Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse de marchés chez eToro
Après avoir démarré l’année sur les chapeaux de roues, le CAC 40 a commencé à marquer le pas il y a environ deux mois. Depuis son record historique du 21 avril dernier, il a perdu -5,6%.
De son côté, Wall Street a rattrapé son retard, si l’on prend son alter ego, le Dow Jones 30, il est flat (+0,01%) sur cette période de deux mois (21 avril-21 juin), ce qui montre une surperformance de quasiment 6% sur deux mois.
En comparant avec le Nasdaq 100, la divergence est encore plus importante, puisque l’indice des principales valeurs technologiques, est en progression de 13,1% sur la période. Cette surperformance du Nasdaq est imputable au boom des valeurs « IA » qui ont connu une trajectoire boursière exponentielle sur les deux derniers mois.
Pour comprendre la divergence entre le Cac et le Dow Jones, il faut s’intéresser aux plus grosses pondérations des deux indices. Les poids lourds du CAC 40 sont le luxe avec LVMH, L’Oréal et Hermès représentant plus de 30% de l’indice. Or ces valeurs, ont reculé respectivement de -9,1%, -8,9% et -7% depuis le 21 avril. Par ailleurs, le secteur pétrolier également bien représenté avec TotalEnergies, s’est replié de -10,2% dans le sillage des cours du pétrole.
A contrario, l’indice Dow Jones est pondéré en valeurs défensives à l’image de la santé à travers United Health (9,5% de l’indice), qui est resté en légère baisse durant la période. Le secteur bancaire est aussi bien représenté, avec Goldman Sachs et JP Morgan Chase, secteur qui s’est bien repris depuis les déboires du mois de mars. Enfin la tech, à travers Apple et Microsoft a aussi porté l’indice Dow Jones depuis deux mois.
Enfin un autre paramètre peut expliquer la récente surperformance de Wall Street, il s’agit des divergences entre les politiques monétaires des banques centrales. En effet, la Fed vient récemment de faire une pause dans son cycle de resserrement monétaire, tandis que la BCE a une nouvelle fois augmenter ses taux.
Toutefois cette divergence ne devrait surement pas durer car Jerome Powell vient récemment d’affirmer, que la FED avait encore “un long chemin à parcourir” pour ramener l’inflation à 2% et que « presque tous” les membres du comité s’attendaient à de nouvelles hausses de taux en 2023, de quoi peut-être refroidir les ardeurs d’une surperformance aux Etats-Unis.
En attendant, le prochain catalyseur devrait être les résultats d’entreprises pour le 2e trimestre, qui vont démarrer dans quelques semaines.