Mais Paris 2024 a également représenté un moment charnière dans le regard porté sur le parasport et le handicap. Pour la première fois, les Jeux ont été conçus comme un seul et même événement, les Jeux Olympiques comme un “match aller”, les Jeux Paralympiques comme un “match retour”. Le tout porté par un soutien institutionnel, médiatique et populaire sans distinction entre athlètes olympiques et paralympiques. Ce changement profond s’est également traduit par des gestes symboliques : le 14 septembre dernier, Emmanuel Macron a décoré aussi bien Léon Marchand, Teddy Riner et Félix Lebrun qu’Aurélie Aubert, médaillée d’or en boccia. Une première qui illustre une reconnaissance équitable de toutes les performances sportives, indépendamment du niveau d’exposition médiatique ou de l’audience télévisée.
Enfin, les Jeux de Paris ont posé un nouveau standard environnemental, en s’imposant comme les Jeux les plus sobres des vingt-cinq dernières années. Le bilan carbone a été limité à 2,08 millions de tonnes de CO₂, soit moins de la moitié de celui des Jeux de Rio 2016 (4,5 millions). Cette performance s’explique par le recours aux infrastructures existantes, la limitation des constructions permanentes [5], mais aussi par le raccordement des sites olympiques au réseau général d’électricité, réalisé par Enedis, qui a permis de réduire de 80 % l’empreinte carbone liée à l’électricité par rapport aux éditions précédentes. Les équipements pérennes, comme le village olympique ou le Centre aquatique olympique, ont été construits selon les plus hauts standards environnementaux.
Néanmoins, Paris 2024 a aussi mis en lumière un défi majeur : les déplacements internationaux ont représenté 65 % des émissions, dont 52 % générés par seulement 9 % des visiteurs, principalement extra-européens. Une donnée qui relance le débat sur l’empreinte carbone du tourisme sportif, et pourrait à l’avenir nourrir de nouvelles pistes de réflexion sur la régulation des flux internationaux.
Un succès économique sans commune mesure et un héritage matériel
Paris 2024 s’est imposé comme un modèle de rigueur économique et d’héritage matériel. Alors que l’histoire des Jeux modernes est marquée par les dépassements budgétaires spectaculaires : un dépassement moyen de 167 % depuis 1968 [6] et des dérives allant jusqu’à +1 132 % pour Pékin 2008. Paris 2024 a déjoué les pronostics en maîtrisant son budget dans des proportions inédites. Si le budget total (COJOP + Solideo) a été révisé à un peu plus de 9 milliards d’euros contre 6,7 milliards prévus en 2017, soit un écart contenu de +44 %, il reste de loin le plus sobre de l’ère moderne. Surtout, 96 % du budget du COJOP ont été financés par des fonds privés [7]. Le comité d’organisation a même dégagé un bénéfice net de 75,7 millions d’euros, un résultat salué pour sa rareté dans l’histoire olympique.
75,7 millions d’euros : le boni ou bénéfice net dégagé par Paris 2024 :
Il provient d’un excédent de recettes par rapport aux dépenses, lié notamment à des revenus de billetterie, de sponsoring et d’hospitalité supérieurs aux prévisions, ainsi qu’à une gestion rigoureuse des contrats.
Cette somme est redistribuée conformément aux règles fixées dans le contrat de ville hôte :
- 80 % de ce montant restera en France pour financer des projets d’héritage sportif. Parmi ces 80 %, 20 % reviendront directement au CNOSF pour financer des projets sportifs en France. La gestion de la somme restante est assurée par le Fonds de dotation Paris 2024, avec trois grandes priorités :
- La célébration des Jeux, comme le financement du retour de la vasque olympique aux Tuileries pendant trois étés. A noter que le Fonds de dotation de Paris 2024 a consacré 6,36 millions d’euros au financement de 19 projets célébrant le premier anniversaire des Jeux, autour de trois événements majeurs : le Monument des champions, la Journée paralympique et la Fête nationale du sport [8];
- Le développement de la pratique sportive et la promotion du sport ;
- Le soutien aux athlètes olympiques et paralympiques après les Jeux.
- 20 % restants du boni reviennent au Comité International Olympique.