lun. Juil 7th, 2025

Alors que s’achève le premier semestre 2025, il est temps d’en faire le bilan : malgré les chocs commerciaux et géopolitiques, les marchés d’actions ont fait preuve d’une résilience remarquable, retrouvant les niveaux qui prévalaient avant ces épisodes de tension. Les bonnes nouvelles sont rapidement intégrées par les investisseurs (apaisement au Moyen-Orient, avancées sur les accords commerciaux, plans de soutien budgétaire…), quand bien même l’horizon reste toujours parsemé d’incertitudes. Cet optimisme transparaît dans les performances : les valeurs européennes se distinguent particulièrement avec +9,43% pour le Stoxx Europe 600, surpassant son homologue américain, le S&P 500, qui progresse de +6,20% avant d’afficher -6,57% une fois converti en euros.

Le segment obligataire connaît un net retour à l’équilibre avec des rendements souverains américains à 10 ans stabilisés autour de 4,20% – 4,40%, effaçant partiellement les soubresauts des
« Trump trades » de fin 2024. En Zone euro, le 10 ans allemand a joué son rôle de valeur refuge lors des pics de stress, inversant la hausse des taux observée en mars 2025 sous l’effet des plans de dépenses. Du côté de la dette d’entreprise, les spreads restent contenus (l’iTraxx Crossover clôturant sous les 300 points de base), les tensions s’étant rapidement estompées grâce à des fondamentaux solides et à des flux de capitaux constants.

Les incertitudes restent élevées, mais les marchés s’acclimatent au mode opératoire de Trump qu’ils préfèrent pour son activisme malgré le choc de gouvernance. Et maintenant ? De nombreux compteurs tournent pour cet été, le champ des possibles nous semble plus favorable à une reprise du risque (cf. visuel du mois).

La validation du budget américain par le Sénat le 1er juillet puis par la Chambre des représentants le 3 juillet devrait écarter le spectre d’un « shutdown » des institutions fédérales et pérenniser les baisses d’impôts de 2017 au profit des ménages et des entreprises. La date symbolique du 4 juillet, suggérée par Donald Trump pour l’adoption du texte, paraît désormais à portée de main. Autre échéance majeure : le 9 juillet marque la fin de la trêve de 90 jours sur les droits de douane réciproques. Rappelons qu’à la suite du « Jour de la Libération », l’administration Trump avait relevé ces taux à près de 25%, un pic historique en près d’un siècle. Cette suspension a permis de réduire temporairement le taux moyen à près de 12%.

Pour l’heure, seuls le Royaume-Uni et le Vietnam ont conclu des « deals » tarifaires avec l’administration Trump. La Chine et les États-Unis affirment également avoir finalisé un accord commercial… sans en dévoiler les modalités. L’Union européenne et l’Inde se disent prêtes à accepter un niveau de 10% tout en négociant des concessions sectorielles (acier, aluminium, automobile, produits agricoles…). Reste toutefois quelques frictions : le Japon doit répondre aux critiques de Donald Trump concernant « ses faibles importations de riz américain » tandis qu’un bras de fer se profile avec le Canada autour des services numériques.

Enfin, plusieurs statistiques majeures (croissance du deuxième trimestre, inflation, etc.) seront publiées au cours de l’été. Elles permettront de mesurer l’impact de la guerre commerciale sur les économies et offriront aux banques centrales (Fed et BCE) une meilleure visibilité pour ajuster leur politique monétaire.

De ces échéances découlent plusieurs scénarios. Notre scénario privilégié reste l’adoption du budget tel que voté, qui renforcera le soutien à la consommation (mais creusera le déficit), tout en accordant aux partenaires commerciaux des États-Unis un délai supplémentaire pour conclure leurs compromis au cours de l’été. Dans ce contexte, le S&P 500 apparaît en pole position pour la seconde mi-temps de 2025, porté par un solide paquet de catalyseurs à venir. D’une part, la Fed devrait reprendre la baisse de ses taux d’ici septembre, tandis que le cycle monétaire touche à sa fin en zone euro. D’autre part, la dynamique bénéficiaire s’est stabilisée aux États-Unis (+7% pour 2025) alors qu’elle se détériore en Europe (-3%). Enfin, la levée progressive de la méfiance vis-à-vis des actifs US (notamment grâce aux accords commerciaux attendus cet été) devrait renforcer l’attrait pour les valeurs américaines.

L’effet de change pourrait également profiter à l’investisseur européen : à 1,18 l’euro contre le dollar nous sommes exactement au point moyen des 40 dernières années. Nous assistons ainsi à un retour vers la moyenne, sans pour autant remettre en cause la suprématie du billet vert dans les échanges. À ce jour, aucune devise ne paraît en mesure de rivaliser sérieusement avec le dollar.

En matière de taux, les instruments souverains européens constituent, à notre avis, une protection fiable, quelle que soit la tournure des événements. Pour le crédit, nous privilégions les titres « Investment Grade », toujours portés par des fondamentaux robustes.

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