Le déficit commercial de la France s’est réduit en juillet à –5,6 milliards d’euros, contre –7,2 milliards en juin, selon les douanes. Le chiffre est meilleur qu’attendu (consensus à –7,3 Md€). Cette embellie repose à la fois sur une hausse des exportations (52,1 Md€ contre 50,8 Md€ en juin) et une légère baisse des importations (57,7 Md€ contre 58 Md€). Les nouveaux droits de douane américains n’étaient pas encore effectifs.
◼ Mais l’amélioration tient essentiellement au secteur énergétique, dopé par une envolée des prix à l’export et non à une reprise industrielle. Hors énergie, le déficit se creuse encore : la balance des produits manufacturés se dégrade (–0,2 Md€), les biens d’investissement et intermédiaires stagnent, et la balance des biens de consommation recule également. De même, la balance des biens de consommation se détériore (- 0,2 Md€).
Sur l’ensemble du premier semestre, le déficit reste lourd : -20,1 Md€ au T1 et -22,9 Md€ au T2.
◼ Ces chiffres constituent les dernières données avant la prise en compte des nouveaux droits de douane de l’administration Trump, qui n’étaient pas encore effectifs en juillet. Cependant, les droits de douane ne devraient pas impacter significativement la balance commerciale globale de la France (les Etats-Unis représentent environ 8% de nos exportations), mais les prochaines données seront à examiner avec attention.
o Côté secteurs, quelques signaux contrastés apparaissent. Les exportations de textiles, habillement et cuir reculent très légèrement (–0,01 milliard). À l’inverse, la chimie enregistre une nette progression (6,3 milliards contre 5,9 en juin), tout comme la pharmacie (3,4 milliards contre 3,3) – Une évolution encourageante pour deux des piliers traditionnels des exportations françaises.
o Les relations commerciales avec la Chine seront également décisives. Alors que Pékin renforce sa présence sur le marché européen en réaction aux mesures américaines, la France semble mieux résister que ses voisins européens. Le déficit bilatéral se réduit à –3,8 milliards (contre –4,1 en juin), grâce à une baisse des importations (6,2 milliards en juillet contre 6,4 en juin).
En revanche, le compte courant continue de se dégrader en juillet et enregistre un solde négatif de -2,5 Md€ (contre -2,5 Md€ en juin).
- Le solde du compte courant (somme des échanges de biens, de services et des flux de revenus), permet de savoir si un pays possède un besoin ou une capacité de financement externe. Schématiquement, le compte courant est pour un pays ce que serait pour un ménage la balance de ses revenus et de ses dépenses. Le risque, quand un pays présente un solde courant structurellement déficitaire, est d’accumuler une dette externe et que, soudainement, les autres pays refusent de continuer à financer ce déficit.
Point croissance : Une économie française qui résiste mais sans moteur
En août, l’indice PMI manufacturier a repassé la barre symbolique des 50 points – signe de reprise – quand l’Allemagne reste engluée en territoire de contraction. Le chômage, lui, se maintient à 7,6 %.
Mais le moteur interne reste grippé. La croissance du T2 (+0,3 %, en glissement trimestriel) n’est due qu’à une accumulation de stocks. La consommation des ménages reste atone, malgré une inflation retombée à 0,9 % en août, et le taux d’épargne grimpe à 18,9 % du revenu disponible, porté par les retraités. L’investissement des entreprises, lui, reste à l’arrêt depuis le resserrement monétaire lancé par la BCE en 2022.
L’Allemagne cale
Outre-Rhin, les difficultés s’accentuent. Les commandes à l’industrie ont reculé de 2,9 % en juillet (données publiées ce matin), contre une hausse attendue de 0,5 %. Elles étaient déjà en baisse de 0,2 % en juin, selon l’Office fédéral des statistiques.
◼ Résultat : une économie française qui donne encore le change dans les chiffres, mais qui avance sans moteur. Un problème dans un contexte où les chiffres du déficit public de juillet surprennent en dépassant les attentes du marché : Le déficit budgétaire cumulé atteint –142 Md€ en juillet (attentes à –107,2 Md€), d’après les données de l’Agence France Trésor, publiées ce mardi.
En comparaison annuelle, la situation s’améliore toutefois : en juillet 2024, le déficit s’élevait à –156,9 Md€, soit une réduction de 14,9 Md€.
◼ Dépenses publiques : elles s’établissent à 271,8 Md€, contre 276,8 Md€ un an plus tôt, soit une baisse de 1 %.
◼ Recettes (hors remboursements et dégrèvements) : elles progressent nettement, atteignant 193,1 Md€, contre 182,6 Md€ en 2024, soit une hausse de 6 %.
Deux sources concernant le commerce extérieur : les Douanes et la Banque de France
Il existe deux sources concernant le commerce extérieur français. Celle des Douanes ne correspond qu’aux échanges de biens, comptabilisés lorsqu’ils passent la frontière. Celle de la Banque de France comprend à la fois les biens et les services et considère le consommateur final plutôt que le franchissement des frontières. Par exemple, un touriste étranger en France qui achète un bien chinois est une importation française pour les Douanes (franchissement de la frontière) mais pas pour la Banque de France (ce n’est pas un résident français qui achète le bien). Chaque donnée présente des forces et des faiblesses :
– Les données des Douanes, très détaillées, sont utiles pour observer les variations des échanges pour chaque pays ou par type de produits.
– Les données de la Banque de France sont en revanche plus pertinentes pour obtenir une vision globale du solde extérieur de la France. Elles renseignent également sur l’ensemble de la balance des paiements et donc sur le besoin ou la capacité de financement externe du pays.