lun. Sep 8th, 2025

Par Rudy Casbi

« Pharaon commet tous ces crimes sans jamais imaginer que ce sont ces actions qui vont créer les conditions de la prophétie qu’il redoute tant. » — Elie Wague, auteur

 

Dans un monde saturé de bruit, où la parole se consomme comme une monnaie dévaluée, le silence se révèle comme la dernière réserve de souveraineté. Michel de Montaigne, philosophe français, rappelait que « le silence est la véritable éloquence ». Dans l’arène politique comme dans l’univers de la finance, ce silence n’est pas un vide : il est un actif rare, une valeur refuge qui ne se dilapide pas au gré des fluctuations. Comme un investisseur patient qui refuse la frénésie des marchés, le dirigeant qui se tait choisit de capitaliser sur l’essentiel : le temps long, la maîtrise et la solidité.

 

« Qui sait parler sait aussi se taire ; et ce silence pèse plus que tous les discours », affirmait Confucius.

 

 Le silence politique est l’équivalent d’un capital patient dans la sphère économique : une discipline qui ne cède ni à la volatilité, ni à l’illusion des gains immédiats. Jean-Hervé Lorenzi, fondateur du Cercle des Économistes, incarne cette posture intellectuelle et prospective. Ses travaux sur le vieillissement, la rareté du capital et la transformation des économies rappellent qu’un système solide ne se construit pas dans l’agitation mais dans la vision. Comme l’épargne longue, qui reste stable malgré des rendements modestes de 3 à 4 % par an, le silence d’un chef d’État accumule lentement une puissance invisible, mais décisive.

 

« Quand les temps sont durs, les durs survivent. » — Elie Wague, auteur et essayiste

 

L’époque actuelle confond abondance de mots et puissance de pensée, tout comme les marchés confondent souvent liquidité et valeur réelle. Le langage politique, devenu soliloque, se vide de sa fonction originelle : créer du commun. Hannah Arendt soulignait déjà que la parole devait être fondatrice de lien social. Or, ce vide discursif ressemble à une bulle financière : il gonfle artificiellement mais s’effondre dès qu’il n’est plus soutenu. Dans la finance, cela rappelle la crise de 2008 : près de 19 000 milliards de dollars de capitalisation mondiale effacés en quelques mois, mais aussi une opportunité pour ceux qui, dans le silence et la patience, ont su racheter des actifs à prix décotés.

 

Nietzsche écrivait : « Celui qui a un pourquoi peut endurer tous les comment. » Le silence est ce pourquoi : il est l’ancrage qui permet d’endurer les tempêtes médiatiques, de résister aux pressions du court terme. En finance, il s’apparente à la stratégie contrariante : ne pas céder à la panique, ne pas suivre le troupeau, mais maintenir le cap. Jean-Hervé Lorenzi l’a montré dans ses analyses sur la résilience économique : la clé n’est pas l’abondance de liquidités, mais la discipline et la structuration du capital. Warren Buffett, dans le même esprit, rappelait que « la Bourse est un instrument de transfert d’argent de l’impatient vers le patient ». Le silence devient une ligne de force, comme un portefeuille équilibré capable d’absorber les chocs.

 

« Le silence n’est jamais neutre : il est toujours une stratégie. » — Elie Wague, auteur et essayiste

 

Cette dimension souveraine du silence fait écho à la distinction entre spéculation et investissement. Parler sans cesse, c’est spéculer sur l’instant, chercher un gain de visibilité immédiat. Se taire, en revanche, c’est investir dans le temps long, accepter que la valeur se révèle lentement. Lorenzi a incarné cette logique dans ses réflexions : dans un monde où la démographie vieillit et où les taux d’intérêt structurent l’avenir, la véritable puissance se joue dans l’arbitrage patient, non dans l’excitation. Le silence, comme l’épargne retraite ou les fonds souverains, n’offre pas l’adrénaline des marchés pouvant fluctuer de ±20 % en quelques semaines, mais il construit des fondations durables.

Ainsi, le silence politique se rapproche de la philosophie des grands investisseurs et des grands économistes : il exige discipline, patience et une compréhension profonde du temps. Là où les marchés récompensent parfois la témérité, ils consacrent toujours, sur le long terme, la constance et la vision. Dans un monde saturé de discours comme de données financières, le silence est la véritable asymétrie d’information : il n’appartient qu’à ceux qui savent résister à la tentation de l’instant.

 

En définitive, le silence politique, tout comme les travaux de Jean-Hervé Lorenzi, révèle une vérité intemporelle : la puissance ne se mesure pas à l’agitation visible, mais à la capacité de durer, de bâtir et de résister. Le bruit appartient à ceux qui consomment ; le silence appartient à ceux qui possèdent. C’est certainement le refrain politique le plus tendance du moment.

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