mer. Déc 18th, 2024

Par Walter France

Lors d’une conférence au Château La Chèze à Bordeaux, organisée par Walter France et son membre en Nouvelle Aquitaine Fimeco Walter France, en partenariat avec la DFCG, deux experts ont expliqué en quoi les relations entre la Chine et l’Europe d’une part, les évolutions du climat d’autre part, pouvaient constituer, à terme, respectivement des opportunités de business et de disruption. La conférence était animée par Pascal Ferron, vice-président de Walter France et directeur général de Fimeco Walter France.

En 1900, l’Europe représentait 40 % du PIB mondial. A l’horizon 2030-2050, c’est le bloc Chine et Inde qui devrait représenter 39 % du PIB mondial, alors que l’Europe ne devrait plus être qu’à 12 %. Quant à la population mondiale, en 1900, elle comptait 1,6 milliard d’individus ; à l’horizon 2030-2050, elle atteindrait 9,8 milliards d’individus. Le PIB par habitant a été multiplié par 4 en 20 ans en Asie du sud. Les rapports de force mondiaux se modifient, pendant que les enjeux liés au changement climatique impactent la planète entière. Au-delà des risques identifiés, cette conférence a permis aussi de rester sous un angle optimiste.

 

Les tensions économiques entre la Chine et les Etats-Unis : des opportunités pour la France

 

Une guerre commerciale Chine – USA où personne n’est gagnant

Donald Trump a été élu sur un programme protectionniste. Faisant le constat que les Etats-Unis ont une balance commerciale déficitaire avec la Chine, il a augmenté les tarifs douaniers afin de rendre les produits chinois plus chers à l’importation. La Chine a répondu par l’augmentation de ses tarifs douaniers sur les céréales, puis sur une longue liste d’autres produits. Fin 2018, une désescalade s’amorçait avant que les Etats-Unis se soucient de la propriété intellectuelle, en accusant la Chine de voler des brevets. Récemment, le point d’orgue a été atteint quand les Etats-Unis ont interdit à Huawei d’importer ses équipements de réseaux aux Etats-Unis, soi-disant par crainte d’espionnage.

Pour Julien Chandet, fondateur de Chen Di Partners, la Chine avait un autre moyen de pression : elle a eu très longtemps la mainmise sur sa monnaie. Elle a pu en fixer sa valeur par rapport aux monnaies étrangères. Ainsi, elle pourrait mettre en œuvre des politiques pour affaiblir le Yuan par rapport au dollar, compensant ainsi la hausse des tarifs douaniers américains. Bien que le Yuan soit une monnaie flottante, elle reste néanmoins sous contrôle de change du gouvernement chinois ; une tactique de dévaluation pourrait être intéressante à court terme, mais elle affaiblirait certainement la valeur des actifs chinois et aussi la place du Yuan dans les échanges internationaux à moyen terme. L’Etat chinois prendrait donc certainement beaucoup de précautions avant d’appliquer une telle tactique dans la confrontation actuelle.

Dans cet affrontement, Donald Trump pratique la politique du « brinkmanship » (que l’on pourrait traduire par « bras de fer » et « politique de la corde raide »), qui consiste à pousser ses pions au maximum pour tenter de faire plier la puissance émergente. Les Chinois, sans doute forts de leur expérience millénaire, répondent mais sans surenchère. La sagesse orientale ?

Personne n’est gagnant, car lorsqu’il augmente les tarifs douaniers, Donald Trump augmente par la même occasion les prix de revient des sociétés américaines qui se fournissent en Chine.

 

Les relations Chine-USA ne sont globalement pas conflictuelles

Le développement de la Chine est exponentiel. En 2001, elle devient officiellement membre de l’OMC. Et c’est à partir de 2009 qu’elle s’est transformée d’un pays qui produit en un pays qui consomme. En 2014, la Chine est devenue la première puissance mondiale selon le PIB en parité pouvoir d’achat. Elle pèse 13,5 mille milliards de dollars, soit 66 % de l’économie américaine en 2018 (en PIB nominal), et cette même année, la Chine est entrée, pour la première fois, dans le classement des top 20 pays les plus innovateurs. L’objectif des Etats-Unis est de brider l’expansion de ce « challenger », toutefois une sortie de crise à court terme peut être envisagée, compte tenu des imbrications financières (le tiers des réserves chinoises en devises est constitué de bons du Trésor américain), commerciales et technologiques entre les deux pays.

 

Une opportunité pour l’Europe et la France

Clairement, les tensions entre la Chine et les Etats-Unis peuvent ouvrir de fantastiques opportunités pour l’Europe, et donc pour la France. En effet, les relations commerciales et économiques entre la Chine et l’Europe sont déjà extrêmement intégrées. Les cinq domaines où la synergie et l’intégration économique sont prédominantes sont les suivants :

– la Chine exporte ; l’Union européenne importe.

– la Chine épargne ; l’Union européenne emprunte.

– la Chine produit ; l’Union européenne avance en s’appuyant sur son secteur tertiaire.

– la Chine a un marché domestique important ; l’Union européenne est plus avancée technologiquement.

– la Chine est le premier pays détenteur des dettes américaines ; l’Union européenne a le plus important déficit des comptes courants envers la Chine.

Bien que cette guerre commerciale soit destructive pour la croissance économique mondiale et pour le commerce international à moyen terme, elle pourrait néanmoins faire bénéficier certains pays à court terme. Selon l’étude publiée par la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) en février 2019, cette guerre pourrait générer jusqu’à 70 milliards de dollars d’opportunités d’affaires pour l’Union européenne.

 

La France, déjà partenaire privilégié de la Chine dans de nombreux secteurs, tels que le luxe, les spiritueux, le vin, etc., pourrait voir ses parts de marché grossir de manière pérenne. L’exemple de la Nouvelle Aquitaine illustre parfaitement ces opportunités : le secteur vinicole en Chine connaissant une ascension fulgurante, cette région où se déroulait la conférence devrait profiter de cette guerre commerciale pour asseoir un peu plus sa place de leader sur les exportations de vins.

 

Changement climatique : dans l’attente d’une disruption énergétique

 

Le réchauffement climatique est bel et bien réel

Selon le dernier rapport établi par le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes, les phénomènes météorologiques extrêmes observés ces dernières années sont rendus plus importants et plus fréquents en raison du réchauffement de la planète. Les épisodes de climat extrême ont augmenté de 251 % en 20 ans, pour un coût d’environ 3000 milliards de dollars. Et les 20 années les plus chaudes se situent toutes… dans les 22 dernières années ! Pour Julien Moussavi, responsable de la Recherche économique chez Beyond Ratings, il ne fait aucun doute que ces épisodes vont se répéter et s’intensifier. Et tous les pays ne sont pas égaux face à ces événements : les conséquences économiques sont plus importantes pour les pays en développement qui disposent de faibles revenus. Et les problèmes d’accès à l’eau, qui existent déjà comme on l’a vu récemment au nord de l’Inde, vont s’intensifier.

 

L’objectif : zéro-émission de gaz à effet de serre en 2100

En 2015, 192 pays ont signé les accords de Paris suite à la COP 21, ce qui fait de ce texte le plus largement et le plus rapidement signé de l’histoire de l’humanité. Même si les Etats-Unis se sont par la suite retirés, ce texte marque une prise de conscience mondiale. La planète émet à ce jour 50 gigatonnes de gaz à effet de serre. L’objectif est d’arriver à 0 (en net) en 2100. Quand on sait que l’un des objectifs intermédiaires est de baisser à 30 gigatonnes en 2030, soit dans 10 ans, on mesure l’étendue des efforts nécessaires.

 

Des opportunités infinies liées aux disruptions nécessaires

La transition vers une économie mondiale décarbonée devrait se faire progressivement mais des changements de rupture sont à prévoir. Les modes de production, de transport et de consommation devront se modifier drastiquement ; les politiques de croissance et de développement devront trouver d’autres voies. Dans le domaine financier, le « verdissement » des indices de performance, qui s’est amorcé, devra prendre de l’ampleur pour encourager les investissements dans les énergies vertes.

Plusieurs types de scénarii peuvent se produire après des chocs climatiques répétés dont le plus pessimiste est la disparition de la race humaine, et le plus optimiste, celui en lequel il faut croire, l’apparition de technologies de rupture, qui n’existent pas encore, et qui auront certainement lieu dans le domaine des énergies.

 

Pour Pascal Ferron : « En tant qu’entrepreneurs, nous n’avons pas d’autre choix que d’être farouchement optimistes, de « disrupter » et d’anticiper tout cela afin de mieux saisir les opportunités. Les entrepreneurs français, et de Nouvelle Aquitaine où nous nous trouvons, peuvent encore mieux développer leurs relations commerciales avec la Chine sur tous les aspects qui font leur force aujourd’hui. Pour demain, il faut clairement cocher les cases « Eau et Energie », les seules voies majeures qui sauveront la planète et l’humanité !  En attendant, « verdissons » tout ce qui peut l’être. Et bon courage ! »

 

* Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion

 

Walter France:

– un réseau fédéraliste de 75 bureaux en France, y compris les départements d’Outre-Mer (Guadeloupe et Réunion)

– date de création : 1974

– 100 associés et 970 collaborateurs

– un siège basé à Paris avec une équipe de permanents

– chiffre d’affaires : 102 millions d’euros

 

Walter France est membre d’Allinial Global International

– 183 cabinets

– 540 bureaux

– 66 pays

– 22400 collaborateurs et associés

– chiffre d’affaires : 3,024 milliards de dollars US

 

 

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