Par ALTARES
Pour ce T1 2024, on compte 17 000 défaillances d’entreprises, un niveau au plus haut depuis 10 ans, mais l’augmentation ralentit à +19,4 %.
Malgré une situation encore complexe pour les entreprises et l’emploi, on observe de premiers signaux faibles d’accalmie qui émergent dans certaines activités et dans plusieurs départements.
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17 088 procédures ouvertes au T1 2024, au plus haut depuis le T1 2015 (18 134).
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La barre des 60 000 défauts sur 12 mois franchie dès le mois de février.
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154 PME de plus de 50 salariés ont fait défaut ce trimestre, au plus haut depuis le T1 2013 (156).
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Les activités liées à l’immobilier toujours en très grandes difficultés.
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L’Ile-de-France, avec 4000 défauts en 3 mois (+30 %), enregistre le pire T1 depuis 20 ans.
Mais …
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L’augmentation du nombre de défauts (+ 19,4 %) est la plus faible depuis 2 ans.
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Les très jeunes entreprises résistent mieux (+5,9%).
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Plusieurs activités repassent dans le vert : commerces de bouche et activités sportives.
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Les défauts augmentent de moins de 10 % en Hauts de France et Nouvelle Aquitaine
Thierry Millon, directeur des études Altares : « Au terme de ce premier trimestre, le nombre des défaillances d’entreprises augmente encore et la barre symbolique des 60 000 défauts sur 12 mois a été franchie en février pour la première fois depuis l’été 2016. Mais une lente amélioration se dessine. A la faveur d’un mois de mars ‘mieux orienté’, l’augmentation des faillites reste sous la barre des 20 %. Dans 1 département sur 5, on observe une stabilisation voire une diminution des ouvertures de procédures. Ce qui ne doit pas laisser ignorer de très fortes disparités en région.
L’Ile de France, très sensible aux difficultés de l’immobilier, enregistre son pire T1 depuis 20 ans. La situation s’améliore pour les activités en lien avec le consommateur, ralentissant fortement la sinistralité chez les TPE. En revanche, les tensions restent très fortes pour les grosses PME (50 à 200 salariés) dont le nombre de défauts augmente de près de 60 %. La fragilité de ces employeurs fait peser une menace sur près de 59 000 emplois à terme. »
Le nombre de défaillances d’entreprises se rapproche des niveaux de début 2015
17 088 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er janvier et le 31 mars 2024, soit une hausse de 19,4 % par rapport à la même période de 2023. La France se rapproche ainsi de sa sinistralité de début 2015 à 18 134.
Avec 349 jugements enregistrés ce trimestre, le nombre de procédures de sauvegarde est en hausse de 13,7 %. Cet outil d’anticipation retombe à seulement 2 % de l’ensemble des procédures.
Les redressements judiciaires (RJ) sont en hausse rapide de 44,6 % pour 4743 jugements prononcés. Ce nombre est au plus haut depuis début 2016 (4 835). Les redressements représentent désormais plus d’un jugement sur quatre (27,8 %).
Les jugements en liquidation judiciaire (LJ) augmentent moins vite (+11,8 %). 11 996 liquidations directes ont été prononcées, un nombre qui se rapproche des 12 487 de début 2015.
La situation s’améliore pour les TPE mais reste tendue pour les PME
Les TPE constituent toujours l’essentiel des défauts (92 %). Ce trimestre, 15 600 TPE de moins de 10 salariés sont tombées en défaillance. Mais le rythme décélère : un peu moins de 19 % d’augmentation des défauts contre plus de 42 % au T1 2023.
En revanche, le bilan est plus contrasté pour les PME-ETI.
1444 sociétés d’au moins 10 salariés ont fait défaut au cours de ce premier trimestre 2024, en augmentation de 28 %. A noter que la dégradation était deux fois plus rapide un an plus tôt (+59 %).
Les défauts des PME de 50 à 200 salariés en hausse de près de 60 % par rapport au T1 2023
La situation est particulièrement tendue pour les plus grandes PME de plus de 50 salariés. 154 ont fait l’objet d’une procédure collective, un nombre au plus haut depuis plus de dix ans (156 en T1 2013). Le nombre d’ouvertures flambe de 58% chez les PME de 50 à 200 salariés.
En dépit de la fragilité des PME, le nombre d’emplois menacés par ces procédures retombe légèrement sous 59 000.
27 500 de ces emplois sont attachés à des structures ayant été liquidées.
Les plus jeunes entreprises résistent mieux, mais celles qui font défaut sont placées à 80 % en liquidation judiciaire directe
Les jeunes entreprises, créées à partir de 2022, démontrent une plus forte résistance que la moyenne. 1610 sont tombées en défaillance, soit ‘seulement’ 5,9 % de plus qu’au T1 2023. Ces structures, qui ne portent pas la charge d’une dette liée au Covid, subissent les effets d’une conjoncture défavorable. Dotées de moins de fonds propres que leurs aînées, elles sont cependant très majoritairement, à 80 %, placées en liquidation judiciaire directe.
Les structures âgées de 11 à 15 ans présentent elles aussi une évolution bien en-deçà de la moyenne (+13%).
De meilleurs signaux mais une trajectoire encore compliquée.
Thierry Millon conclut : « Comme le suggérait déjà notre précédente étude, le ralentissement
économique souffle sur des braises Covid encore fumantes et frappe les employeurs. Avec plus de 17000
défauts, sur les trois premiers mois 2024, la moyenne de la décennie pré-covid pour un premier trimestre
est dépassée (16700). Parmi eux plus de 1400 concernent des PME dont une sur dix emploie plus de 50
salariés. Des PME fragilisées par une dette désormais trop lourde dans une conjoncture trop faible.
Cependant, à l’instar de l’inflation, le rythme des défaillances semble lui-aussi vouloir ralentir à l’entame
du printemps. L’activité économique fait du sur-place, ne permettant pas encore un reflux des cessations
de paiement, mais les hausses exceptionnelles alignées depuis deux ans pourraient être enfin stoppées.
Janvier 2024 est retombé à son rythme de janvier 2022 sous les +20% contre +45% en moyenne
mensuelle entre ces deux dates. A la faveur d’une conjoncture qui redeviendrait progressivement un peu
plus accommodante, l’année 2024 s’achèverait sur un nombre de défaillances, sauvegardes comprises,
en hausse de 10% proche donc des 64 000 procédures, un nombre élevé mais pas un mur de faillites. »