sam. Avr 19th, 2025

Commentaire d’Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse de marchés chez eToro

Les semi-conducteurs sont devenus les nerfs de l’économie moderne. Invisibles mais omniprésents, ils alimentent nos smartphones, voitures, ordinateurs, et désormais nos usines, réseaux électriques et outils d’intelligence artificielle. Dans ce secteur en pleine effervescence, les tensions commerciales et les droits de douane redessinent les règles du jeu.

Un marché mondial sous pression

Depuis 2018, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a bouleversé le secteur : droits de douane sur les composants électroniques, interdiction d’exporter certaines technologies vers des groupes chinois comme Huawei. Incitations à relocaliser la production (CHIPS Act aux États-Unis, EU Chips Act en Europe).

Cela a engendré une fragmentation de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Là où le secteur misait sur l’ultra-mondialisation, il entre désormais dans une logique de souveraineté technologique. Les pays multiplient les subventions et les partenariats pour sécuriser leur accès aux puces.

STMicroelectronics au pied du mur

L’Union européenne dépend encore largement des fabricants asiatiques, notamment taïwanais et sud-coréens. Pour réduire cette dépendance, elle a lancé en 2022 l’EU Chips Act, doté de 43 milliards d’euros, avec pour objectif de doubler sa part de marché mondiale d’ici 2030.

Cette politique soutient des groupes comme STMicroelectronics, champion européen des semi-conducteurs spécialisés. Basé en Suisse mais d’ADN franco-italien, STMicroelectronics (STM) est un acteur clé dans les semi-conducteurs de puissance, capteurs, microcontrôleurs – des composants essentiels dans l’automobile, l’industriel et l’électronique embarquée. (Tesla fait partie de ses clients).

Contrairement aux géants comme TSMC ou Nvidia, STM n’est pas présent sur les puces ultra-avancées pour smartphones ou datacenters, ce qui lui a valu une sous-performance notoire en 2024 avec une chute de 46%.

Par ailleurs, le groupe franco-italien est en proie à des problèmes de gouvernance. Récemment, Rome a accentué sa pression pour obtenir le départ de son directeur général, Jean-Marc Chery, soupçonné d’avantager la France. Par ailleurs, le climat s’est dégradé suite aux accusations du ministre italien de l’Economie, Giancarlo Giorgetti, envers la direction du groupe. Il leur reproche d’avoir vendu des actions la veille de la publication de résultats décevants en janvier.

Les difficultés rencontrées par STMicro ne concernent pas uniquement sa gouvernance. Le groupe fait face à une période compliquée sur ses principaux marchés, l’automobile et l’industrie, tout comme ses concurrents européens.

Pour terminer, l’imposition de droits de douane de 25 % sur les importations de semi-conducteurs par l’administration Trump pourrait affecter indirectement  STMicroelectronics. Bien que l’entreprise ne soit pas directement ciblée, les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales et les tensions commerciales accrues pourraient avoir des répercussions sur ses opérations et ses relations commerciales internationales.

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