE. En mathématiques, le niveau des élèves recule de 21 points, et de 19 points en compréhension de l’écrit par rapport à 2018. Pour les sciences, l’OCDE ne relève en revanche, aucun changement significatif. La France demeure dans la moyenne des pays de l’OCDE dans les trois domaines étudiés (mathématiques, compréhension de l’écrit et sciences). La France n’est pas la seule à connaître une diminution de sa notation. L’Allemagne, la Finlande et la Norvège enregistrent des baisses plus importantes. Certains pays résistent mieux comme l’Estonie, l’Autriche ou l’Irlande. Le Japon réussit même à améliorer ses résultats.

 

En France, la baisse concerne tous les élèves, les plus en difficulté comme les meilleurs. Entre 2012 et 2022, la France a vu sa part d’élèves très performants baisser de 5,5 points et celle d’élèves peu performants augmenter de 6,5 points. Ces évolutions sont « plus accentuées » que dans la moyenne de l’OCDE. Seul un élève sur deux déclare que son professeur s’intéresse aux progrès de chaque élève dans la plupart des cours.  59 % des élèves indiquent que le professeur continue à expliquer jusqu’à ce que les élèves aient compris. La pénurie de professeurs est un véritable problème en France. Elle a augmenté de 50 % par rapport à 2018 et affecte le niveau des résultats. En 2018, 17 % des élèves étaient dans des établissements confrontés à des pénuries d’enseignants entravant l’instruction. En 2022, cette proportion est de 67 %. Cette hausse est la plus importante de l’OCDE (+50 points, contre une moyenne de +21 points).

 

Parmi les rares satisfactions figure la stabilisation des inégalités en France lors de ces dix dernières années mais elles demeurent parmi les plus importantes de l’OCDE. En mathématiques, l’écart entre les élèves les plus favorisés et les moins favorisés est plus important que dans le reste de l’OCDE. 

 

Les élèves français se disent plutôt heureux – ils se situent entre 7 et 10 sur une échelle de satisfaction entre 0 et 10. Ils sont aussi moins anxieux en 2022 qu’en 2012 à l’idée d’avoir de mauvaises notes en mathématiques (64 % sont inquiets, contre 73 % en 2012). Seuls 34 % sont tendus avant de réaliser un devoir de mathématiques, contre 51 % il y a dix ans.

 

Dans les classes, notamment en cours de maths, le climat de discipline est toujours moins favorable aux apprentissages en France, comme en 2018. La moitié des élèves (30 % seulement en moyenne dans l’OCDE) déclare qu’il y a du bruit et de l’agitation dans la plupart des cours de maths. De fait, 42 % des élèves n’écoutent pas ce que dit leur professeur, et 41 % ne peuvent commencer à travailler que bien après le début du cours. 30 % des élèves français indiquent être distraits en cours par l’utilisation d’appareils numériques – les leurs ou ceux des autres. En France, plus d’un élève sur cinq déclare avoir subi une situation de violence scolaire plus d’une fois par mois durant l’année qui a précédé le test PISA. Les filles sont davantage touchées. Et les zones rurales (33 %) sont plus concernées que les grandes villes (19 %).

 

Par le Cercle de l’épargne

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