Le marché obligataire connaît un début d’année tumultueux, avec une forte hausse des taux d’intérêts à travers le monde. Aux États-Unis, le taux à 10 ans a atteint 4,8 %, son plus haut depuis avril 2024, tandis que le 30 ans a frôlé les 5 %. En France, le taux à 10 ans s’est rapproché de son niveau de juillet 2023 à 3,48% et au Royaume-Uni, le 30 ans a grimpé à 5,35 %, un niveau inédit depuis 1998.
Ces remontées de taux sont d’autant plus surprenantes, que la trajectoire des politiques monétaires se situe en phase de desserrement, les différentes banques centrales ayant entamé un cycle de baisse. Certains éléments peuvent toutefois expliquer ces remontées.
Aux États-Unis tout d’abord, l’économie est très résiliente, des indicateurs positifs, comme l’indice ISM des services ou les créations d’emplois qui sont à leur plus haut depuis un an, alimentent les craintes d’une politique monétaire moins accommodante. Les opérateurs de marché ont aussi pris en compte les plans annoncés par Trump : un programme protectionniste et les baisses d’impôts pourraient raviver l’inflation, limitant les baisses de taux prévues par la Fed.
La situation française devient également préoccupante, avec un niveau de taux qui alourdit le coût du financement public. La première émission d’OAT de l’année a été coûteuse (3,40 %), alors que le gouvernement prévoyait un allègement des charges grâce à une baisse des taux de la BCE. L’écart avec les Bunds allemands s’est creusé, atteignant 85 points de base, un niveau comparable à celui de la crise de la zone euro en 2011.
La reprise des débats à l’Assemblée nationale et les interrogations autour d’une censure du gouvernement Bayrou avant ou lors des débats budgétaires ont fait monter d’un cran la nervosité des investisseurs.
Ces remontées de taux sont le signe d’une certaine inquiétude face à l’avenir, les investisseurs souhaitent être mieux rémunérés pour faire face à des risques jugés plus importants. Une nervosité aussi liée à un climat géopolitique très incertain, que ce soit en Ukraine ou au Moyen-Orient.
Rapport sur les ventes au détail : entre inquiétudes des investisseurs et espoirs pour l’économie
Bret Kenwell, analyste des marchés américains pour eToro
Les investisseurs sont nerveux dans un contexte de volatilité élevée et alors que le S&P 500 est en train de subir un repli de 5 à 10 %. Le rebond de Wall Street mercredi montre à quel point les investisseurs sont inquiets, notamment en ce qui concerne les baisses de taux et l’inflation. En effet, les investisseurs ont paniqué à la suite du solide rapport sur l’emploi de la semaine dernière, et ce malgré le fait que les actions ont tendance à bien se comporter dans un environnement où l’inflation est modérée.
En fin de compte, nous voulons un marché de l’emploi et des ventes au détail solides. Cela nous indique que le consommateur est en bonne santé et confiant, deux observations importantes pour une économie dont les dépenses de consommation représentent environ les deux tiers du PIB. Combiné à un sentiment négatif écrasant, le dernier chiffre des ventes au détail, « bon mais pas excellent », pourrait suffire à Wall Street à l’heure actuelle et à maintenir intact le rallye de mercredi.