lun. Juil 28th, 2025

26 juillet 2024, 19h30 : la cérémonie d’ouverture des Jeux de la XXXIIIème Olympiade de l’ère moderne débutait. Un an plus tard, que reste-t-il de Paris 2024 et de son esprit ? Un moment de légèreté ? Une concorde nationale retrouvée ? Un souffle joyeux dans un été marqué par les incertitudes politiques ? Un point de bascule pour la place du sport en France ? Ou tout cela à la fois ?

Pour le sport français, Paris 2024 restera inoubliable : 64 médailles olympiques, 75 médailles paralympiques ; des images iconiques de Léon Marchand à la Paris La Défense Arena, Sara Balzer et Manon Apithy-Brunet sous la verrière du Grand Palais ou Teddy Riner au Grand Palais éphémère ; et des records d’affluence avec plus de 12 millions de billets vendus [1]. Malgré les doutes qui avaient entouré l’événement, les Français ont répondu présents, dans les stades comme devant les écrans, où les audiences ont dépassé les 5 milliards de téléspectateurs dans le monde [2]. Mais au-delà de ce succès immédiat, quelle empreinte Paris 2024 laissera ?

C’est ce que nous vous proposons d’explorer dans cet Œil de SPORSORA, avec l’ambition de mettre en lumière, de la manière la plus exhaustive possible, l’extraordinaire réussite de cet événement à portée planétaire, d’en valoriser l’héritage indirect pour le sport français, mais aussi de rappeler les défis qui demeurent pour que le sport occupe, en France, toute la place qu’il mérite.

@FABRICE COFFRINI / AFP

Retour sur les réussites des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024

L’excellence sociale et environnementale

Les Jeux de Paris 2024 ont brillamment incarné l’excellence sociale et environnementale, en démontrant qu’un grand événement sportif pouvait être à la fois un levier économique, un moteur de transformation sociale et un modèle de sobriété écologique.

Sur le plan économique et social, les premières évaluations, notamment celle du cabinet EY sous l’égide du ministère des Sports et de France Stratégie, font état de 7,1 milliards d’euros de retombées économiques directes, indirectes et induites [3]. Ces résultats, portés par les effets combinés de l’organisation (3,6 Mds€), de la construction (2,3 Mds€) et du tourisme (1,3 Md€), dépassent les projections initiales et s’accompagnent d’un regain d’attractivité de la France, comme en témoigne la venue de 4 millions de touristes supplémentaires pendant les Jeux ainsi que les hausses continues de fréquentation touristique (+8 % d’arrivées internationales au premier trimestre 2025 [4] ).

@FRANCOIS-XAVIER MARIT / AFP

Mais Paris 2024 a également représenté un moment charnière dans le regard porté sur le parasport et le handicap. Pour la première fois, les Jeux ont été conçus comme un seul et même événement, les Jeux Olympiques comme un “match aller”, les Jeux Paralympiques comme un “match retour”. Le tout porté par un soutien institutionnel, médiatique et populaire sans distinction entre athlètes olympiques et paralympiques. Ce changement profond s’est également traduit par des gestes symboliques : le 14 septembre dernier, Emmanuel Macron a décoré aussi bien Léon Marchand, Teddy Riner et Félix Lebrun qu’Aurélie Aubert, médaillée d’or en boccia. Une première qui illustre une reconnaissance équitable de toutes les performances sportives, indépendamment du niveau d’exposition médiatique ou de l’audience télévisée.

 

Enfin, les Jeux de Paris ont posé un nouveau standard environnemental, en s’imposant comme les Jeux les plus sobres des vingt-cinq dernières annéesLe bilan carbone a été limité à 2,08 millions de tonnes de CO₂, soit moins de la moitié de celui des Jeux de Rio 2016 (4,5 millions). Cette performance s’explique par le recours aux infrastructures existantes, la limitation des constructions permanentes [5], mais aussi par le raccordement des sites olympiques au réseau général d’électricité, réalisé par Enedis, qui a permis de réduire de 80 % l’empreinte carbone liée à l’électricité par rapport aux éditions précédentes. Les équipements pérennes, comme le village olympique ou le Centre aquatique olympique, ont été construits selon les plus hauts standards environnementaux.

Néanmoins, Paris 2024 a aussi mis en lumière un défi majeur : les déplacements internationaux ont représenté 65 % des émissions, dont 52 % générés par seulement 9 % des visiteurs, principalement extra-européens. Une donnée qui relance le débat sur l’empreinte carbone du tourisme sportif, et pourrait à l’avenir nourrir de nouvelles pistes de réflexion sur la régulation des flux internationaux.

 

Un succès économique sans commune mesure et un héritage matériel

Paris 2024 s’est imposé comme un modèle de rigueur économique et d’héritage matériel. Alors que l’histoire des Jeux modernes est marquée par les dépassements budgétaires spectaculaires : un dépassement moyen de 167 % depuis 1968 [6] et des dérives allant jusqu’à +1 132 % pour Pékin 2008. Paris 2024 a déjoué les pronostics en maîtrisant son budget dans des proportions inédites. Si le budget total (COJOP + Solideo) a été révisé à un peu plus de 9 milliards d’euros contre 6,7 milliards prévus en 2017, soit un écart contenu de +44 %, il reste de loin le plus sobre de l’ère moderne. Surtout, 96 % du budget du COJOP ont été financés par des fonds privés [7]. Le comité d’organisation a même dégagé un bénéfice net de 75,7 millions d’euros, un résultat salué pour sa rareté dans l’histoire olympique.

 

75,7 millions d’euros : le boni ou bénéfice net dégagé par Paris 2024 :

Il provient d’un excédent de recettes par rapport aux dépenses, lié notamment à des revenus de billetterie, de sponsoring et d’hospitalité supérieurs aux prévisions, ainsi qu’à une gestion rigoureuse des contrats.

 

Cette somme est redistribuée conformément aux règles fixées dans le contrat de ville hôte :

  • 80 % de ce montant restera en France pour financer des projets d’héritage sportif. Parmi ces 80 %, 20 % reviendront directement au CNOSF pour financer des projets sportifs en France. La gestion de la somme restante est assurée par le Fonds de dotation Paris 2024, avec trois grandes priorités :
  • La célébration des Jeux, comme le financement du retour de la vasque olympique aux Tuileries pendant trois étés. A noter que le Fonds de dotation de Paris 2024 a consacré 6,36 millions d’euros au financement de 19 projets célébrant le premier anniversaire des Jeux, autour de trois événements majeurs : le Monument des champions, la Journée paralympique et la Fête nationale du sport [8];
  • Le développement de la pratique sportive et la promotion du sport ;
  • Le soutien aux athlètes olympiques et paralympiques après les Jeux.
  • 20 % restants du boni reviennent au Comité International Olympique.

@AUTISSIER JEAN BAPTISTE/L’Équipe

Enfin, Paris 2024 laisse derrière lui un héritage matériel profondément transformateurLa Seine-Saint-Denis, longtemps présentée comme un territoire en difficulté, bénéficie désormais d’équipements structurants : le Centre Aquatique Olympique, le PRISME, un réseau de transport modernisé et un nouveau quartier dynamique grâce à la reconversion du village olympique. Cet héritage se retrouve aussi à l’échelle métropolitaine avec par exemple la baignabilité de la Seine.

Vers une nouvelle ère pour le sport français

Un héritage immatériel et une envie renouvelée de voir du sport chez les Français

L’héritage prend place dans les souvenirs et les émotions partagés durant ces semaines où Paris est devenue une fête. Fidèle à cette image, la capitale s’est transformée, offrant un moment rare de concorde et de communion dans un contexte social et politique tendu. L’héritage immatériel incarne aussi une France victorieuse, portée par ses rôles modèles et, notamment, par de nombreux sportifs et sportives révélés lors des Jeux, telles qu’Alexis et Félix LebrunMarie PatouilletAurélie Aubert ou Cassandre Beaugrand. De nouvelles figures dont s’emparent les marques partenaires, à l’image de Ferrero, qui accompagne Aurélie Aubert [9].

@JULIEN DE ROSA / AFP

Si les Jeux ont battu tous les records mondiaux en matière d’audiences, réunissant près de 5 milliards de téléspectateurs [10], soit davantage que Pékin 2008 (4,7 milliards) et Londres 2012 (3,6 milliards). En France, 60 millions de personnes ont suivi les Jeux Olympiques et 50 millions les Jeux Paralympiques, avec un record historique pour Eurosport qui a attiré 27,4 millions de téléspectateurs [11]. Un succès total, à la fois populaire et mondial, qui se prolonge avec des records d’audience lors de grands événements sportifs, confirmant l’engouement des Français pour le sport : 11,52 millions de téléspectateurs pour la finale de la Ligue des champions (sur M6 et Canal+) [12], 5,5 millions pour la finale de Roland-Garros (sur France Télévisions) [13] et un pic à 6,1 millions de téléspectateurs pour le Tour de France, notamment lors de l’étape d’Hautacam [14].

 

Tout au long de l’année, cette envie de sport s’est traduite par des records d’affluence dans les enceintes sportives. La Ligue 1 McDonald’s continue d’écrire son histoire, attirant 8,55 millions de spectateurs cumulés sur les 34 journées de la saison 2024-2025 [15]. Du côté du rugby, le Top 14 a franchi un cap historique : pour la première fois, plus de 2,9 millions de spectateurs ont assisté aux matchs de la saison régulière, portant la moyenne à 16 114 spectateurs par rencontre [16]. Le basket n’est pas en reste, avec plus de deux millions de spectateurs dans les salles de Betclic ÉLITE et de Pro B au cours de la saison régulière (2 051 455 spectateur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *